> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. Prior. Positions de l’OZP > IMPORTANTE SYNTHESE OZP sur la fonction de coordonnateur (OZP, décembre (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

IMPORTANTE SYNTHESE OZP sur la fonction de coordonnateur (OZP, décembre 1997). Le questionnaire d’enquête

1997

Association Observatoire des Zones Prioritaires
2O, rue Henri Barbusse
92230 GENNEVILLIERS

27.12.97

Le coordonnateur de ZEP

- 1. Une histoire

L’histoire des ZEP étant récente, une quinzaine d’années, celle du coordonnateur ne saurait être longue. Mais elle est beaucoup plus brève encore, même si les acteurs de ZEP connaissent bien maintenant cette fonction, tout au moins là où existe réellement ce dispositif.

La réglementation ne mentionne cette fonction que depuis 1990. Auparavant, on ne l’envisageait pas (première circulaire, 01.07.81), ou on citait l’existence souhaitable d’un animateur, responsable de l’équipe d’animation (Circ du 28.12.81). N’étant pas plus précisée, la fonction d’animation dans les 350 ZEP de la période 82-89 va, en général, se réduire à peu de choses, parfois rien ; dans certains cas, l’imprécision du texte permettra à des personnes motivées et dont les capacités auront été localement appréciées, d’animer avec vigueur un dispositif qui se cherchait encore. Des animateurs de ZEP seront alors les pionniers et souderont tout naturellement les équipes avec les responsables départementaux de l’Éducation nationale, avec les chefs de projets de développement de quartiers (fonction toute nouvelle aussi, alors) et avec les équipes éducatives.

Peu de témoignages ont été écrits sur la fonction de coordonnateur à cette époque : on pourra se rapporter au numéro 1 du bulletin de l’OZP. Il faudrait procéder rapidement à un rassemblement de témoignages. Cette question entre dans celle, plus vaste, de la constitution de mémoires dans chaque ZEP. Le rapport Moisan-Simon (septembre 1997) aborde pour la première fois cette nécessité dans un texte du ministère.

On parle ensuite de coordinateur (avec un "i" et non pas un "o") dans quelques textes (une fois dans le discours d’Arras en mars 89 (cf. BOEN), deux fois dans l’immense circulaire du Premier ministre de mai 89 et trois fois dans la Lettre ministérielle de juin 89). Mais, après une ultime mention dans l’annexe de la Loi d’orientation de juillet 89, il faut attendre 1990 pour qu’enfin on parle de coordonnateur de ZEP. Et surtout qu’on en parle avec quelque clarté. La circulaire du 1er février 1990 du ministre de l’Éducation nationale crée véritablement la fonction de coordonnateur, telle que nous la connaissons aujourd’hui, avec un complément par celle du 22 décembre de la même année.

Cependant, ce n’est qu’en décembre 1992 que plusieurs points sont enfin abordés, réglant des questions jusqu’ici refoulées. Nous avons donc depuis cinq ans à peine une réglementation sur cette fonction auparavant assez confuse. Encore que tout ne soit pas défini. Serait-ce d’ailleurs un bien ? Le niveau central a-t-il à définir dans le détail chacune des fonctions sur l’ensemble du territoire ? A priori, la décentralisation est souhaitable, mais en matière de ZEP comme pour toute action politique volontariste ou de solidarité, nous constatons que les lâchetés et les abandons de certains recteurs et inspecteurs d’académie ont fait disparaître le dispositif ZEP, si ce n’est une façade permise par la distribution d’indemnités données par réglementation nationale. Mais que cela ne cache pas les remarquables efforts faits par d’autres recteurs et inspecteurs d’académie pour rendre efficace ce dispositif essentiel dans la lutte contre l’exclusion.

- 2. La réglementation en vigueur.

C’est la circulaire de décembre 92 qui donne la réglementation en vigueur. Mais il serait dangereux d’en extraire les lignes concernant la fonction de coordination sans les replacer dans la mécanique d’ensemble de la circulaire de février 90 à laquelle se réfère ce texte : ce qui fait la ZEP, c’est l’existence et la mise en œuvre d’un projet de zone, un projet interdegrés et partenarial, bâti avec le concours des acteurs locaux puis adopté par eux, à partir d’un diagnostic initial et réexaminé régulièrement par des procédures d’auto-évaluation régulatrice.

Pourquoi redire cela ici ? Parce qu’un certain nombre de coordonnateurs, dans différents coins de France en 1997, ont un titre sans consistance puisque le projet de zone est soit inexistant soit seulement formel. Toute considération sur la fonction, comme nous allons le faire plus loin, est donc sans objet pour eux qui, minoritaires, sont encore nombreux, semble-t-il.

