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Participants
Emmanuel Mejias, principal du collège Boris Vian
Jacqueline Fayet, principale du collège RRS Gérard Philipe
Thomas Hubert, principal adjoint du collège Gérard Philipe
Fabienne Morand-Morel, principale du collège Colette
Victor Irrmann, principal adjoint du collège RRS Colette
Patrick Mirdjanian, Inspecteur de l’Education Nationale de la circonscription de Saint-Priest
Stéphane Kus, coordonnateur des Réseaux de Réussite Scolaire de Saint-Priest
– Les devoirs à la maison, une tradition qui pose problème
● Du point de vue de l’égalité des chances :
“On n’insistera jamais assez sur le fait que tout renvoi systématique du travail scolaire à la maison est, en réalité, un renvoi aux inégalités”, P. Meirieu
Une recherche de l’INRP, en 1992 (F. Guiguet, L. Jaillardon sous la direction de Ph. Meirieu), montre que le renvoi du travail personnel à la maison pénalise massivement les élèves des catégories socio- professionnelles défavorisées, alors que ces mêmes élèves obtiennent des résultats proches de ceux de leurs camarades quand le travail est fait en classe.
● Du point de vue social et familial :
La réalisation des devoirs diminue le temps de loisirs, le temps de repos, pèse sur les vacances, et cela d’autant plus que les élèves sont en difficulté.
Les devoirs sont assez souvent l’objet de préoccupations, voir de conflits dans les familles, alors qu’ils sont secondaires par rapport aux temps de classe en ce qui concerne l’apprentissage des élèves. Ils mettent en difficulté les structures d’éducation populaire dont les objectifs d’accompagnement à la scolarité ne se réduisent pas à l’aide aux devoirs mais sont aussi de donner aux enfants et aux jeunes une ouverture culturelle : les familles populaires souvent en difficultés pour aider leurs enfants dans les devoirs leur demande en priorité que les devoirs soient fait sans réaliser forcément que l’enrichissement culturel est aussi essentiel à la réussite scolaire.
Ils induisent un rapport de jugement et de culpabilisation entre les élèves, les enseignants et les parents : (pour beaucoup de parents, un bon enseignant donne beaucoup de devoirs, pour beaucoup d’enseignants, un élève qui ne travaille pas à la maison a des parents défaillants, et l’élève qui ne réussit pas se voit reprocher son « manque de travail »).
●Du point de vue pédagogique :
La pratique des devoirs met davantage en avant des modèles naïfs de la réussite (l’effort, le travail), sans s’arrêter sur les conditions et les processus d’acquisition des connaissances. Les devoirs donnés sont au mieux des applications des leçons faites en classe, mais ils peuvent être aussi disparates, mal centrés sur les notions importantes. Le plus souvent, l’élève a besoin de la relance d’un adulte avisé. Outre les inégalités des aides, on constate des interventions trop appuyées (c’est l’adulte qui fait l’essentiel du devoir, lequel perd alors tout intérêt) ou des oppositions de méthode entre les parents et les enseignants (les opérations, la lecture au CP…). La correction des devoirs en classe pose aussi des problèmes. Elle peut prendre du temps en début de journée, ou être faite trop rapidement, ou pas du tout. Le suivi individuel apparaît rare et ne conduit pas l’élève à produire un travail appliqué.
– Les textes officiels
● Pour l’école élémentaire, le travail personnel à la maison est strictement encadré par la circulaire du 6 septembre 1994 :
“Les élèves n’ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire. A la sortie de l’école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou à des leçons à apprendre.”
● Pour le collège, il n’existe pas de textes réglementant le travail donné aux élèves hors temps scolaire.
● Cependant le Socle Commun, qui définit les compétences que l’école et le collège doivent développer chez les élèves pour qu’ils les maîtrisent en fin de scolarité obligatoire, rappelle que l’autonomie dans le travail personnel est une compétence qui relève d’un apprentissage faisant parti des missions de l’Ecole (et non des familles, des structures d’Education Populaire ou des cours particuliers privés) :
« Les principales capacités attendues d’un élève autonome sont les suivantes : s’appuyer sur des méthodes de travail (organiser son temps et planifier son travail, prendre des notes, consulter spontanément un dictionnaire, une encyclopédie, ou tout autre outil nécessaire, se concentrer, mémoriser, élaborer un dossier, exposer) ; savoir respecter des consignes ; être capable de raisonner avec logique et rigueur et donc savoir : identifier un problème et mettre au point une démarche de résolution ; rechercher l’information utile, l’analyser, la trier, la hiérarchiser, l’organiser, la synthétiser ; mettre en relation les acquis des différentes disciplines et les mobiliser dans des situations variées ; identifier, expliquer, rectifier une erreur ; distinguer ce dont on est sûr de ce qu’il faut prouver ; mettre à l’essai plusieurs pistes de solution ; savoir s’autoévaluer ; (…) développer sa persévérance ; (…). »
● La Charte Nationale d’accompagnement à la scolarité, fixe des objectifs clairs à cet accompagnement par les partenaires de l’école, qui sont loin de se limiter à une simple « aide aux devoirs » :
– Des pistes de réflexion pour les équipes pédagogiques
● Des pratiques à proscrire :
● Des propositions :
Extrait du Centre Michel Delay le 16.06.2011 : Apprentissage de l’autonomie et du travail personnel : un cadre de réflexion commun pour les écoles et les collèges des RRS de Saint-Priest (2 pages)