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Compte rendu de la conférence de Pierre Merle sur la notation des élèves (Mercredi de Créteil du 30 avril 2014)

5 mai 2014

Un bon usage de la notation est-il possible ?

Faut-il renoncer aux notes, comme s’y essaient quelques établissements expérimentaux ? Ni l’institution, ni ses acteurs n’y semblent prêts. Ce qui n’empêche pas d’examiner les pratiques réelles, de les comparer avec celles d’autres systèmes scolaires, de juger si certaines semblent mieux adaptées à l’apprentissage et à la réussite scolaire.
Pierre Merle, sociologue, agrégé de Sciences économiques et enseignant à l’ESPE de Bretagne intervenait le 30 avril 2014, dans le cadre des Mercredis de Créteil du CNDP, à l’occasion du cycle « Pour une école bienveillante : renforcer le plaisir d’apprendre » pour une réflexion sur la Notation des élèves : état des savoirs et « pratiques efficaces ».
Il entendait montrer que certaines données sont à prendre davantage en considération : renoncer à l’idéal de la note « vraie », admettre la réalité des « biais » d’évaluation qui influent sur les notes, mutualiser et varier les formes d’évaluation pour atténuer leurs effets pervers. Un usage révisé de la notation, en somme, au service de l’équité et du progrès scolaire.

[...]
Des biais sociaux et psychologiques sous-estimés

Les expériences de psychologie et de sociologie menées auprès de correcteurs font apparaître des tendances assez régulières dans la notation. On note plus sévèrement les garçons, les élèves d’origine étrangère, les redoublants, les élèves qui ont du retard scolaire. De même, les notes données précédemment à l’élève, le statut social de l’établissement d’origine (banlieue ou centre-ville, ZEP ou quartier favorisé), les effets d’apparence et de présentation physique, produisent des inflexions de notes sensibles pour une même copie. Les contraintes qui pèsent sur la notation peuvent être externes : type d’établissement, type de direction (sévère ou indulgente), normes de notation disciplinaire, comme en philosophie, par exemple, où la moyenne stagne à 8/20 au bac, à l’opposé des arts ou du sport. S’y ajoutent des contraintes internes : logique de « tenue » de classe, négociations particulières avec les élèves, relations personnelles (affectives) avec certains d’entre eux. Enfin, le rapport du professeur avec sa propre expérience scolaire n’est pas anodine : le souvenir des notes obtenues, sa conception de l’école, élitiste ou ouverte à tous, son passé de réussite ou de difficulté, influent sur son évaluation. Pierre Merle regrette que les études plus pointues, par exemple sur les différences de notation selon le genre du correcteur, manquent encore pour affiner le repérage de ces tendances souvent inaperçues. Le tabou reste d’autant plus vif sur ces questions que le modèle de la « vraie » note, impartiale, équitable, juste et neutre, reste un repère très important au sein de l’institution. Le meilleur moyen de contrer ces effets pervers serait pourtant de les porter au jour et à la réflexion de chacun.

Quelques indications en vue de l’équité et du progrès scolaire.

Quelques précautions devraient pourtant permettre de déjouer certains biais dans la pratique réelle. Ainsi, il semble important de préserver l’anonymat social de l’élève dans le cadre scolaire : la pratique des fiches de renseignements personnels, outre son caractère indiscret, risque de fixer inutilement une image préconçue de l’élève. De même, l’anonymat des élèves lors de l’évaluation, par l’échanges des copies, par exemple, lors de contrôles préparés en commun, et la définition de barèmes et d’exigences disciplinaires partagés, peuvent atténuer les effets de cumul, tout comme la variation régulière des types d’évaluation. Inversement, la notation peut jouer sur les ressorts de la prophétie auto-réalisatrice : une note encourageante stimule les progrès et évite le phénomène de spirale négative. De même, plus les règles de l’évaluation sont claires, plus le contrat est défini, plus la notation perd de son caractère aléatoire et effrayant. Les modèles étrangers donnent à réfléchir
Le programme des conférences, les vidéos et les podcasts des conférences des Mercredis de Créteil sur le site de l’Académie [...]

Extrait de cafepedagogique.net du 02.05.2014 : Un bon usage de la notation est-il possible ?

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