On se reportera, bien entendu, au texte lui-même, paru au bulletin officiel de l’Éducation nationale le 12 décembre 1992. Observons les principaux éléments à propos du coordonnateur de ZEP :

Tout d’abord, une grande "vigilance" est demandée pour la désignation et les conditions d’exercice. On ne peut qu’approuver la vigilance, surtout pour une fonction où l’on a constaté des dérives à la fois dans le laxisme et dans une exigence trop grande. On connaît des coordonnateurs abandonnés à eux-mêmes, sans instructions, sans liaisons avec d’autres ZEP, découvrant un jour avec bonheur dans le B.O. une université d’été traitant des ZEP et trouvant ainsi, enfin, un moyen de parler à quelqu’un de leur travail. A l’opposé on connaît des coordonnateurs corvéables à merci, sans élèves donc susceptibles de travailler en soirée et pendant les vacances scolaires sans limites, et ne voyant leur travail d’aucune façon pris en considération. Vigilance, en effet.

" Responsabilité au responsable et coordination au coordonnateur ", ensuite. Cette lapalissade avait déjà été écrite le 1er février 1990. Elle est réaffirmée dans ce texte : c’est qu’en effet le cours des choses est délicat. Le responsable de ZEP, chargé d’une autorité administrative, en lien permanent avec les responsables départementaux, voit cette fonction s’ajouter à son travail quotidien ; il lui faudrait du temps. Le coordonnateur, quant à lui, est en lien avec les acteurs de terrain, de l’Education nationale ou hors d’elle, connaît son monde et tisse des liens nombreux. Ces deux fonctions sont absolument complémentaires et des tandems doivent se mettre en place. Autant ils sont efficaces quand les deux jouent leur jeu en étroite collaboration, autant la ZEP en souffre, voire en meurt, quand l’un des deux empiète sur le travail de l’autre ou manque à son devoir. Certes, toute réglementation reste dérisoire, pour des affaires de ce genre, face aux caractéristiques personnelles des individus. Mais ce qui doit être écrit, au moins, l’est ici.

Il est dit que le coordonnateur de ZEP doit bénéficier d’une décharge de service. On constate pourtant que ce n’est pas toujours le cas. Il est vrai que dans de petites ZEP il peut être inutile d’en donner. A voir. Mais il est regrettable que des ZEP où manifestement c’est une nécessité, n’ont toujours pas, en 97-98, de décharges pour le coordonnateur. Cette fonction nécessite du temps. Et pas seulement pour un professeur de lycées et collèges ou des écoles : un conseiller pédagogique, un directeur d’école dans le premier degré ou un principal adjoint de collège dans le second n’ont pas le temps d’assurer en plus les charges de coordonnateur. En revanche, dans de très grandes ZEP, là où le rectorat et l’inspection académique ont pris leurs responsabilités pour faire vivre le dispositif, on constate que deux postes complets de coordination ont été créés. Il existe même, exceptionnellement, de meilleures situations encore...

Reste le problème des fractions de décharges. Manifestement, c’est parfois la seule solution, une décharge complète étant inutile pour la taille de la ZEP. Mais les réunions partenariales à la mairie ou à la préfecture ne se décident pas en fonction du calendrier personnel du coordonnateur. La fonction en devient difficile à vivre, d’autant plus qu’on constate que de telles situations concernent des enseignants sérieux qui sont aussi de sérieux coordonnateurs, des gens qui font donc à plein temps et simultanément deux métiers. Seule issue : démissionner avant de " craquer ". Des formules souples peuvent parfois être trouvées, comme une moitié de décharge pour un directeur d’école par ailleurs déjà à moitié déchargé, ou un coordonnateur de ZEP chargé de deux petites ZEP proches l’une de l’autre.

Il est indiqué dans cette circulaire de décembre 92 qu’une " lettre de mission " est adressée par les inspecteurs d’académie à chaque responsable et chaque coordonnateur, précisant leurs missions complémentaires. Tous les I.A. de France n’ont pas rempli ce devoir, mais tous ceux qui l’ont fait ont été amenés à réfléchir sur ces fonctions, parfois avec les responsables et les coordonnateurs de leur département. Cet exercice s’est avéré fort utile. On peut dire que seuls les départements où existent de telles lettres de mission sont sortis de l’obscurité où régnait la fonction de coordonnateur. De plus, c’est l’ensemble du dispositif qui, inévitablement, a été réexaminé. Munis de ce texte, les coordonnateurs et les responsables voient leur travail balisé de repères. Même si certains de ceux-ci ne conviennent pas à tous, la clarté du dispositif permet une efficacité que l’enjeu des ZEP nécessite.

