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Pour lutter contre l’"orientation subie", 117 collèges dans 12 académies expérimentent la priorité à la famille dans les choix d’orientation en fin de 3e. Les regards critiques d’Emmanuel Davidenkoff et de Bernard Desclaux, ex-directeur de CIO

21 novembre 2013

George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la réussite éducative, s’est rendue dans l’un des 117 établissements volontaires pour expérimenter le "dernier mot" laissé aux parents sur l’orientation en fin de troisième. Il s’agit d’une mesure de prévention contre le décrochage scolaire, qui participe aussi à l’amélioration du parcours d’orientation et au renforcement des relations entre l’École et les familles.

Extrait de education.gouv.fr : Expérimentqtion du choix dela voie d’orientation par les parents en fin de troisième

 

L’analyse d’Emmanuel Davidenkoff (France Info)
[...] Première étape : vous êtes issus d’un milieu modeste. Vos résultats sont inférieurs à ceux des enfants de cadres ou d’enseignants. Vous allez moins souvent demander une orientation en filière générale. C’est ce que l’étude appelle "l’auto sélection". Et même si vos notes sont identiques à celle par exemple d’un enfant d’enseignant, le conseil de classe va se satisfaire de votre choix, sans vous expliquer que votre enfant a peut-être le profil d’un élève de filière générale. Et c’est pareil lors des procédures d’appel.

A contrario, plus de 90 % des enfants de cadres, professions libérales et d’enseignants demandent une orientation en seconde GT, contre moins de la moitié des enfants d’ouvriers non qualifiés et d’employés de service aux particuliers, et à peine plus du tiers de ceux d’inactifs.

Mais alors si cette "autosélection" - ou cette autocensure - est aussi forte, ça ne va pas changer grand-chose de donner le dernier mot aux familles...

C’est effectivement le risque. Le ministère le sait. En fait la vraie nouveauté et le vrai enjeu de cette réforme vient avant, bien avant même, le conseil de classe et la procédure d’appel : c’est tout le travail de dialogue avec les élèves et les familles qui doit s’organiser tout au long de la classe de troisième. Sans cette anticipation, sans cet effort d’explication, d’information, les choses risquent de ne pas changer. [...] [1]

Extrait de franceinfo.fr : Orientation au lycée. faut-il donner le dernier aux familles ?

 

Les arguments contre cette expérimentation

Deux types d’arguments s’opposant à cette expérimentation vont sans doute être agités.

Le premier tourne autour de la famille et du rapport enfant-parents. Il n’est pas certain que les désirs des parents correspondent à ceux de leurs enfants. On peut remplacer « désirs », par « représentation des capacités réelles », aussi d’ailleurs dans cet argument. En effet, et admettons cet argument. Sauf que dans la procédure actuelle la demande d’orientation est bien du ressort de la responsabilité parentale, et que ce désaccord était et est toujours possible. Il fait partie de la vie familiale et de sa dynamique. Ajoutons que cet argument supposerait que le décideur de la décision d’orientation (le conseil de classe, le chef d’établissement, la commission d’appel) sache, lui, ce qui est vraiment bon pour l’avenir de l’élève. Qui connait mieux que l’autre l’élève, l’enfant ?

Le deuxième argument porte sur les résultats du choix « parental ». Bien sûr le choix sera un passage en seconde GT malgré l’avis du conseil de classe. L’inverse est rarement évoqué dans les mêmes termes. La justification du maintien des procédures porte souvent sur l’idée qu’elles permettraient de combattre le manque d’ambition des élèves et des familles, et donc de pousser les élèves à passer en seconde contre l’avis de leur propre famille. Argument souvent entendu, mais rarement observé. Mais dans la présente discussion, il s’agit de l’inverse. L’élève qui passera « malgré tout » en seconde n’y réussira pas, et ces classes en seront dégradées, les camarades en pâtiront. Alors rappelons que pour ce qui est des passages en seconde GT par la commission d’appel, le suivi montre, c’est la moitié qui « réussit » et passera en première.

Mais fondamentalement cette expérimentation est une étape supplémentaire dans la désinstitutionalisation. L’institution totale, capable de vie et de mort institutionnelle n’est plus (Des procédures d’orientation, jusqu’à quand ?). L’école-service n’est pas loin.

Extrait du blog de Bernad Desclaux : Expérimentation des procédures d’orientation en troisième

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