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Les UPE2A, qui vont bientôt remplacer les classes d’accueil en application de la circulaire d’octobre 2012, suscitent des oppositions

25 avril 2014

A la faveur du formidable documentaire « la Cour de Babel », les classes d’accueil pour enfants allophones montrent le visage d’une école éminemment démocratique. Et pourtant, une circulaire risque d’effacer la complexité si constructive du dispositif. Karine Risselin, enseignante en classe d’accueil au collège Jules Ferry de Villeneuve-Saint-Georges [en RRS] , nous livre son témoignage entre stupeur et inquiétude.

[...] Enfin c’était comme cela jusqu’à aujourd’hui puisqu’une circulaire de 2012 entre en application, édulcorant le dispositif pour le transformer en UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). Alors que l’élève peut suivre jusqu’à 26 heures par semaine en classe d’accueil, ce sera désormais 18 heures fléchées essentiellement pour le français, les mathématiques et l’anglais. Pour le reste, l’intégration en classe sera directe comme si arriver dans un collège pour un enfant migrant ne rencontrait pas d’autres obstacles que ceux de la langue. « Cette enveloppe généreuse permettait les projets comme la participation au Printemps des Poètes ou à Collège et cinéma. L’année prochaine, nous ne pourrons plus le faire », s’inquiète Karine Risselin
Que deviendront aussi les conseils de la classe, les « quoi de neuf », tous ces moments où le groupe se retrouve autour des échanges qui permettent d’exprimer ce qui est plus difficile à dire ailleurs : l’arrivée en France, la peur, le conflit de loyauté entre deux pays, deux attachements. Le travail autour de la littératie, autour de la culture avec des visites de musées, des correspondances avec une autre classe, sont autant d’ouvertures pour mieux maitriser l’expression et donc la communication avec les autres au sein de la classe ordinaire. La classe d’accueil se vit en détours utiles pour devenir un élève comme les autres. [...]

Extrait de cahierspedagogiques.net du 24.04.14 : En vrai la Cour de Babel n’est plus

 

[...] Au moment où sort le documentaire [la Cour de Babel] qui a eu un beau succès et où le Ministre de l’Education loue le dispositif, l’application d’une circulaire (Circulaire n° 2012-141 du 2/10/2012) transforme les classes d’accueil en UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants), et fait voler en éclat la notion de groupe classe pour proposer une intégration directe des élèves en classe ordinaire, avec seulement trois matières à enseignement spécifique. Voilà qui scelle la fin des apprentissages multiples permis par le groupe dont témoigne le film, pour favoriser une « inclusion » immédiate.

La circulaire est déjà expérimentée dans plusieurs académies dans les collèges, mais aussi dans le 1er degré avec la progressive disparition des CLIN (Classes d’initiation pour non francophones dans le primaire) ; elle sera appliquée à la rentrée prochaine dans le 94.

La physique en chinois
Jusqu’à présent, en collège, les élèves de classe d’accueil (CLA), de 11 à 16 ans bénéficiaient de 26 heures semaine de français, mathématiques, anglais, histoire-géographie éducation civique, sciences, musique, arts plastiques et EPS avec des enseignants spécialisés dans la pédagogie pour élèves allophones. Avec la nouvelle circulaire, un élève n’aura plus que 18 heures de cours spécifiques : généralement 12 heures de français, 4 heures de mathématiques et 2 heures d’anglais. Dans les autres matières, il sera directement inclus en classe ordinaire ; c’est comme si demain, nouvel arrivant en Chine, vous étiez confronté à suivre directement un cours de physique en chinois sans connaître la langue…

Ceci implique une inscription en classe ordinaire dans le niveau qui correspond à l’âge de l’élève, avec un jonglage dans les emplois du temps, étant entendu que la circulaire indique qu’au moins une matière doit être suivie intégralement dans la classe de rattachement : faut-il alors privilégier le cours de SVT en classe ordinaire ou le cours de français pour allophones qui tombent tous les 2 en même temps ?

Avec « l’unité pédagogique », plus de classe, donc plus de professeur principal ( mais un simple coordonnateur) dont le rôle auprès des familles était déterminant, mais aussi le suivi des élèves ; plus de conseil de classe, donc de prise en compte particulière des élèves auxquels on demandera d’emblée les mêmes performances que les autres en classe ordinaire. Plus de possibilités non plus de mener des projets pédagogiques spécifiques, par ailleurs, les élèves allophones seront accueillis dans les classes par des enseignants non formés à l’accueil et à la pédagogie envers ces publics.

Un patchwork de cours
Une clameur de protestation s’élève parmi les enseignants de CLA de la France entière, ils considèrent qu’avec le nouveau dispositif, l’accueil des nouveaux arrivants n’est plus décent et que l’on place les enfants dans une position difficile qui nie le temps d’adaptation nécessaire à un pays, à sa langue, à ses us scolaires et culturels.

Une pétition est en ligne à l’adresse suivante

Le dispositif des UPE2A est très difficile à mettre en place administrativement, élèves comme enseignants s’y perdent, il oblige à mettre en place « un patchwork de cours », par exemple, pour suivre le cours de français, l’élève rate une heure d’histoire-géo, donc doit rattraper le cours, essayer de le comprendre sans l’avoir suivi !

Les personnels et personnes engagées demandent l’abrogation de la circulaire et le maintien du dispositif cohérent des CLIN et des CLA qui a fait ses preuves, en permettant une adaptation progressive et une inclusion en classe ordinaire une fois seulement que l’élève y est prêt. [...]

Extrait du site des Cahiers pédagogiques : Classes d’accueil : la fin d’un dispositif qui fonctionne ?

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