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Expérimentations article 34 : Une note du HCE et un rapport d’Yves Reuter révèlent les contradictions entre le discours officiel sur l’innovation et la réalité de terrain. Des passages concernent l’éducation prioritaire

23 décembre 2011

Les deux documents

 Les expérimentations réalisées dans le cadre des projets d’école ou
d’établissement article 34 de la loi du 23 avril 2005
29 novembre 2011
Lire la note (15 p.)
Cette note ne contient pas de référence à l’éducation prioritaire.

 Rapport sur les expérimentations liées à l’article 34 de la loi d’orientation et de programme pour l’école de 2005
Y. Reuter (dir.), D. Bart, L. Boulanger, S. Condette, D. Lahanier-Reuter,
Université Lille 3
Théodile-CIREL (ÉA 4354)
Rapport remis au Haut Conseil de l’Éducation le 27 juin 2011
Lire le rapport (50 p.)

 

Extraits du rapport dirigé par Yves Reuter

Le corpus de l’étude (pp. 17-19)
Le secondaire (collèges) est représenté de manière plus importante (41%) que le secondaire supérieur (LP (16%) et LEGT (17%)) et bien plus que l’élémentaire, l’école maternelle étant très peu représentée (fig.2)
Les deux tiers des établissements appartiennent à ou se revendiquent d’un réseau spécifique : RAR, ZEP, ZUS, REP, RES, Lycée des métiers… (fig.3)
Dans un certain nombre de cas, les réseaux indiqués ne sont pas spécifiques à l’Éducation Nationale (ZUS) ; certains sont institutionnellement obsolètes mais semblent toujours porteurs d’une identité forte pour les acteurs (REP).
D’autres établissements encore se structurent « par affinités », en dehors du cadre officiel de l’Éducation Nationale (voir la FESPI : Fédération des Établissements Scolaires Publics Innovants).
L’environnement urbain représente 77 % de notre corpus.
Le milieu des élèves est mentionné lorsque celui-ci est populaire/défavorisé ; aucun projet ne mentionne un milieu supérieur/aisé.
Dans près de 40 % des cas, les expérimentations s’inscrivent dans une culture d’établissement.

Les références au socle commun (p. 23)
Le statut du socle commun mérite d’être interrogé. La référence n’est pas fréquente et souvent discrète. Les entretiens nous ont permis de constater que le socle commun était soit peu connu, soit objet d’affrontements parfois véhéments dans les établissements entre ses partisans et ses opposants. [...]

Les justifications et visées (p. 24)
Il n’en demeure pas moins vrai que près de 60 % [des justifications] portent sur la résolution de difficultés attribuées d’une manière ou d’une autre aux élèves (décrochage, niveau, redoublement, manque de travail et/ou de culture, capacités de mémorisation faibles, incivilités, orientation ratée…), le milieu « populaire » prenant, lui-même et en lui-même, dans ces dossiers, le caractère d’une difficulté.

La valorisation
Cela s’articule avec une absence de valorisation, ressentie cruellement. La valorisation interne à l’Éducation Nationale est excessivement faible, voire en déclin avec les perturbations qui ont affecté l’INRP (devenu IFE) et les IUFM. La valorisation externe, bien que faible, est un peu plus mentionnée via le Café Pédagogique (Salon de l’Innovation), des revues (Les Cahiers Pédagogiques…), la presse ou la télévision régionale, les amis…

L’article 34 : un révélateur ?
Il n’en demeure pas moins vrai, et c’est peut-être là un de ses intérêts majeurs, qu’au travers des problèmes que nombre d’expérimentations tentent de régler, l’article 34 apparaît comme un révélateur :
d’une part de l’importance et de la diversité des problèmes que traverse notre société (désertification industrielle, chômage, incivilités, disparition des services publics, délitement du tissu des professions de la santé…) ;
d’autre part du fait que dans nombre de territoires de la République, désertés par les services publics, l’École - et des enseignants décidés à agir - demeurent parmi les rares acteurs à être encore présents.

10 propositions
Reconnaître l’importance de la pédagogie (p.41)
De la même façon, notre étude en rejoint bien d’autres pour mettre au jour l’importance du levier que constitue la pédagogie (ce qui était et est présent dans la loi, dans les articles 34 et 44, dans les dispositifs RAR, CLAIR… dans les différentes études sur les difficultés que rencontre l’École et sur les moyens de les surmonter).
Dès lors, nous semblent relever de la contradiction, voire de l’irresponsabilité, les discours de certains politiques ou de certains responsables introduisant de la défiance face à cette dimension en l’opposant de façon simpliste et manichéenne aux contenus.
<br<[...] Valoriser… et valoriser encore
Enfin, last but not least, il devient indispensable et urgent de penser les moyens de valoriser les équipes qui s’engagent dans de telles expérimentations. À l’heure actuelle, les valorisations sont soit inexistantes, soit plutôt le fait d’organismes extérieurs à l’Éducation Nationale. Or, indéniablement les équipes souffrent de ce manque de reconnaissance et se fatiguent d’autant plus qu’à la longue un tel silence institutionnel pourrait bien être considéré comme une forme de négation du travail accompli, voire de mépris.

 

Lire l’important dossier du Café pédagogique du 23.12.11 : Education nationale : Quel bilan pour l’innovation ?

[...] les deux documents sont loin d’être convergents dans leur analyse de l’application de l’article 34. Seconde complication : si l’innovation est mise à l’honneur depuis un an par les services de Luc Chatel, notamment avec la création d’une direction et de responsables académiques (les CARDIE) sur le terrain, la réalité est bien différente. Troisième paradoxe : la loi de 2005 prévoyait de soutenir des projets venus du terrain, pour Yves Reuter les pesanteurs hiérarchique sont été les plus fortes. Le bilan de l’article 34 reste à faire.

 
Dans le même dossier du "Café pédagogique) :
Yves Reuter : Innovations à l’Education nationale : Que de paradoxes
Directeur du rapport commandé par le HCE sur les expérimentations liées à l’article 34, Yves Reuter dresse un portrait sévère de la façon dont l’éducation nationale veille aux expérimentations. Si le discours officiel les met en avant, sur le terrain les enseignants innovants sont seuls et leur travail n’est pas valorisé. " On peut dire qu’il y a encore une contradiction entre la volonté affichée par le ministre de valoriser l’expérimentation et la réalité de la mise en oeuvre."

 

Lire aussi dans vousnousils.fr du 21.12.11 : Education : faible succès des expérimentations pédagogiques selon le HCE

 

Le site du HCE

 

Note du QdZ : Le contenu de ces deux documents justifie l’intérêt porté par le Quotidien des ZEP et le souci de l’OZP de valoriser les actions innovantes en éducation prioritaire.

Voir la rubrique spécialisée : Innovation (Généralités) : Formation(s) et colloques

En particulier : B* L’innovation en Eclair est-elle une idée neuve ? Etude de l’OZP sur les aléas de la valorisation des actions de ZEP

Consulter la base OZP d’actions innovantes en ZEP

Enfin, la journée nationale de l’OZP le samedi 2 juin 2012 aura pout thème général : "Innovation et expérimentation".

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