Il est dit aussi que le conseil de zone doit pourvoir aux moyens du coordonnateur afin que celui-ci puisse accomplir ses tâches. C’est le bon sens, le niveau central de l’administration ne pouvant préciser ces moyens. Mais cela repose sur la volonté du conseil de zone, et, préalablement sur son existence. Or on sait que des ZEP n’ont pas de conseil de zone, que d’autres ont un conseil de zone constitué par la juxtaposition de représentants d’écoles et d’établissements indépendants refusant la synergie des moyens... On rencontre donc soit des coordonnateurs pourvus de bureau, matériel informatique, téléphone, adresse minitel et E mail, etc. et d’autres dépourvus de tout comme l’étaient les " animateurs de ZEP " de 1982.

Enfin, on notera que le coordonnateur, selon la réglementation, est celui qui représente la ZEP dans l’équipe opérationnelle de développement social du quartier. C’est une évidence et une difficulté : le responsable n’est pas assez disponible pour assurer cette représentation, mais le coordonnateur devra veiller à conserver au responsable absent ses responsabilités, sans pour autant apparaître sans capacités d’initiatives. L’expérience nous montre que le " tandem " responsable - coordonnateur trouve parfois sur cette question l’occasion soit de se déchirer soit de montrer son unité. Plus qu ‘une collaboration, c’est une confiance qui est nécessaire entre eux. Mais un texte réglementaire ne saurait l ‘imposer.

Le rapport Moisan-Simon de septembre 1997 aborde évidemment la question du coordonnateur de ZEP puisque la plupart des aspects du dispositif sont évoqués. Mais il ne s’agit pas de réglementation. La circulaire du 31.10.97 ne s’intéresse pas à la fonction de coordonnateur, renvoyant cette question au-delà de l’année de réflexion, ce qui est sensé. Revenons au rapport de septembre : on rappelle (page 35) l’importance de la fonction, la nécessité de n’y nommer que des enseignants reconnus comme de bons professionnels. On indique que sa qualité essentielle doit être celle de " commis voyageur de la ZEP ". Curieux. Heureusement, juste après, on précise :

 il doit détecter les possibilités de travail en commun dans et hors l’Ecole,
 il doit rechercher toutes formes de financements,
 il doit être un bon gestionnaire,
 il tient le tableau de bord de la ZEP et fait en permanence le point sur les ressources,
 il est le pivot de la documentation propre à la ZEP et la rend disponible à tous.

Cette liste ne saurait recouvrir toutes les tâches effectives, ni les hiérarchiser. Cependant, étant très réaliste, le rapport semble se borner à ces indications, estimant probablement que, déjà, si tous les coordonnateurs de ZEP assuraient cela, le dispositif s’améliorerait.

Suit un paragraphe fort juste sur le rôle des " managers éducatifs " dans les ZEP, titre qui s’applique autant au responsable qu’au coordonnateur de la ZEP mais encore aux chefs d’établissements, IEN et directeurs d’écoles présents dans la zone.

- 3. Les cahiers des charges.

Les lettres de mission adressées par les inspecteurs d’académie aux coordonnateurs et aux responsables donnent de nombreuses indications sur les moyens de remplir ces missions. Mais certains I.A. ont établi des " cahiers des charges " afin de recruter des coordonnateurs de ZEP pour un travail explicitement défini. C’est un effort de clarté tout à fait louable. L’expérience nous montre que les coordonnateurs ainsi recrutés connaissent précisément le " sort " qui leur est réservé. La plupart des coordonnateurs en fonction pour le moment ont été recrutés sans que soient clairement définies leurs conditions de travail. Si, en plus, ils n’ont pas reçu de lettre de mission, les désagréments sont probables. Outre les inconvénients pour eux-mêmes, c’est tout le dispositif ZEP et ses enjeux si importants qui en pâtissent.

Dans les cas les meilleurs, les coordonnateurs ont été recrutés sur un cahier des charges, puis ont reçu une lettre de mission. Une synthèse de plusieurs cahiers des charges établis dans différentes académies nous amène à penser que pourrait se diffuser un document en cinq points :

 1) Le rappel du dispositif général, de son sens premier, la lutte contre une école à deux vitesses, par la réussite scolaire et la citoyenneté des enfants et des jeunes habitant des zones d’exclusion sociale. L’adhésion au dispositif est un préalable. On n’ira évidemment pas jusqu’à l’engagement, encore moins au serment, mais là où le dispositif ZEP est en déshérence, là où il n’a jamais été même mis en place depuis douze ans, ce sera utile de le rappeler.

