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Pré-Assises. Un long communiqué du SNES proteste contre "la mise à mort de l’éducation prioritaire" prônée par le rapport de la concertation alors que la synthèse de l’atelier "Une école plus juste" proposait une relance

9 octobre 2012

Mise à mort de l’éducation prioritaire : inacceptable pour le SNES

9 octobre 2012

Le rapport sur la Refondation de l’Ecole propose de supprimer tout label éducation prioritaire. Il fait fi de la synthèse de l’atelier « une école plus juste sur tous les territoires » qui émet des propositions pour une relance.

Pour les rapporteurs, au mépris de tout le travail réalisé dans l’atelier lors de la concertation, ce qu’ils nomment une « nouvelle approche de l’éducation prioritaire » va en effet constituer une « nouvelle étape » : sa mise à mort !

Ils fondent cette position sur l’effet « stigmatisant » des labels. Pourtant, aucune étude ne l’a démontré et même le rapport de l’INSEE, écourté et instrumentalisé par Nicolas Sarkozy pour appeler à « déposer le bilan des Zep » en 2007, n’apporte aucun élément pour démontrer une stigmatisation due aux labels, bien au contraire. A preuve quelques brèves citations :

Les effectifs de ces établissements diminuaient déjà avant le classement en ZEP (...) Ceci pourrait refléter le fait que ces établissements étaient déjà évités par les familles avant même leur changement de statut.
(…) La baisse du nombre d’élèves se caractérise par de moindres entrées plutôt que par des sorties d’élèves vers d’autres établissements.
(…) Pour les établissements passés en ZEP en 1990 (…) il n’apparaît aucun réel signe de « stigmatisation » des ZEP jusqu’en 1992 .

La fragmentation des territoires, dont les labels ne sont pas responsables, suffit amplement à expliquer que les quartiers populaires soient depuis longtemps évités par une population plus favorisée.

Et comment expliquer que le rapport ne tienne aucun compte du travail de l’atelier et du consensus qui a été trouvé, dont le rapport de synthèse rédigé par Anne Armand, IGEN qui en était responsable rend compte ?

Constat
S’il existe partout des élèves en difficulté scolaire, il existe aussi des lieux dans lesquels les difficultés sociales (travail, logement, santé, précarité familiale) rendent illusoire d’attendre des règles de fonctionnement, des moyens de droit commun et de l’école seule qu’elle permette aux élèves de réussir à égalité avec les élèves des autres territoires.

Certains territoires n’ont plus de mixité sociale et cumulent l’accueil de nombreux primo arrivants avec un taux maximal de débutants de tous les servies publics. L’école y nécessite un traitement spécifique au sein d’un dispositif fort d’éducation prioritaire.

Propositions

Carte
Partir de la cartographie nationale des difficultés scolaires pour cibler non pas des établissements mais des zones et faire varier à l’intérieur de ces zones les modalités d’aides supplémentaires.

Dans un contexte de polarisation sociale renforcée des territoires et des établissements scolaires, de dégradation sociale et économique marquée qui conduit à une augmentation de la pauvreté, le SNES porte d’autant plus fermement l’exigence d’une véritable relance de l’éducation prioritaire qui ne vise pas à installer une école à part pour les plus défavorisés mais permette de renouer, face à une situation sociale et économique de plus en plus difficile, avec l’objectif originel de « donner plus et mieux à ceux qui ont le moins », pour apporter aux élèves de milieux défavorisés les meilleures chances de réussite scolaire.

La politique d’éducation prioritaire a été laminée par la réforme Robien puis le programme ECLAIR qui ont marqué une rupture conceptuelle et tourné le dos à l’ambition de faire réussir tous les élèves de milieux populaires en les extrayant du droit commun (établissements transformés en laboratoires de déréglementation avec le « socle commun », sous-partie des programmes, comme seul objectif cible…). Malmenées depuis tant d’années, les équipes, sur le terrain, ont besoin d’un nouvel élan dans ces territoires où se joue une grande partie des progrès que doit faire le système éducatif français.

L’éducation prioritaire a été une politique « opératoire » en maintenant les écarts de réussite malgré une forte dégradation économique et sociale (DGESCO, 2003). Mais les écarts se sont fortement accrus depuis 2006, comme en atteste les études tant internationales (PISA) que nationales (DEPP). La France apparaît ainsi comme l’un des pays où le parcours scolaire est le plus marqué par l’origine sociale.

Pour le SNES, la politique d’éducation prioritaire doit impérativement être relancée.

Déterminer précisément les champs de l’éducation prioritaire
Il est essentiel d’engager une concertation pour définir dans la transparence les critères sociaux et scolaires permettant de distinguer tous les établissements (collèges, LGT et LP) confrontés à des difficultés sociales et scolaires qui les empêchent de faire réussir leurs élèves sans être aidés. Selon l’ampleur et la nature des difficultés, chacun de ces établissements doit bénéficier de moyens à la hauteur de ses besoins et des enjeux.
La multiplication des labels tout au long de ces dernières décennies a rendu la carte de l’éducation prioritaire moins lisible. Il convient de la simplifier avec un label unique dans lequel seraient distingués deux cercles selon la concentration des difficultés.

