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Journée nationale OZP 2011
Sylvain Broccolichi
IUFM du Nord, CNRS Paris-Dauphine
Condorcet a souligné cette lacune de l’abolition des privilèges durant la révolution française : le manque d’instruction condamne le plus grand nombre (des citoyens) à « dépendre aveuglément de ceux à qui il est obligé de confier le soin de ses affaires ou l’exercice de ses droits ». Mieux assurer l’accès de tous aux savoirs émancipateurs constituait déjà à l’époque une condition-clé pour « rendre réelle l’égalité reconnue par la loi » et favoriser le bon fonctionnement de la démocratie.
L’essor des emplois exigeant une certification scolaire a cependant rendu encore moins acceptable les très inégales chances d’obtention de diplôme selon l’origine sociale ; et la loi sur l’éducation de 1989 a d’ailleurs reconnu l’importance d’un droit d’accès aux savoirs, à la culture et à une formation professionnelle qualifiante. Ce droit n’est pourtant pas respecté en France, où les taux d’illettrisme et d’inégalités scolaires s’avèrent actuellement bien supérieurs à ceux de la plupart des pays développés. Il paraît donc socialement utile d’éclairer les conditions d’évolution de ces inégalités hors du commun.
Divers travaux éclairent la façon dont les acquis des élèves et les fréquences d’échecs varient dans le temps et dans l’espace (selon les lieux de scolarisation). Comprendre les processus en jeu implique de repérer des différenciations à l’échelle des établissements et des classes. Mais il faut examiner aussi ce qui en résulte plus globalement sur différents territoires (départementaux, académiques, et nationaux) pour les élèves issus des différents groupes sociaux : car ces résultats globaux renseignent sur les effets des politiques nationales et territoriales au-delà des variations micro-locales. On désamorce ainsi le piège d’actions vitrines portant sur de minuscules fractions d’élèves et risquant de faire oublier le sort réservé à tous les autres.
Dans cette optique, je résume les grandes tendances repérables au niveau national avant d’affiner l’analyse des réalités scolaires sur des périmètres plus limités. La majeure partie de cette analyse a été élaborée dans le cadre d’une longue recherche collective sur les inégalités socio-spatiales d’éducation en France : entreprise en 2002, elle a conduit à la publication du livre Ecole : les pièges de la concurrence en 2010.
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Le Café pédagogique du 24.05.11 a fait une importante relation de cette intervention.
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