Les ZEP en question dans « Libé », à partir du rapport de l’INSEE

16 septembre 2005

Voir sur ce sujet l’important article "Faut-il supprimer les ZEP ?"

Extrait de « Libération » du 15.09.05 : Là où ça fait mal

Les statisticiens réfléchissent longtemps avant d’appuyer là où ça fait mal. L’étude de l’Insee ne fait que confirmer que ce qu’on répète, ou plutôt ce qu’on ne répète pas assez depuis quelques années : le système scolaire contribue comme jamais à la reproduction des inégalités sociales. Et, disent les chercheurs, si le correctif social est en panne, c’est parce que le correctif du correctif que sont censées être les ZEP ne marche pas. Comme on entend souvent vouer aux gémonies les ZEP (et leurs habitants), il faut être prudent avec ce constat.

D’une part, la priorité accordée aux ZEP est sujette à caution. On cloue volontiers le bec aux grognons en leur rétorquant que « tout » ne se résume pas à une question de moyens. Certes. Mais sur la longue durée le thermomètre budgétaire est le meilleur qui soit et il montre que l’effort consenti n’a pas été à la hauteur des intentions. Le nombre d’enseignants a été augmenté (un peu) mais ce sont la plupart du temps des débutants qui quittent rapidement les établissements concernés.

D’autre part, depuis la création des ZEP, le handicap relatif de leurs habitants s’est aggravé. Les classes moyennes ont beaucoup investi dans l’avenir de leurs rejetons et dans la reproduction de leur avantage scolaire concurrentiel (enseignement privé, cours particuliers, stratégies immobilières). Bref, les classes moyennes se sont appliquées à elles-mêmes une vraie discrimination positive. En conclusion, et sauf résignation cynique, cela signifie que si on n’a pas fait assez pour redresser les coûts tordus il faudra à l’avenir faire mieux et même, vu le retard accumulé, deux fois mieux.

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