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Philippe Meirieu fait des propositions devant la mission Ecole-Parents de l’Assemblée nationale

11 avril 2014

Lorsque ses parents l’ont inscrit à l’école, ils étaient un peu comme les passagers d’un avion aujourd’hui qui ne vont pas voir le commandant de bord pour lui donner leurs instructions. Ils faisaient confiance à l’enseignant. Ce n’est plus le cas et c’est avec cette comparaison que Philippe Meirieu décrit l’actuelle "crise de confiance à l’égard des institutions", notamment l’Ecole, lors de son audition, hier 8 avril, par la mission d’information de l’Assemblée nationale sur les relations entre l’Ecole et les parents. Il explique que les parents peuvent avoir le sentiment d’avoir été "floués" du fait des "ratés" de la démocratisation du système scolaire. Autrefois, c’était la République qui n’admettait pas leurs enfants au lycée. A présent, l’Ecole leur donne leur chance, et s’ils échouent, c’est leur faute. Ils étaient des victimes, ils deviennent "coupables de leur propre échec".

Ce transfert de responsabilité s’accompagne d’une externalisation croissante du traitement des difficultés. L’Ecole n’est pas "à elle-même son propre recours". Il ne s’agit pas, précise Philippe Meirieu, que chaque établissement offre une solution à chacun de ses élèves, même s’il souligne à cette occasion l’importance des RASED, mais que le système scolaire propose des solutions. En l’état, cette externalisation a un coût qu’il estime à 3 ou 4 milliards d’euros, à la charge des collectivités ou des familles.

Celles-ci sont en effet invitées à se tourner vers des formes privées d’enseignement et de remédiation scolaire, ou vers une médicalisation de la difficulté, au risque d’une montée du "charlatanisme néo-médical". Et celles qui "n’ont pas accès à un système alternatif" adoptent des "comportements préjudiciables", elles se heurtent à une institution qui leur semble avoir un sentiment de toute puissance, où les conflits sont arbitrés par des fonctionnaires d’autorités. Ils sont alors frontaux, parfois violents ou judiciarisés. S’y ajoute, comme le fait remarquer Dominique Nachury, députée du Rhône, le sentiment d’une certaine opacité, les parents n’ont pas le droit de prononcer certains mots.

Des parents organisés en collège

Philippe Meirieu répond par deux propositions. Il faudrait augmenter considérablement le nombre des médiateurs, qu’il y en ait même "un par circonscription". Bien des jeunes retraités de l’Education nationale pourraient jouer ce rôle, à condition que leurs fonctions soient encadrées par une charte très précise, qu’ils aient reçu une formation, et qu’ils rendent des comptes. Par ailleurs, les parents d’élèves délégués d’un établissement pourraient se constituer en collège, comme cela se fait dans des établissements étrangers, et tenir des permanence pour accueillir les parents, les écouter, et servir d’intermédiaires avec le principal ou le proviseur... On peut envisager un statut pour ces parents, à condition qu’une charte précise leurs droits et leurs devoirs. Faut-il, par exemple, qu’ils participent au conseil de classe de la classe où est leur enfant ?

Mais l’Education nationale ne devrait-elle pas davantage soigner sa communication ? Alors que les élèves se voient distribuer des "fiches navettes" pour leur orientation en fin de 3ème, aucune émission de radio ou de télévision ne leur en explique le fonctionnement ou les enjeux. L’institution doit "fournir des outils à destination des familles plus lisibles", c’est vrai au niveau national comme au niveau de l’établissement, où trop souvent les réunions ne sont pas préparées, où les enseignants ne se sont pas préalablement distribué les rôles et entendus sur les messages à transmettre. Là encore, il faudrait "un cahier des charges" fort pour éviter cette "multitude de petites choses" qui créent des tensions alors que "l’Ecole de la République a besoin de tenue".

Extrait de touteduc.fr du 09.04.14 : Philippe Meirieu : l’Ecole de la République a besoin de tenue (audition devant la mission école-parents)

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