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Après PISA, paroles d’enseignants de ZEP

12 décembre 2013

PISA : Paroles d’enseignants

Sur PISA, les rapports d’inspecteurs généraux, les commentaires et analyses se sont bousculés ces derniers jours. Pourtant nous avons peu entendu les premiers concernés : les enseignants. Le Café leur donne la parole. Le constat est unanime : donnez-nous la possibilité de changer les pratiques !

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Aurélien Brendel, CP, Paris
Quand j’ai commencé en ZEP, j’ai laissé des élèves dériver parce que je ne savais pas quoi faire. Donc avoir des professeurs expérimentés dans l’éducation prioritaire est une nécessité si on veut réduire les inégalités là où elles se creusent le plus. « Prioritaire » c’est juste un mot pour le moment, ce serait bien de voir du concret derrière ! On est tous un peu responsable, nous devons tous se remettre en question à chaque niveau : l’institution mais aussi les enseignants. »
[...]

Elodie , professeure de maths en collège [ZEP]
A propos du creusement des inégalités, c’est là dessus que ça a le plus réagi dans mon collège. Ou plutôt que ça a le plus non-réagi : chaque étude est plus négative que la précédente sur ce plan, les collègues sont comme résignés. Dans un établissement ZEP où chaque année des moyens sont supprimés et qui va probablement être déclassé l’année prochaine ça ne surprend personne. Le creusement des inégalités, on le voit au quotidien et on est démuni. Une collègue prenait aujourd’hui l’exemple des PPRE : de la poudre aux yeux pour un outil qui pourrait aider à réduire les inégalités mais qu’on nous donne sans moyen et qui donc ne sert à rien.

Depuis plusieurs années on nous demande de faire mieux avec moins et les collègues n’ont même pas vraiment envie de parler de PISA : aucune surprise, et un découragement général. Les collègues expliquent qu’ils se sentent totalement dépossédés des choses : on ne donne pas notre avis sur les programmes (trop lourd), sur les outils mis en place (l’ENT pose problème dans mon collège). On aimerait qu’on nous fasse un peu plus confiance en somme et c’est ressorti à propos de PISA.

Enfin, sur le traitement médiatique de PISA deux choses sont ressorties :

 pas de vraie analyse des journalistes parce que les journalistes spécialisé dans les questions d’éducation sont bien trop rare, du coup un sentiment d’injustice vis à vis du grand public prédomine,

 contrairement à l’étude précédente, le gouvernement ne nous tape pas dessus : ce n’est pas la faute des profs. Ce n’est pas la première fois que l’on observe ça avec Peillon. Même si ça ne change rien au problème de fond, ça nous fait du bien.

Propos recueillis par Ange Ansour et François Jarraud

Extrait de L’Expresso du 05.12.2013 : PISA : Paroles d’enseignants

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