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"Accompagner les passe-âges", un dossier de Fenêtres sur cours (SNUipp) met en avant le rôle de pionnier de l’éducation prioritaire dans la maternelle à deux ans, le lien école-famille et la liaison CM2-6e. Hors dossier, un article sur le dispositif "Plus de maîtres que de classes"

7 mars 2013

Accompagner les passe-âges

Dossier

[...] Faire circuler les principes éducatifs
Dans le texte qui lui est annexé, le projet de loi d’orientation et de programmation sur l’école préconise la scolarisation des moins de trois ans dans les zones d’éducation prioritaire. Il définit les modalités d’accueil avec un dispositif « spécifique et adapté ». Il spécifie la place des parents pour faciliter la liaison famille-école et prône un partenariat resserré avec les professionnels de la petite enfance. Sur le terrain des équipes ont depuis longtemps engagé des réflexions sur ce sujet.
Ainsi, à Metz dans une école maternelle classée en ECLAIR, Education nationale et municipalité ont élaboré un dispositif passerelle avec accueil des parents et des enfants en juin au moment des inscriptions, puis accueil progressif à la rentrée dans des locaux séparés des autres classes. Les enseignants soulignent l’impact qualitatif de cette mise en œuvre, tout en avouant qu’il s’agit « d’une organisation complexe, qui nécessite un pilotage rigoureux » (lire p14).
La chercheure en sciences de l’éducation Françoise Carraud souligne cette complexité. D’un côté les enseignants dont « la priorité est l’instruction », de l’autre les familles qui donnent parfois l’impression d‘attendre un service non seulement d’éducation, « mais aussi de garderie ». Elle souligne la « nécessité de circulation des principes éducatifs » passant le plus souvent « par la circulation d’objets (doudous, jouets…) ou par des questionnements sur le corps » (lire p14).

Le projet de loi redéfinit également la place de la Grande Section et son articulation avec le passage à l’élémentaire. Les cycles doivent être relancés et la GS venir entièrement dans le giron du premier d’entre eux quand précédemment elle
constituait l’entrée dans le Cycle 2. La transition école-collège doit aussi faire l’objet d’un dispositif d’accompagnement avec la création d’un conseil chargé de définir des modalités de coopération pour favoriser la continuité pédagogique lors du passage du CM2 à la 6e (lire p 13).

Tirer les leçons du passé
Pour autant là aussi les pratiques ont bien souvent pris les devants. L’accueil des enfants de CM2 au collège durant une journée est loin d’être chose rare et c’est déjà un début de coopération entre équipes du premier et du second degré. La présence de maîtres référents dans les réseaux ECLAIR est elle aussi de nature à renforcer la connaissance réciproque des deux degrés. Des pratiques que les dispositions de la loi d’orientation devraient permettre de développer à condition que l’institution donne les moyens aux enseignants de les mettre plus largement en œuvre (lire p15).
En effet, si la liaison est un enjeu pour les élèves elle l’est aussi pour les enseignants. Travailler sur les transitions implique d’ouvrir l’école à d’autres partenaires. Les parents, les services municipaux, les enseignants du second degré… autant de coopérations nécessaires pour la mise en place de dispositifs pertinents. Plus facile à dire qu’à faire. Les initiatives existantes méritent d’être valorisées, tandis que les enseignants ont besoin d’être formés à ces pratiques et d’être accompagnés.

Par exemple, la liaison maternelle-CP que le texte traite avec la révision des cycles, a fait l’objet d’une étude de l’IGEN en 2011. Elle pointe une « anticipation des étapes du parcours avec une exposition des enfants à des exigences qui les dépassent par trop » (lire p16). C’est ce qu’on a appelé aussi la « primarisation de la maternelle », autrement dit on anticipe sur la dernière année de maternelle des pratiques et des apprentissages qui sont à venir dans le cursus en première année d’élémentaire. Si le dispositif avait été pensé avec les meilleures intentions, ce n’est qu’a posteriori qu’on a pu en mesurer certains effets indésirables. À l’instar de la GS, un
risque similaire guette en fin d’élémentaire, celui de faire du CM2 un « petit collège ». Alors si aujourd’hui la question des liaisons est à l’ordre du jour, encore faut-il se prémunir des erreurs du passé en regardant de près ce qui va se dérouler
dans les écoles.

De la famille à l’école. Une passerelle sécurisante

A Metz, la question de la transition entre famille et école fait l’objet d’un projet de
dispositif passerelle auquel l’école maternelle des Joyeux Pinsons appartient. Dans
un quartier à population défavorisée et dont l’école est classée en éducation prioritaire, municipalité et Éducation nationale ont élaboré conjointement une
organisation permettant une meilleure entrée à l’école pour les enfants les plus jeunes. Trois personnels sont spécifiquement affectés à son fonctionnement
et interviennent dans quatre écoles maternelle du quartier. Il s’agit d’une enseignante mise à disposition par l’éducation nationale, d’une ATSEM par la mairie et d’une éducatrice par le CCAS. La mise en place du dispositif doit répondre à des objectifs
clairement identifiés : faciliter la transition entre famille et école, accompagner la séparation mère enfant, assurer une scolarisation et une fréquentation
régulière à tous les enfants du quartier.

Des rentrées progressives
Dès les inscriptions du mois de juin, les personnels du dispositif passerelle sont présents dans l’école pour accueillir les parents avec les enseignants. A la rentrée suivante, les enfants intègrent le dispositif accompagnés de leur famille, dans un local spécifique, d’abord pour des durées courtes puis progressivement sans les parents et pour des durées plus longues. Quand l’équipe juge que les conditions sont
requises et que l’enfant est prêt, c’est une nouvelle rentrée qui doit s’opérer :
celle qui permettra à l’enfant d’intégrer l’école, non pas accompagné de
sa famille mais des personnels du dispositif passerelle. Pendant plusieurs
mois, ces allers-retours entre dispositif et classe sont possibles avant l’entrée
définitive à l’école.