Favoriser la mixité sociale et scolaire
Vecteur essentiel de la réussite de tous les jeunes, la mixité sociale et scolaire a été fortement réduite ces dernières années en raison d’une politique d’exfiltration systématique des élèves « méritants » avec l’assouplissement de la carte scolaire et les internats d’excellence.
Au-delà d’une révision en profondeur de la Politique de la Ville et d’une application effective de la loi SRU, la redéfinition de la carte scolaire doit viser d’abord la mixité sociale. En outre, la carte des formations et des options doit être riche et variée en éducation prioritaire comme ailleurs et viser à limiter les dérogations à la carte scolaire.

Centrer les efforts sur les apprentissages
Les études menées dans les années 90 ont mis en relief que les établissements qui parvenaient à réduire les écarts de réussite se concentraient sur les apprentissages dans la classe en aintenant un haut niveau d’exigence (Moisan-Simon, Rochex, Chauveau, etc.) plutôt que de développer les activités à la périphérie de la classe sans lien avec elle.

La centration sur les apprentissages dans le cadre des programmes nationaux suppose de mettre en œuvre des pratiques pédagogiques diversifiées pour permettre à tous les élèves d’entrer dans les apprentissages et dans la culture écrite. Cela demande d’améliorer sensiblement les conditions d’études des élèves en améliorant les conditions d’enseignement grâce à :
 la réduction des effectifs par classe
Très souvent les effectifs se sont alourdis ces dernières années. Ils peuvent même dépasser 25 élèves par classe en collège. Or, des études (Th. Picketty et M. Valdenaire) montrent qu’une réduction sensible des effectifs permet une hausse importante de la réussite des élèves. A terme, les effectifs ne doivent pas dépasser 20 élèves en collège et 25 en lycée pour permettre des pratiques pédagogiques diversifiées.
 le respect des horaires réglementaires
Sous couvert d’adaptation aux réalités locales, certains établissements ont été « invités » à mettre en place d_ es séances d’enseignement de 45 mn alors que les élèves de l’éducation prioritaire ont besoin de temps pour entrer dans les apprentissages. En outre, les horaires disciplinaires auxquels ils ont droit ont ainsi été amputés.
Les horaires d’enseignement des élèves doivent rester nationaux et être respectés partout, quel que soit l’établissement fréquenté
 des dotations abondées pour permettre de développer les dédoublements, travailler en groupes allégés, renforcer les dispositifs de soutien et d’accompagnement Il s’agit de mieux diversifier les pratiques pédagogiques pour faire entrer tous les élèves dans les apprentissages et d’aider en premier lieu les élèves les plus en difficulté au sein de la classe.

Favoriser le volontariat et la stabilité des personnels
C’est d’abord en améliorant leurs conditions de travail et en leur donnant les moyens de faire réussir leurs élèves que l’on favorisera l’envie d’exercer dans ces établissements et la stabilité des personnels.
 Améliorer la prise de fonction en assurant un accompagnement dès les premières semaines (l’établissement dans son environnement, le réseau, la prise en charge des élèves, travail collectif et mutualisation des pratiques, etc.)
 Mettre du temps à la disposition des équipes (comme le propose le rapport de synthèse de l’atelier) afin de permettre la mise en place d’un travail collectif à tous les niveaux : en équipes disciplinaires et interdisciplinaires, en équipes pluriprofessionnelles de suivi et d’accompagnement des élèves les plus fragiles, dans le travail en relation avec les écoles du secteur et les activités péri-éducatives mises en place, dans la relation avec les parents.
Une décharge de service, modulée selon le champ de l’éducation prioritaire auquel appartient l’établissement, rendra possible ce travail de pilotage en commun.
 Mettre en place une véritable formation, initiale et continue, qui permette de comprendre ce qui peut faire obstacle aux apprentissages et développer des pratiques adaptées ; développer la mutualisation des pratiques entre pairs au sein des établissements et des réseaux et les formations communes, en lien notamment avec la recherche.

Répondre aux difficultés sociales des élèves et de leurs familles
 En revalorisant les bourses sur critères sociaux et en élargissant leur assiette
Les bourses sur critères sociaux sont très nettement insuffisantes pour répondre aux difficultés sociales des familles, surtout dans un contexte de renforcement de la pauvreté. Il faut supprimer les bourses « au mérite » réservées à un nombre limité d’élèves supposés « méritants » et renforcer les bourses « ordinaires » sur critères sociaux en jouant à la fois sur le nombre de bénéficiaires (réviser l’assiette) et le montant de la bourse.
 En augmentant sensiblement les fonds sociaux (collège, lycées, cantine)
Ils ont connu une baisse continue et sévère depuis plusieurs années, empêchant ainsi les établissements d’apporter des aides d’urgence aux élèves les plus démunis.

Extrait du site du SNES du 09.10.12 : http://www.snes.edu/Mise-a-mort-de-...

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