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Le rapport des inspections générales sur la mise en place du conseil école-collège rappelle l’importance de la liaison interdegrés dans le dispositif d’éducation prioritaire

30 juillet 2014

La mise en place des conseils école-collège
Rapport Conjoint IGEN-IGAENR, mai 2014

Le conseil école-collège a été institué par l’article 57 de la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’École de la République. Le décret n° 2013-683 du 24 juillet 2013 a défini sa composition et ses modalités de fonctionnement et prévu la mise en place progressive de cette instance au cours de l’année scolaire 2013-2014.
La mission a suivi ce processus. Elle s’est intéressée à la mise en place administrative des conseils (formes de pilotage au niveau académique et départemental, choix faits par les acteurs concernant la composition des conseils, articulation entre les différentes instances) et aux questions soulevées par leur création (sectorisation, organisation des temps de rencontre, indemnisations). Elle a également dressé un premier état des lieux des programmes d’actions engagés ou envisagés pour la rentrée 2014, en les resituant par rapport aux dispositifs existants.
Si la vocation pédagogique du conseil est bien perçue par les acteurs, le rapport formule des préconisations pour que les actions proposées soient mises en cohérence et soient davantage conçues comme une réponse aux besoins des élèves.

Extrait de education.gouv.fr : Les rapport de l’IGEN

 

Le rapport intégral

 

EXTRAITS
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1.2. La continuité école-collège est un principe fort du fonctionnement des réseaux d’éducation prioritaire
Le fait de faire travailler ensemble les deux degrés est inhérent à la politique de l’éducation prioritaire depuis l’origine. Dès la première circulaire sur les « zones prioritaires »14, c’est le secteur de collège avec « ses » écoles qui est pris en compte. Celle-ci est complétée par une
nouvelle circulaire en décembre 198115 qui élargit la zone prioritaire à l’ensemble d’un territoire sur lequel doit se mettre en place une politique cohérente, traduite par un projet commun.
En 1998, la relance de l’éducation prioritaire s’appuie sur la création de réseaux qui permettent d’associer le collège et les écoles qui en relèvent autour d’un contrat de réussite e tde définir ainsi des objectifs pédagogiques au niveau du réseau16. La circulaire n° 99-007 du 20 janvier 1999 qui concerne l’élaboration, le pilotage et l’accompagnement des contrats de réussite des réseaux d’éducation prioritaires demande que le responsable du réseau « désigné, connu et reconnu par l’ensemble des partenaires » et le coordonnateur « issu aussi
bien du second que du premier degré », qui reçoivent « une lettre de mission que le recteur établit en fonction des objectifs et du contenu du contrat de réussite », réunissent régulièrement « un conseil de réseau ouvert à l’ensemble des écoles et des établissements du réseau et à ses principaux partenaires ».
Cette politique est renouvelée en 2006 avec la création des réseaux « ambition réussite » qui reprennent la même organisation en la situant dans le cadre du socle commun : « Tous [les élèves] doivent acquérir les connaissances et les compétences du socle commun par ledéveloppement d’un environnement de réussite, en atténuant notamment la rupture entre l’école et le collège. » (circulaire n° 2006-058 du 30 mars 2006). Chaque réseau constitué comprend un collège et les écoles, maternelles et élémentaires, qui l’alimentent, cette organisation visant à renforcer la cohérence pédagogique autour du parcours scolaire des élèves. Aux réseaux « ambition réussite » (RAR), créés dès la rentrée 2006, s’ajoutent à partir de la rentrée 2007 des réseaux de réussite scolaire (RRS) mis en place par les académies.
Le comité exécutif, qui devient l’instance de pilotage du réseau, est constitué du principal de collège, du principal adjoint et de tous les directeurs des écoles élémentaires et maternelles rattachées. L’IEN de la circonscription peut également en faire partie. Le comité exécutif est
donc une première instance interdegrés permettant de fédérer des écoles et un collège autour d’un même projet formalisé par contrat. Ce contrat s’articule avec le projet d’établissement et les projets d’écoles.

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Selon les catégories de personnels retenues [...]
Dans les réseaux RRS ou ECLAIR, c’est la question de la participation des maîtres supplémentaires ou animateurs des réseaux qui est posée, pour les deux degrés. Le choix d’inviter un conseiller pédagogique et un adjoint au chef d’établissement a pu être fait sur l’ensemble d’un département ou dans certains secteurs à l’intérieur d’un département, pour préfigurer certainement des possibilités de délégations ultérieures du copilotage.

