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"Le bien-être à l’école", intervention de Frédéric Jesu au congrès de l’ANDEV à Reims les 3, 4 et 5 décembre 2014

24 décembre 2014

[...] Le bien-être à l’école … Dans un congrès de l’ANDEV, on suppute que « école » est une métonymie, cette figure linguistique qui désigne la partie pour le tout. Par école, j’entends donc les espaces, les temps, les activités, les contenus et les acteurs dédiés aux apprentissages scolaires. Mais aussi tous ceux, qui se déroulant souvent dans les mêmes espaces dits scolaires, mobilisent des temps, des activités, des contenus et des acteurs qui ne le sont pas, et que l’on qualifie cependant, absurdement ou abusivement, de « périscolaires » et parfois d’ « extrascolaires ». A l’ANDEV, on sait bien pourquoi se manifeste, jusque dans la terminologie, un tel scolaro-centrisme, et je crois le savoir moi aussi. Passons. Donc : le bien-être dans tous ces espaces temps, et avec tous ces acteurs-là.

Le bien-être à l’école … Ce titre n’indique pas qu’il s’agisse de traiter du bien-être des seuls enfants, même en les envisageant sous le masque désincarné de ces abstractions juridiques dénommées « élèves » par le ministère de l’Education nationale ; le professionnel que j’ai été et le militant que je suis sera cependant tenté de centrer son propos sur ces enfants, qui sont la raison d’être de l’école.
Mais il conviendra d’aborder aussi le bien-être de ceux qui travaillent pour et avec les enfants – quoique, bien entendu, pas comme eux ni pour les mêmes raisons – : les enseignants, comme le plus souvent quand on parle d’école, mais aussi les ATSEM, les animateurs, les éducateurs sportifs, les personnels du transport et de la restauration scolaire, les ATOS, les CPE, les personnels administratifs et j’en oublie sans doute parmi tous ces adultes qui eux aussi font vivre l’école.
Ce thème, toutefois, relève plus classiquement du thème du bien-être au travail ou, au mieux, de la non souffrance au travail. Il conviendra enfin, et j’y insisterai aussi, de parler de ceux qui ne passent à l’école au mieux que quelques minutes par jour et quelques heures par an, et dans des conditions de bien-être variable : on aura reconnu les parents, principaux financeurs du dispositif notamment par leurs contributions fiscales, qui abondent les budgets de l’Etat et des collectivités locales, et leurs cotisations sociales, qui abondent les contributions des Caisses d’allocations familiales à l’action éducative locale.

L’ampleur et la profondeur du thème du « bien-être à l’école » résultent donc tout autant des mots qui le composent que de ce qu’ils indiquent en filigrane. De par ma formation et mon ancien métier de pédopsychiatre de service public, je l’envisagerai tout d’abord à partir d’une approche de santé publique ; puis à partir de ce que enfants, parents et professionnels de l’éducation m’ont donné à entendre, à travers leurs difficultés, de leurs conceptions d’un possible bien-être.
Mes expériences de militant des droits de l’enfant et de l’éducation populaire et de consultant / formateur auprès des collectivités locales m’amèneront ensuite à interroger la façon dont les collectivités locales et l’Etat contribuent déjà, et peuvent contribuer mieux encore, à ce « bien-être à l’école », et notamment à celui des enfants. J’en déduirai pour conclure qu’il s’agit là d’une question éminemment politique.

Une approche de santé publique
Rappel – « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition est celle du préambule de 1946 à la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle n’a pas été modifiée depuis.

Définition qui semble placer la barre assez haut : la santé serait-elle un objectif inaccessible ? Une utopie ?

En réalité, cette définition démédicalise la santé. Celle-ci-est un « état ». On peut avoir une maladie ou une infirmité et être ou se sentir bien, et même « en bonne santé », à condition toutefois d’être autonome ou compensé dans ses pertes d’autonomie. On voit bien à quel point cette considération est importante pour organiser et accompagner, de façon à la fois éthique et efficace, le parcours d’intégration ou d’inclusion – à l’école, au centre de loisirs, au Conservatoire, au club sportif, etc. – d’un enfant en situation de handicap ou présentant une maladie chronique.

En tant qu’état, la santé s’assimile de fait au bien-être. Mais, surtout, l’un et l’autre dépendent de ce qui les détermine. En santé publique, on parle des déterminants de la santé qui sont par exemple, selon l’Agence de santé publique du Canada :

1.le niveau de revenu et le statut social ;
2.les réseaux de soutien social ;
3.l’éducation et l’alphabétisme ;
4.l’emploi et les conditions de travail ;
5.les environnements sociaux ;
6.les environnements physiques ;
7.les habitudes de santé et la capacité d’adaptation personnelles ;
8.le développement de la petite enfance ;
9.le patrimoine biologique et génétique ;
10.les services de santé ;
11.le sexe ;
12.la culture.
[...]

Extrait de prisme-asso.org du 09.12.14 : Ecole et collectivités – De la refondation de l’école à la refondation des temps éducatifs. D’en empare pour ne pas subir !

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