 2) La liste des tâches sera établie en détail. La mission reçue par lettre étant générale, le cahier des charges, lui, pourra détailler :
 élaboration, mise en œuvre, évaluation régulatrice permanente du projet de zone ;
 liaisons interdegrés et partenariales, rassemblement et diffusion des informations ;
 montage des dossiers, en tenant compte des cultures, langages, calendriers, intérêts propres et réglementations de chaque partie en présence, dans et hors l’Éducation nationale ;
 fonctionnement des instances du dispositif, conseil de zone et ses groupes de travail, secrétariat de la ZEP ;
 lectures, documentation et contacts réguliers pour être au courant de l’évolution des réglementations, des pratiques et orientations internes et externes à la ZEP ;
 participation aux instances partenariales de quartier, promotion de la ZEP, liens avec le sous-préfet à la Ville ou avec la préfecture, participation à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du plan de Service public de quartier ;
 liens réguliers avec les autres ZEP du département, liaisons directes avec les autres coordonnateurs, participation au groupe de pilotage départemental, et suivi de stages départementaux, académiques, nationaux et universités d’été traitant des ZEP ;
 formation, enfin, par la mise au point, avec les acteurs de la ZEP, la MAFPEN, le district et les IEN, d’un plan de formation (élaboration, négociation, mise en œuvre, évaluation) concernant les enseignants mais aussi certains partenaires en certaines occasions, ainsi que la formation du coordonnateur lui-même à resituer soit dans le cadre du plan de formation de la ZEP soit dans le cadre de la formation des coordonnateurs du département ou de l’académie.

 3) Les horaires de travail seront abordés ici, alors qu’en général l’obscurité règne à ce sujet permettant sans doute parfois des situations reposantes (mais au détriment du dispositif), mais aussi des situations d’exploitation des coordonnateurs (au détriment de ceux-ci puis du dispositif, le jour où ils quittent la fonction écoeurés et épuisés). La question du temps de travail est délicate : déchargé d’élèves, le coordonnateur n’a plus cette nécessité impérieuse de repos que connaissent les enseignants, en ZEP particulièrement. De plus, des participations obligatoires à des réunions partenariales le soir, le samedi après-midi ou pendant les petites vacances et début juillet, rendent illusoires les prétentions à conserver ses horaires de présence à ceux des heures d’enseignement. Il faut donc de la souplesse et du réalisme. L’assimilation aux fonctions d’I.E.N. ou de directeur de C.I.O., de ce point de vue, est à envisager.

Le dispositif doit fonctionner au mieux et le coordonnateur doit pouvoir limiter ses jours et heures de travail en s’appuyant sur le cahier des charges. Le responsable de la ZEP doit pouvoir agréer les interprétations de ce cahier, en autorisant les récupérations après constat des obligations de service. Là encore, la qualité du tandem responsable-coordonnateur est essentielle.

 4) Les moyens mis à disposition du coordonnateur seront décidés, comme la réglementation le prévoit, par le conseil de zone. Celui-ci appréciera les nécessités sur rapport du coordonnateur. Une ligne de téléphone, en propre ou aisément accessible, un bureau, un budget de fonctionnement et le remboursement des frais de déplacements semblent le minimum.

Des ZEP, de plus en plus nombreuses, là où les autorités locales, départementales et académiques ont pris leurs responsabilités, disposent d’un équipement informatique, d’un répondeur téléphonique, d’un fax, d’un photocopieur, certaines même désormais d’un serveur minitel et d’un site internet à ce propos, rappelons la décision de Claude Allègre de connecter en priorité les zones rurales isolées et les ZEP). La dimension de la ZEP et l’importance de ses activités nécessitent ou non ces équipements. On peut aussi raisonner au niveau de regroupements de ZEP ou même du département, parfois.

 5) Le salaire et les indemnités seront précisés. On a vu un certain nombre de coordonnateurs de ZEP abandonner leur fonction alors qu’ils étaient manifestement la personne idéale pour la remplir, pour la simple raison qu’année après année ils perdaient de l’argent : cela est particulièrement vrai pour les professeurs de collège. Baser une fonction sur le bénévolat est toujours malsain. En fait, la plupart des coordonnateurs ont accepté la fonction pour son intérêt sans penser qu’ils y perdraient. La déconvenue est ensuite lourde.

