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Un observatoire de la non scolarisation d’enfants étrangers non scolarisés en Guyane

19 mai 2005

Extrait « Plein Droit » n° 64, avril 2005 : enfants à la rue en Guyane

Collectif pour la scolarisation des enfants de Guyane

Dans le département de la Guyane soumis à une pression démographique et migratoire très forte et où 44 % de la population a moins de vingt ans, le problème de la scolarisation est devenu une question majeure. Du fait d’un nombre très insuffisant de constructions scolaires, des multiples difficultés d’ordre administratif - qui sont davantage des pratiques illégales systématiques que des dysfonctionnements - et à d’énormes carences au niveau des équipements, des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés
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Selon les éléments fournis par le rectorat, plus de 500 enfants étrangers de plus de douze ans seraient inscrits chaque année mais le chiffre de ceux qui rejoignent effectivement un collège n’est pas connu. Inconnu aussi le chiffre de ceux qui ne sont pas inscrits du tout. En 2002, le rectorat a reconnu n’avoir pu scolariser 150 enfants étrangers de quinze ans. Trois ans après, ces jeunes sont toujours présents, sans aucune formation. Les associations d’insertion en repèrent entre 60 et 80 par an. Quant aux enfants de trois à douze ans, les mairies ont communiqué, pour la première fois cette année, le chiffre officiel de ceux qui sont inscrits mais n’ont pas trouvé de place : environ 900 enfants sur l’ensemble du territoire sont sur liste d’attente dans les grandes villes du littoral de la Guyane. Là encore, le nombre de ceux qui n’ont pas été inscrits est inconnu mais il est estimé à plusieurs milliers par le rectorat.
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Le 13 janvier dernier, le recteur a mis en place l’observatoire sur la non-scolarisation promis par le ministre délégué à l’enseignement scolaire, M. Darcos, lors de sa visite en décembre 2003. Cet observatoire regroupe tous les partenaires concernés : rectorat, mairies, préfecture, conseil général et conseil régional, services sociaux, syndicats et associations. Le travail reste à faire, mais la volonté de tout mettre en œuvre pour en finir avec une situation de non-droit est engagée et l’objectif de scolariser tous les enfants doit être atteint au plus tôt. Le collectif sera membre du bureau de l’observatoire au titre de la société civile.

Ces initiatives méritent d’être saluées mais ne doivent pas faire oublier que des enfants déjà « recensés » depuis des mois ne vont toujours pas à l’école ; que les dossiers d’inscription des mairies pour la rentrée 2005 contiennent toujours des demandes illégales ; qu’un meilleur accueil des familles promis depuis un an n’est toujours pas mis en place et que des pratiques discriminatoires ont toujours lieu dans les mairies ; que des suppressions de classes sont à l’ordre du jour (dix classes d’accueil sur trente ont été supprimées sans que les établissements aient prévu le moindre dispositif censé les remplacer) ; que la création de quarante-cinq postes supplémentaires prévue pour la rentrée 2005 par le ministère pour le primaire ne permettra même pas d’accueillir les 3 % d’enfants supplémentaires qui se présentent chaque année. Comment dans ces conditions rattraper le retard, éponger les listes d’attente et scolariser tous ceux qui, actuellement, ne vont pas à l’école ?

Nicole Launey et Françoise Millot

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