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Les difficultés dans la ZEP des Tarterêts de Corbeil (Essonne)

20 mai 2005

Extrait de « Libération » du 20.05.05 : le collège des Tarterêts lassé des ritournelles du ministère
Dans cette cité difficile, les enseignants, motivés, demandent plus de moyens.

Ce sont des enseignants à peine trentenaires qui ne comprennent rien au discours de l’Education nationale. D’un côté il y a la réalité qu’ils vivent sur leur lieu de travail, le collège Léopold-Sédar-Senghor de Corbeil (Essonne), planté au coeur de la cité des Tarterêts. De l’autre, les ritournelles de l’Institution. Soit par exemple, le « mieux-vivre au collège », formule brandie comme un extincteur à chaque nouvel incident. « Il y a souvent des bagarres au collège, explique Céline Le Roc’h, professeure de lettres. Nos cours sont régulièrement perturbés par des élèves qui passent dans le couloir et défoncent la porte de la salle de classe... Pour nous, le "mieux-vivre au collège", cela passe par des moyens humains supplémentaires pour encadrer les élèves. Pas par des formules. »

Le collège des Tarterêts pourrait servir de cas d’école à la politique de François Fillon. « Le ministre assure qu’il s’intéresse aux élèves les plus en difficulté, qu’il compte rétablir l’égalité des chances. Allons-y ! » Ici, 87 % des élèves sont en très grande difficulté, relatent ces enseignants. Certains en situation de prédélinquance. Un quart seulement des 650 élèves ira en lycée général. Le collège se classe en queue des résultats au brevet. Et empile les étiquettes peu flatteuses (ZEP, zone sensible, prévention violence...). Et pourtant, ici comme ailleurs, le nombre d’heures allouées aux enseignements diminue (déjà moins 103 heures à la rentrée 2004. Et encore moins 50 heures pour la rentrée 2005). « Concrètement, cela signifie qu’on ne peut pas travailler en demi-groupe », souligne un professeur d’histoire-géographie. L’inspecteur d’académie conteste : la dotation horaire globale (DHG) des Tarterêts reste « la plus élevée du département ». Mais, rétorquent les enseignants, « il faut comprendre que dans nos quartiers, vu le degré de difficulté des élèves, le seul moyen de les aider, c’est de travailler par petits groupes. Ce n’est pas une question de confort personnel, c’est une nécessité ».
(...)

Pas de terrain de sport. Paul-Edouard Schmitt, le professeur d’éducation physique et sportive (EPS) s’époumone depuis qu’il a pris son poste ici, il y a trois ans. Pas de terrain de sport. « Un enseignant sans salle de classe, c’est normal ? » Un temps, il a utilisé un terrain municipal, dans la cité. Mais le nouveau tracé de la Francilienne le grignote. Depuis peu, on lui alloue une subvention pour emmener les élèves en autocar vers un terrain situé à 25 minutes du collège. « Le quartier des Tarterêts est un enjeu politique, Sarkozy l’avait classé parmi les 24 quartiers les plus difficiles, rappelle-t-il. En contrepartie, on a eu des rondes de police pendant quelque temps, puis plus rien, le vide. On préfère payer des surcoûts de transport plutôt que de financer des équipements. »
(...)

Marie-Joëlle Gros

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