L’objectif devrait donc être " Pas de perte " car si le salaire, lié au grade est conservé, les différents compléments liés à la fonction précédente sont perdus. Compenser terme à terme est impossible, surtout pour le premier degré. La solution proposée par une académie est d’attribuer deux indemnités de sujétions spéciales (la " prime ZEP ") aux coordonnateurs. Pour un agrégé qui remplit cette fonction (il en existe en effet), il est très nettement perdant. Faut-il alors prévoir trois indemnités ? Le cahier des charges, s’il se veut sérieux, devra de toutes façons donner une réponse. Celle-ci, intéressant directement les syndicats comme plusieurs autres points du cahier des charges, pourra faire l’objet d’un débat en CAPD et CAPA. Les recteurs et inspecteurs d’académie qui l’ont organisé ont montré du courage mais, contrairement à ceux qui se sont montrés timorés¶ou indifférents, ils y ont gagné la stabilité relative absolument nécessaire au groupe des coordonnateurs de ZEP du département et de l’académie.

Enfin, dans les aspects financiers de la fonction, doit être bien précisé que les déplacements sont remboursés. L’idée selon laquelle c’est impossible est fausse : de nombreux coordonnateurs sont actuellement remboursés, sur des modèles variés : conseiller pédagogique, formateur MAFPEN ou CEFISEM, etc. Mais la formule qui consiste à attribuer des HSE est mauvaise : c’est une confusion de genres et, de plus, le coordonnateur qui en a, au titre des remboursements de déplacements, est imposé dessus.

 6) Nominations et tuilages pour le transfert de fonctions : ce cahier des charges devra être public et être diffusé suffisamment lors de l’appel d’offres pour les fonctions de coordonnateur. Cet appel devra être adressé à tous les personnels de la ZEP, du premier et du second degré, enseignant ou non, relevant de l’Éducation nationale (les quelques expériences de coordonnateurs n’appartenant pas à l’Éducation nationale ont montré les dangers engendrés).

Le choix du coordonnateur est fait, réglementairement, par l’inspecteur d’académie. Celui-ci demandera au conseil de zone, présidé par le responsable et comprenant, entre autres, les I.E.N. et chefs d’établissements concernés, d’établir une liste préférentielle. L’inspecteur d’académie informera les instances paritaires afin que tout soit mené dans la clarté : même si la procédure s’alourdit ainsi, c’est la sérénité du fonctionnement de la ZEP qui se trouvera ensuite favorisée. Si aucun candidat ne se déclare, l’inspecteur d’académie se rappellera la responsabilité de sensibilisation du terrain que lui a attribuée la réglementation depuis 1990. Mais il est improbable dans une situation de clarté administrative apportée par un tel cahier des charges, que personne ne se déclare candidat : l’expérience nous montre que les absences de candidatures (une ZEP n’a pu trouver son coordonnateur que dans le département limitrophe ! ) sont engendrées par l’addition d’un fatalisme collectif local devant les difficultés scolaires et d’une obscurité profonde recouvrant cette fonction.

Une fois connu le nom du futur coordonnateur, le responsable de zone, en lien avec les responsables hiérarchiques directs de l’ancien et du futur coordonnateurs, verra comment assurer un tuilage pour que le passage de fonctions se fasse en douceur. Une ZEP d’Ile-de-France a ainsi une tradition de tuilage long qui permet de savoir 1 an à l’avance le futur coordonnateur. C’est une excellente mesure. Le tuilage nécessite un poste ou une fraction de poste en supplément, pendant un certain temps. Mais cet effort permet à celui qui part de préparer son retour sur son poste d’enseignement ou une adaptation à son futur poste, et au nouveau de s’intégrer harmonieusement dans cette fonction complexe, par exemple pour les questions de gestion financière de la ZEP où l’absence de formation spécifique et l’impossibilité d’appliquer la réglementation : déjà pour cette seule question le tuilage est nécessaire.

Le devenir des coordonnateurs

Quand un corps de fonctionnaires ne comprend que quelques centaines de personnes, on ne s’interroge pas sur les évolutions, les débouchés, les carrières : chacun, pense-t-on, se débrouille. De plus, comme la fonction de coordonnateur n’est pas un grade, il suffit de regagner son corps d’origine et on n’en parle plus.