 

CM2-6e Des expériences multiformes

La continuité des parcours scolaires entre école et collège connaît une réalité particulière dans l’éducation prioritaire où se sont multipliées des expériences différentes.

31 textes relatifs à la liaison CM2-6e ont été publiés par l’institution depuis 1974 et
la loi sur la refondation amène une nouvelle pierre à cet édifice avec l’institution
d’un conseil école-collège. Sur le terrain, de nombreuses pratiques de liaison se sont mises en place avec des approches diverses qui vont d’expériences à
l’échelle des élèves à des collaborations entre enseignants des écoles et des
collèges autour des questions d’apprentissage.

L’éducation prioritaire a été un lieu d’expérimentation privilégiée sur cette
question. La pratique la plus courante est la visite du collège par les élèves de
CM2. Au collège Louise Michel d’Alençon, les élèves des trois écoles du
secteur sont accueillis le temps d’une journée pour découvrir le collège.
Autour d’un rallye dans l’enceinte de l’établissement, d’un cours de sciences,
d’un repas au self... les élèves sont amenés à toucher du doigt les changements qui interviendront l’année suivante lors de leur passage en 6e. Cette journée est
plébiscitée par les élèves et leurs parents qui sont accueillis à la fin de cette journée. Mais dans ce collège ECLAIR, (anciennement Réseau ambition réussite)
la présence des maîtres référents, postes surnuméraires du 1er et du 2d degré à l’échelle du réseau donne une réalité nouvelle à la liaison école collège.

En effet, deux enseignantes de lettres du secondaire font des co-interventions dans des classes primaires et une professeure des écoles supplémentaire intervient auprès de groupes de collégiens. Le rapport de 2009 consacré au réseau ambition réussite notait à ce propos que « l’impact de ces démarches se mesure sur l’ensemble des savoirs : les élèves se sentent impliqués dans un réseau de professionnels qui se connaissent entre degrés, ce qui les réconforte et les cadre ». Cette continuité dans les parcours scolaires des élèves a été cadrée pour les élèves en difficultés par les PPRE passerelle mis en place en 2011.

Se connaître... et travailler ensemble ! ?
Pour aller plus loin dans la connaissance réciproque des deux degrés d’enseignement, d’autres actions à l’échelle des réseaux cherchent à développer les
rencontres entre enseignants des écoles et des collèges pour faire « culture commune ».

Le réseau des Provinces à Cherbourg dans la Manche a ainsi développé
une série de formations entre enseignants, la dernière en date a été consacrée
à la question des parents. Ces moments de rencontre entre enseignants permettent de mieux connaître les réalités professionnelles à l’école et au collège et d’éviter les
caricatures. Ces échanges répétés ont abouti au collège Jacquard de Caen à l’expérimentation d’une intervention massée pour les élèves de 6e et de 5e en mathématiques et en français pour lesquels cinq adultes volontaires (un PE de CM2, un maître référent, deux PLC et un assistant pédagogique) travaillent auprès des élèves pour permettre aux plus en difficultés d’entre eux d’acquérir les compétences
attendues en fin de CM2.
Ces expériences multiformes rendues possibles dans l’éducation prioritaire par un pilotage particulier et la présence de maîtres surnuméraires ne peuvent l’être ailleurs que par la reconnaissance des actions engagées et si l’institution s’engage dans la
formation et l’accompagnement aux pratiques de transition. A défaut le conseil école-collège pourrait rester une coquille vide.

 

NOUVEAU DISPOSITIF Plus de maîtres … mais combien et où ?

Le passage du slogan à la pratique s’avère difficile pour le ministère. Au vu
des premières remontées du terrain la mise en place du dispositif plus de
maîtres va s’effectuer à géométrie variable. En effet les 3600 postes supplémentaires
destinés au premier degré (cf p. 9) ne suffiront pas à couvrir les besoins des
écoles. Dans ce contexte de pénurie, les DASEN, qui ont désormais les cartes en
mains, sont tentés de faire passer le dispositif à la trappe, ou de le mettre en place a minima.
Si certains affichent quelques créations (25 en Gironde, 10 à 15 dans les Bouches-du- Rhône), beaucoup se contentent de reconduire les postes surnuméraires déjà existants (au moins 600 selon une récente enquête du
SNUipp) en les transformant pour les adapter à la nouvelle circulaire. D’autres DASEN détournent le principe et la revendication du SNUipp ! : dans l’Yonne, les
maîtres supplémentaires sont affectés « !en compensation
 ! » d’une fermeture de classe ; en Haute-Vienne, les maîtres supplémentaires
sont nommés dans des écoles ZEP en lieu et place de maîtres E. Ailleurs, c’est du saupoudrage ! : en Indre-et-Loire, on crée des postes « !mixtes ! »
dédiés le matin à l’accueil des deux ans et l’après-midi à « !l’appui et à la réussite des élèves ! ». Le SNUipp, s’il défend le « plus de maîtres ! » considère qu’il ne peut rentrer en concurrence ni avec la volonté d’abaisser les effectifs, ni avec l’aide spécialisée. Ce dispositif doit s’inscrire dans la durée, reposer sur le travail d’équipes accompagnées et formées et ses résultats auprès des élèves faire l’objet
d’une évaluation par la recherche. Le syndicat interpellera les DASEN dans ce sens.

Extrait de Fenêtres sur cours, n°380) (pp. 1à 17) : http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/FSC_38...

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