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Le directeur de l’ESSEC et président de la conférence des grandes écoles fait le bilan de l’ouverture sociale et regrette "la suppression des internats d’excellence"

17 juillet 2013

Pierre Tapie a été directeur général de l’Essec pendant douze ans (2001-2013) et président de la Conférence des grandes écoles pendant quatre ans (2009-2013). Aujourd’hui, il quitte ces deux postes pour créer une entreprise de conseil. Pierre Tapie a été l’un des acteurs de la révolution de l’enseignement supérieur. Revenant sur le chemin parcouru, il avertit : le manque de courage des responsables politiques et la réforme du lycée de 2010 fait peser de grands risques sur l’enseignement supérieur français.

[...] Il existe certes des biais sociaux, mais on trouve les mêmes en master à l’université... Le biais, c’est celui qui existe entre les familles qui croient aux études et les autres. Si la situation est la même qu’il s’agisse d’écoles ou d’université, c’est que cela se joue dans le scolaire : c’est là que l’écart se fait. Nos travaux ont montré qu’au contraire, au niveau des classes préparatoires, l’écart dû à l’origine sociale diminue de moitié.

En matière d’ouverture sociale, nous avons fait beaucoup de progrès depuis 2001. Les "cordées de la réussite" [label regroupant tous les dispositif d’ouverture sociale des établissements du supérieur] se sont imposées. Et l’autocensure de jeunes qui pensaient que les études supérieures, ce n’était pas pour eux, a diminué. Il reste que l’élite est toujours issue des mêmes établissements, mais les grandes écoles ont été de bonnes citoyennes sur cette question. Et je vois aujourd’hui davantage de jeunes d’origine modeste faire des parcours qu’ils ne faisaient pas il y a quinze ans.

Tout cela prend du temps. Il faut attendre... sans dégrader la situation. Ce qui s’est produit lorsque l’on a supprimé les internats d’excellence ou mis en oeuvre la loi Chatel. [...]
Car la question qui s’y pose est : comment donner à manger aux élèves brillants d’origine modeste ? Ceux-là mêmes qui sont toujours les dindons de la farce. Le bon élève d’un mauvais lycée se fait tout simplement casser la figure. Etre un bon élève dans ces établissements est une souffrance. On leur fait donc courir le risque de régresser.

Extrait de enseignementsup.blog.lemonde.fr du 16.07.13 : « Les responsables politiques ne règlent que les questions accessoires de l’enseignement supérieur » (Pierre Tapie)

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