Parmi les coordonnateurs rencontrés, aucun n’a émis le désir que soit créé un grade et une partie d’entre eux conçoivent sans difficulté de regagner leur poste initial. C’est en effet le cours normal d’une carrière. Cependant, en bonne gestion du personnel, c’est à dire un domaine où l’Éducation nationale a encore beaucoup de progrès à faire, on ne peut que constater un gâchis, tout au moins pour la partie (50 % ?) des coordonnateurs qui ont acquis pendant leurs années de fonction au service de la ZEP des compétences rares dans le système éducatif : à la liaison entre les degrés, entre les écoles, entre les établissements, entre les niveaux hiérarchiques, pour l’interne mais aussi, pour l’externe, avec les autres services publics, les collectivités locales, les associations, etc. De plus, ils savent gérer des dossiers administratifs et financiers.

Ces compétences rares et reconnues amènent les responsables de ZEP à demander à certains coordonnateurs de conserver leur fonction pendant un grand nombre d’années. Mais le travail est d’autant plus usant que les coordonnateurs savent que le défaitisme est le cancer des ZEP et qu’ils doivent toujours entraîner leurs collègues pour une meilleure adaptation du service public et montrer une image positive et dynamique.

Quel avenir pour les coordonnateurs performants ? Le retour dans la classe n’est pas, en soi, à rejeter mais on devrait proposer d’autres débouchés. La relance 1997-1998 pourrait innover sur un thème jusqu’ici ignoré dans le dispositif ZEP.

Nous constatons qu’un certain nombre (30% ?) deviennent IEN ou chefs d’établissement : c’est un débouché naturel pour ceux qui ont pris goût à l’animation d’équipes, aux relations partenariales. Cette orientation est le fruit d’une volonté individuelle, elle n’est pas la résultante d’une proposition du système. D’autres débouchés, sur le mode volontaire, existent : conseiller pédagogique ou IMF, pour les coordonnateurs du premier degré, collaborateurs MAFPEN pour ceux du second. Il faudrait que le système scolaire propose aux coordonnateurs ayant fait un grand nombre d’années de bon travail en ZEP les moyens de préparer ces orientations la dernière année de leur mission.

Autre chose est la création de postes d’un nouveau profil : une fois créés ils seraient proposés aux coordonnateurs ayant acquis des compétences particulières :

 un poste de " coordonnateur des coordonnateurs " auprès de l’adjoint de l’IA chargé des ZEP : ses relations seraient du type coordonnateur / responsable de ZEP et il suivrait donc le quotidien du fonctionnement des ZEP d’un département sous la responsabilité de l’adjoint de l’IA et du groupe de pilotage départemental. Cette fonction apparaît fort utile, quelques départements l’ayant expérimentée. Elle pourrait être systématisée dans tous les départements à forte population.

 un poste d’adjoint technique " Éducation nationale " auprès du sous-préfet à la Ville : l’expérience montre que les sous-préfets à la Ville sont plus à l’aise dans les affaires sociales, de justice et de logement que dans l’éducation. Peu de gens entourent ces fonctionnaires. Un adjoint à l’éducation leur serait sans doute très utile Il faudrait expérimenter la formule dans quelques départements et évaluer. Les quelques coordonnateurs de ZEP qui sont devenus pour la politique de la Ville les référents quasi-officiels pour les affaires scolaires d’un département (on en connaît) pourraient être utilement ces "cobayes".

 un poste au niveau de chaque académie pour assurer à la fois la liaison avec la recherche (dans les universités de la région et avec l’INRP) et la constitution d’une mémoire académique des ZEP : on sait l’importance du travail de mémoire pour les ZEP et la rareté des travaux en ce sens. Seule une personne compétente pourrait entraîner les ZEP à faire ce travail et, de même que Napoléon avait vu la nécessité de classer les archives dans les préfectures si on voulait que les communes soient rigoureuses sur leur production, de même cette fonction nouvelle accompagnera un mouvement nécessaire au niveau des ZEP. L’autre aspect, le lien avec la recherche, est d’une utilité évidente. Les qualités à déployer pour ces deux fonctions ne se forgent pas automatiquement en étant coordonnateur de ZEP. Cependant, le vivier que représente cette fonction pourra permettre de trouver la personne compétente.

 un poste au CRDP, voire dans certains CDDP, spécialisé ZEP. Il s’agirait d’assurer le suivi documentaire, de constituer la "mallette du coordonnateur", comme le fait depuis six ans le CDDP-92, d’aider aux productions des ZEP, les journaux en particulier, de créer des outils spécifiques à partir des ressources trop peu connues du réseau CNDP, d’assurer, enfin, la liaison avec les centres de ressources et les ZEP.

Ces différents débouchés sont des pistes à explorer : on pourrait en imaginer d’autres selon les besoins départementaux et académiques. Leur création permettrait à la fois de répondre aux besoins des ZEP et de permettre à des personnes particulièrement qualifiées de trouver une utilisation intelligente de leurs compétences dans un souci de bonne gestion du personnel.

