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"Jours de collège. Une prof débutante en banlieue", par Louise Cunéo et Sophie Delcourt, Ed. Bartillat, 2014. Entretien de Sophie Delcourt

8 septembre 2014

Jours de collège
Une prof débutante en banlieue
Louise Cuneo, Sophie Delcourt, Bartillat, 2014, 254 p.

Agressions verbales, conflits avec les parents, lâchetés de la direction, mais aussi des instants de bonheur : que se passe-t-il dans la tête d’une jeune enseignante, tout juste nommée dans le collège d’un quartier difficile de la banlieue parisienne ? Entre désillusions et colères sourdes, humour et optimisme, Sophie Delcourt raconte un quotidien qui n’a rien à voir avec ce qu’elle imaginait.

Dans ce journal, inspiré de celui tenu toute l’année 2013-2014 sur le site du Point.fr, la débutante dit tout de ses déceptions et de ses espoirs. Plus qu’un témoignage, c’est un document indispensable sur la situation de l’école d’aujourd’hui et la réalité du métier d’enseigner.

Louise Cuneo, journaliste au magazine Le Point, est spécialisée dans les questions d’éducation.
Sophie Delcourt est professeur d’histoire-géographie dans un collège francilien depuis la rentrée 2013.
Jours de collège est leur premier livre.

Extrait de editions-bartillat.fr : Jours de collège

 

Dans "Jours de collège", Sophie Delcourt livre un récit édifiant de sa première année d’enseignement dans un collège difficile de banlieue parisienne.

Qu’est-ce qui a été le plus dur lorsque vous avez commencé à enseigner, dans un collège classé en « ZEP », et aujourd’hui « REP » ?

La découverte de la réalité a été brutale. J’idéalisais le rapport des élèves à l’école, sans doute parce que j’ai effectué ma scolarité dans un collège relativement bourgeois en province. Je n’avais jamais été confrontée à un tel rejet de l’école et des enseignants. J’arrivais de Paris, pétrie de bonnes intentions. Avec l’idée que, ayant été nourrie par les valeurs de l’école républicaine, je pouvais rendre la pareille à d’autres élèves. Au lieu de cela, j’ai eu le sentiment de me prendre une porte à la figure. Il y a eu d’emblée un malentendu : les élèves n’ont pas compris que j’étais là pour eux, avec la ferme intention de les aider. J’ai eu l’impression de devoir me battre pour, simplement, faire cours.

Que vous a-t-il le plus manqué pour enseigner dans de bonnes conditions ?

Je n’ai pas eu de formation spécifique. J’ai passé le concours il y a plusieurs années et comme j’enseignais à l’université, une fois que j’ai soutenu ma thèse (1), on a considéré que je savais enseigner. C’était très gentil car cela m’a évité un an de stage, mais ce n’était pas sérieux. Au début, je ne savais pas faire un cours. J’ai dû composer avec mes propres souvenirs de collège. Mon cas n’est pas isolé, tous les vacataires sont dans la même situation. [...]

Dans votre ouvrage, vous dénoncez « la désinvolture de l’administration ». Quel est le problème ?

Quand j’ai été séquestrée par deux élèves de 4e, l’an dernier, le chef d’établissement a minimisé les faits, en m’expliquant que cela m’était arrivé parce que j’étais débutante. Au point que les parents s’engouffraient dans la brèche ! Il a fallu se battre pour obtenir un conseil de discipline. D’une manière générale, l’administration est prise entre le marteau et l’enclume, entre les profs qui voudraient un maintien de l’ordre et la nécessité pour l’établissement d’adresser des statistiques au ministère. Or un collège est aussi jugé en fonction du nombre de conseils de disciplines qu’il organise…

Vous évoquez des équipes pédagogiques soudées, avec des « alliés inattendus ». Tout n’est donc pas si sombre ?

Non, ça a été la bonne surprise ! La raison pour laquelle j’arrivais encore à me lever le matin ce sont mes collègues. Ils ont été la lumière de ces mois sombres. [...]

Pour mettre fin aux problèmes de discipline, vous semblez dire que la solution est l’exercice noté. Les notes au collège sont-elles vraiment la solution ?

On en discute beaucoup entre enseignants, mais je n’ai pas d’avis tranché. [...]

Extrait de vousnousils.fr du 07.11.2014 : Prof en REP : « L’impression de devoir me battre pour faire cours »

 

Voir aussi
Le journal d’un prof débutant (dans un collège difficile), 26e épisode : le stage de formation (Le Point)

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