[...] Page 28
4.1.3. Les dispositifs et actions des réseaux de l’éducation prioritaire
Les collèges des réseaux ECLAIR et des RRS ont déployé un nombre important d’actions visant à rapprocher écoles et collège et à créer une continuité éducative et pédagogique. On y retrouve les dispositifs et actions évoqués ci-dessus. Les moyens supplémentaires, notamment les enseignants surnuméraires ou les coordonnateurs de réseau, ont permis d’y développer davantage les observations partagées, les co- nterventions ou interventions croisées et les formations communes entre les deux degrés.
La liste des nombreux projets impliquant des élèves des écoles dans un réseau ECLAIR de l’académie de Lille donnera une idée des multiples formes que peut y prendre le travail entre premier et second degré : rencontres chorales (concerne le collège et une école) ; projet artothèque avec le Louvre-Lens (prêt d’oeuvres sérigraphiques) ; intervention du professeur de physique dans une école pour permettre aux élèves de découvrir sa discipline et d’avoir une approche positive du collège ; travail autour d’albums présentés par le professeur d’anglais ; élaboration d’une progression en calcul mental du CM2 à la cinquième ; proposition d’activités mathématiques à partir d’énigmes ; réalisation de frises, fresques et affiches dans le cadre de la commémoration la Grande guerre (une classe de CM1 / CM2 et une 5ème) ; semaine de la science ; activités sportives associant les élèves de 6ème et les CM2 : cross, rugby... ; « La grande évasion » : projet conduit par les professeurs d’EPS pour aider les élèves encore non nageurs à la fin du CM2 à vaincre leur peur de l’eau ; lecture d’albums à des élèves de maternelle par des élèves de quatrième de SEGPA. Si certaines de ces actions, comme l’élaboration d’une progression en calcul mental et le travail en anglais autour des albums, s’emploient à construire des continuités pédagogiques, les autres juxtaposent des projets aux finalités diverses.

Le travail est en cours pour repenser l’ensemble de ces actions et ce pourra être le rôle du conseil école-collège de donner sens et cohérence à ce programme et d’en évaluer les résultats. La mission n’ayant pu visiter que quelques établissements en éducation prioritaire, elle ne saurait juger de l’ensemble mais elle a pu avoir l’impression, dans certains cas, d’une multiplication des projets qui faisait oublier la nécessaire réflexion sur la continuité pédagogique et l’enseignement dans l’ordinaire de la classe.

À l’inverse, certains ont choisi plus particulièrement de faire de l’évaluation par compétences à la fois un élément de continuité entre l’école et le collège (avec par exemple l’expérience de 6ème sans notes) et une base de travail commune sur l’acquisition du palier 2 du socle. Au collège Jacques Prévert de Gaillard (Haute-Savoie), en RRS, un stage de liaison école-collège a ainsi défini des incontournables à l’entrée en 6ème pour la maîtrise de la langue, les mathématiques, la méthodologie et les attitudes, et a élaboré des échelles de progrès dans ces quatre domaines.

Dans le réseau la Marquisanne à Toulon, classé en éducation prioritaire, le travail interdegrés a été guidé par les objectifs fixés dans le contrat de réseau d’éducation prioritaire, à savoir lutter contre l’illettrisme et développer l’autonomie. Au départ, les questions qui ont été bordées concernaient essentiellement la prise en charge de la difficulté scolaire et les dispositifs d’aide de l’école au collège. La réflexion sur la continuité et la fluidité des parcours s’est étendue à tous les élèves des écoles de la circonscription de Toulon 2 et des cinq collèges qu’elles irriguent, qui se sont engagés depuis 2011-2012 dans une expérience de pilotage concerté entre le premier et le second degrés47. Une enquête a été conduite auprès des élèves, des rencontres intercycles ont été mises en place, des points d’achoppement dans le passage CM2-6ème ont été identifiés. Des professeurs des écoles ont assisté à des cours de collège et réciproquement. Une des réponses aux difficultés des élèves a concerné l’organisation du temps scolaire. Les horaires des 6ème ont été aménagés le matin : des plages de 1 h 30 avec le même professeur ont ainsi contribué à créer des rythmes plus favorables aux apprentissages, du temps plus long pour s’immerger dans les apprentissages mais aussi pour varier les activités. Des projets pédagogiques communs ont été développés, avec l’accompagnement des IA-IPR des disciplines concernées, dans des groupes de travail interdegrés : un projet mathématiques, sur la manière d’aborder les notions, un projet sciences, et un projet mythologie, développé à l’échelle de toute la circonscription et visant à construire une culture commune structurante du primaire au collège. Une réflexion pédagogique commune, pilotée par l’IA-IPR de lettres (et IA-IPR référent du réseau) a également été engagée afin de favoriser la construction du « sujet lecteur » sur le parcours école-collège. Un troisième ensemble de réponses, en lien avec des médecins et des
chercheurs, a porté notamment sur la relation parents-enfants ou sur les principes et les moyens de la motivation. Fondées sur une analyse précise de ce qui se joue dans le passage de l’école au collège et élaborées par les acteurs eux-mêmes dans la durée, les réponses apportées, en concertation entre les deux degrés, et en impliquant l’inspection pédagogique, préfigurent ce que pourrait apporter le conseil école-collège s’il développe ses potentialité.

De manière plus générale, on constate que les pratiques existantes en réseau ECLAIR vont pouvoir trouver dans le CEC une instance d’harmonisation et de mise en cohérence, et un nouvel objet dont les acteurs pourront s’emparer pour renouveler et structurer les formes de
leurs actions.

 

Voir aussi Les obstacles à la mise en oeuvre du Conseil école-collège (CEC) : le rapport des Inspections générales vu par le Café et par Tout Educ

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