Le coordonnateur de ZEP au centre des problèmes.

De même qu’il vaut mieux être riche et en bonne santé... il est plus reposant d’enseigner dans les beaux quartiers : tous ceux qui travaillent en ZEP le savent. Le dispositif prioritaire n’a pas les moyens ni même l’objectif de résoudre les problèmes graves et complexes des quartiers d’exclusion. Mais ce dispositif a l’avantage de nommer une réalité de notre système scolaire qui, pendant un siècle, faute de nom justement, n’existait donc pas : la concentration dans des territoires limités d’éléments économiques, sociaux et éducatifs problématiques qui, s’enchaînant, augmentent, ossifient et légitiment les processus d’exclusion.
Une fois nommée, la ZEP peut devenir un pôle de fixation symbolique pour les acteurs locaux et les observateurs extérieurs qui y projettent leurs angoisses de la "banlieue" ou du "désert rural", ou, à l’inverse, tous leurs espoirs d’une réussite scolaire généralisée et génératrice d’un enchaînement positif qui va permettre à chaque élément de la situation de s’améliorer par les autres et de les améliorer.

Beaucoup plus que le responsable de la ZEP qui a une image publique première d’inspecteur ou de principal de collège, beaucoup plus que les enseignants de la ZEP qui apparaissent d’abord comme des enseignants parmi les autres, c’est le coordonnateur, le seul "permanent", le seul à remplir une fonction uniquement définie par le dispositif, qui incarne la ZEP.

Sur lui vont donc se cristalliser les images négatives et anciennes, reflet des peurs, des abandons et des mauvaises consciences locales, mais aussi des images positives et tournées vers l’avenir, reflet des dynamiques, des énergies et des utopies locales. Sa situation ne sera donc pas toujours facile. Il devra s’appuyer sur le projet de zone pour faire adopter aux tristes fatalistes comme aux plus dynamiques des objectifs précis, cohérents, limités dans le temps et régulés par l’évaluation. Il devra s’appuyer sur le responsable et sur le conseil de zone, fonction et instance sans histoire enracinée encore dans la plupart des ZEP.

La partie est donc très difficile à jouer. Mais les enjeux de la ZEP sont tels que, dans leur ensemble, les coordonnateurs forment bien aujourd’hui, qu’ils s’en défendent ou non, l’avant-garde de l’Éducation nationale dans le combat pour l’égalité.

LE QUESTIONNAIRE

Coordonnateurs, que pensez-vous de ce texte ?

Bien indiquer les numéros de page, merci.

Utilisez des pages supplémentaires si vous le souhaitez.

Répondez, si vous le voulez bien, aux questions suivantes, de façon que nous puissions voir, de façon anonyme, dans quelle situation vous vous trouvez. Mettre une croix dans la case choisie, ou commenter à côté.

1. Votre situation :

1.1. votre ZEP :

1.1.1. C’est une ZEP
rurale
semi-rurale

urbaine

1000 élèves
1000 à 5000

+ 5000 élèves

nombre d’écoles maternelles :
nombre d’écoles élémentaires :
nombre de collèges :
nombre de LP ou lycées :

1.1.2. Le responsable
un IEN
un principal
autre

1.1.3. Le conseil de zone
existe
n’existe pas
fonctionne bien
fonctionne mal

1.1.4. Le projet de zone
est bien connu
est peu connu

bien appliqué
mal appliqué

adapté à la ZEP
peu adapté

a peu d’axes
longue liste d’axes

évalué
mal évalué

1.1.5 Historique

ZEP de 1982
ZEP de 1990 o autre date

avec mémoire tenue à jour

sans mémoire

nombre de responsables depuis l’origine :
nombre de coordonnateurs depuis l’origine :

1.2. Vous :

1.2.1. En fonction depuis la rentrée scolaire 19....

1.2.2. Votre corps d’origine :
instituteur ou prof. des écoles
professeur de collège

autre réponse

1.2.3. Votre nomination :
par appel d’offres public
par contacts directs IEN ou principal
autre formule

1.2.4. Lettre de mission :
vous en avez reçu une de l’IA

on vous l’a annoncée et vous attendez

il n’en est pas question

1.2.5. Cahier des charges
vous en avez reçu un de l’IA.
on vous l’a annoncé et vous attendez
il n’en est pas question

1.2.6. Votre décharge :
mi-temps
temps complet
autre réponse, précisez :

1.2.7. Vos fonctions effectives :

Application du projet de zone

par les contacts avec les enseignants
par les contacts avec le responsable
par les contacts avec les IEN, principaux, directeurs
par les contacts avec des partenaires
par la participation directe à des actions du projet

Contacts avec le responsable :
réguliers : quotidiens, hebdomadaires, autres : précisez :
irréguliers mais aux bons moments
rares

Evaluation des actions
Travail permanent : soutenu par le responsable, mené isolément
Travail ponctuel annuel
Travail momentané sur demandes de l’IA

Politique de la ville :
participation à l’équipe opérationnelle de quartier
participation à diverses réunions et actions Ville
’plan de services publics de quartier’
participation difficile ou limitée
p
as de liens chroniques

Montage de dossiers de financements :
souvent parfois rarement
seul avec resp en équipe
aisément avec difficultés

Documentation rassemblée pour les enseignants de la ZEP
travail régulier
parfois ou jamais importante éparse pour le resp pour tous
futur projet de zone

question en débat
question ignorée

seul
avec resp. en équipe nouveau projet ancien actualisé

liaisons interdegrés
travail quotidien travail occasionnel

secrétariat du conseil de zone de la ZEP
liens avec d’autres ZEP du département
de l’académie
autres :

participations départementales ZEP
groupe de pilotage départemental
groupe de travail départemental des coord.

montage d’actions de formations dans la ZEP

accueil des nouveaux nommés formations spécifiques au projet de

zone formations interdegrés
formations pour les parents d’élèves

formations partenariales
autres : suivi de formations au titre de stagiaire

stages de form. continue ordinaires
stages de form. continue spécifiques ZEP
stages de form. continue spécifiques coord.
au PAF ou PDF au PNF Univ. d’été

1.2.8. Vos moyens :

un bureau
un téléphone
un fax un minitel
un ordinateur
un E mail

un budget propre
(budget propre au coordonnateur : frais postaux, etc.)
un secrétariat
(secrétariat : accès possible à un secrétariat)

autres moyens à votre disposition :

1.2.9. Votre temps de travail d’une manière générale :

la journée de travail
vous commencez vers 8 h 30 vous finissez vers 17 h autres formules :

les jours de la semaine
lundi, mardi, jeudi, vendredi et samedi matin du lundi au
vendredi, sans le merc. après-midi autre découpage de la semaine :

les périodes de l’année

seulement en période scolaire parfois en période de petites vacances
du 1er septembre au début juillet autre découpage de l’année scolaire :
les réunions et obligations hors des périodes habituelles

fin d’après-midi :
souvent,
de temps à autres,
jamais

soirées :
souvent,
de temps à autres,
jamais

samedi apr-midi :
souvent,
de temps à autres,
jamais

petites vacances :
souvent,
de temps à autres,
jamais

juillet-août :
souvent,
de temps à autres,
jamais

1.2.10. Votre salaire et vos indemnités diverses :

En devenant coordonnateur de ZEP
vous avez augmenté vos revenus grâce à :
vous avez maintenu vos revenus
vous avez réduit vos revenus à cause de :

Quelles activités rémunérées faisiez-vous avant et que la fonction de coordonnateur vous empêche d’exercer maintenant ?

2. Votre opinion

2.1. Sur la relance des ZEP

Vous avez eu connaissance

du rapport Moisan-Simon
de la conférence de presse du 30.09.97
de la circulaire du 30.10.97

2.2. Sur la fonction de coordonnateur

2.2.1. La situation réglementaire actuelle

est insuffisante est trop pesante est appliquée
est inappliquée est satisfaisante est insatisfaisante

2.2.2. Cette nouvelle fonction (ou profession)
est reconnue est méconnue
est épuisante est possible à exercer
peut être exercée par la plupart des enseigts requiert des qualités peu répandues
nécessite une formation spécifique initiale peut s’apprendre sur le terrain
nécessite une formation continue spécifique peut s’exercer avec les directives du resp.

2.2.3. Ce nouveau "métier" est intéressant pour

ses enjeux sa liberté les contacts
mais aussi :

2.2.4. Il est difficile en raison
du fatalisme ambiant chez les enseignants du conservatisme de beaucoup de la hiérarchie du manque de moyens des horaires de travail
mais aussi : ...................................

2.3. Que faut-il modifier pour la fonction de coordonnateur à l’occasion de la relance des ZEP ?

2.3.1. En priorité :
2.3.2. Mais aussi :

3. Votre avis sur le l’initiative de l’OZP et sur ce questionnaire :

 

à renvoyer à l’OZP, 20, rue Henri Barbusse, 92230 Gennevilliers

Répondre à cet article