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"Le Café" et "Tout Educ" : deux comptes rendus de la rencontre OZP sur les PEDT

15 janvier 2015

Comment concrètement sur le terrain s’articulent projet d’établissement, politique académique et projet éducatif territorial ? Le 14 janvier, l’Observatoire des zones prioritaires (OZP) invite deux représentantes du Conseil général de Seine Saint-Denis pour faire le point. Malgré le dynamisme du département et ses investissements, la concertation reste pauvre et la relation reste à construire.

Les immenses besoins éducatifs de Seine Saint-Denis
"Dans un souci d’éducation partagée, le Département souhaite promouvoir la mise en synergie des actions menées sur le territoire par l’ensemble des acteurs éducatifs, dans le respect de leurs compétences". En novembre 2012, le conseil général de Seine Saint Denis signait un projet éducatif territorial avec la rectrice de Créteil. Deux ans plus tard, Aurore Brachet et Raphaële Buchsenschutz, du Conseil général de Seine Saint-Denis font le bilan de cette démarche dans un département exceptionnel.

Car la Seine Saint-Denis reste un département particulier. D’abord par ’limportance de sa jeunesse : 30% des habitants ont moins de 20 ans et le nombre d’élèves croit régulièrement. Ensuite par une situation sociale exceptionnelle. 22% des ménages sont sous le seuil de pauvreté. 22% des élèves entrent en retard en 6ème (13% e France). Enfin le département se singularise aussi par son effort éducatif. En 2010 il a bloqué 723 millions pour construire 12 collèges en 4 ans. Il consacre 8 millions par an à des actions éducatives (hors numérique).

Naissance des projets éducatifs territoriaux
"En 2011, on a fait le bilan que l’école ne pouvait pas y arriver toute seule. Et le département non plus", explique Raphaële Buchsenschutz. D’où la rédaction d’un projet éducatif départemental axé sur deux thématiques : se construire, avec des projets sur la santé et al prévention de la violence ; se former avec un parcours d’orientation, de la prévention etc. De cette époque date la programme phare du département. Le dispositif ACTE recueille les élèves exclus des collèges.

En novembre 2012, le projet éducatif territorial signé avec la rectrice pointe les points de rencontre avec le projet académique et s’organise autour de 4 axes : les actions déployées en faveur des élèves déjà présentes dans le projet départemental ; les actions vers les parents, par exemple la mise en place d’espace parents dans les nouveaux collèges ; les actions vers les personnels come des formations ; les actions vers les établissements comme la dotation numérique ou la carte scolaire.

Des résistances dans l’Education nationale
Pour les deux représentantes du Conseil général, le bilan au bout de deux ans met surtout en avant les résistances dans l’éducation nationale. "Les agents restent dans une démarche de catalogue. Ils utilisent des projets clés en main qui entrent dans leurs objectifs pédagogiques. Mais il y a un manque d’appropriation de la dynamique par les établissements.
Les projets éducatifs sont votés par les établissements mais pas forcément appliqués", dit Raphaële Buchsenschutz. Elle souligne aussi le manque d’espace de collaboration. "Les enseignants nous disent qu’ils n’ont pas le temps de se réunir avec nous. Les principaux de collèges ont des envies mais ils ne se posent pas la question de la logique de réseau. Le département n’est pas identifié comme un acteur pédagogique". La loi de refondation, les Rep+ donnent des leviers . Mais le département se demande jusqu’à quel niveau il doit descendre pour son action. Enfin la réforme territoriale, où l’avenir du département n’est pas clair, retarde la signature des conventions tripartite avec les établissements.

Un bon exemple est donné avec le dispositif ACTE. Ce sont 700 jeunes qui sont accueillis chaque jour dans le dispositif ACTE dans le cadre d’une convention passée entre 70 collèges (sur 125) et le département. "On craignait qu’on nous délègue les élèves", explique Aurore Brachet. "On a donc travaillé une charte avec la direction des services départementaux de l’Education nationale (DSDEN). Le retour de l’élève au collège doit être travaillé avec le collège. On réaffirme la nécessité du lien avec le collège où on va raconter ce qui s’est passé dans le cadre du dispositif".
Le Conseil général pointe les difficultés de communication entre les principaux et les enseignants à l’origine de l’exclusion. La communication reste aussi très difficile avec les ateliers relais et avec le personnel de santé et le services sociaux de l’éducation nationale (problème de secret par exemple).

"Il faut créer la relation de confiance" avec l’éducation nationale, estime A Brachet. Le programme ACTE et les autres ont des effets sur le élèves qui sont visibles. "Il faut travailler sur la formation des enseignants pour qu’ils comprennent comment fonctionne un partenariat avec une collectivité locale". La généralisation des contrats tripartites annonce de nouveaux défis pour coordonner les ambitions rectorales, les politiques départementales et les demandes locales.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 15.01.15 : Projet éducatif territorial et Education nationale : Le mariage reste à consommer

 

Dans le cadre des rencontres de l’OZP", Raphaële Buchsenschutz et Aurore Bachet, en charge du projet éducatif de la Seine-Saint-Denis, ont listé hier 14 janvier, les questions qui se posent lors de la contractualisation d’un "projet éducatif territorialisé".

Il s’agit d’abord de résoudre les problèmes créés par le manque d’espaces de collaboration entre les services concernés aussi bien au sein du conseil général qu’avec les autres acteurs. Il faut aussi passer du catalogue d’offres et du consumérisme d’activités à l’appropriation du Projet - ce qui n’est pas contradictoire avec la fourniture de "projets clés en mains" comme outils pour les enseignants -, surmonter les inégalités territoriales tant sur le plan du tissu associatif (en termes de répartition comme en termes de taille ) que sur celui des moyens des communes, prendre en compte la création de la Métropole du Grand Paris... ce sont donc quelques unes des questions que travaille le département de Seine-Saint-Denis (70 000 collégiens et 125 collèges), dans le cadre de la mise en oeuvre de son Projet éducatif pour les 11-16 ans.
C’est sur celui-ci, ainsi que sur le Projet académique, que prend appui le Projet éducatif territorial 2013-2015 signé par la collectivité avec le rectorat de Créteil et ce, dans le contexte facilitateur de la loi de juillet 2013 sur la refondation de l’Ecole et de la refondation de l’éducation prioritaire.

Autres questions à traiter pour la collectivité : comment aider les 78 collèges de l’éducation prioritaire (soit 62% des collèges du département) à ne pas être uniquement dans la seule préoccupation du lien pédagogique avec les écoles et à prendre leur place dans les réseaux locaux des territoires où ils sont situés ? comment parvenir à une éducation réellement partagée ? de quelle manière conduire à ce que l’adolescent soit, dans la pratique, au centre du projet ? comment se prémunir du risque de voir, dans le Projet territorial, le dispositif départemental ACTE (accompagnement des collégiens temporairement exclus ) devenir la caution des exclusions ? quelle articulation avec les ateliers-relais ? comment faire vivre des contrats tripartites collège-tutelle-collectivité départementale ? comment aboutir à la réussite d’une coopération entre les personnels d’éducation et les personnels sociaux, ces derniers étant tenus par le secret professionnel ?

Former l’ensemble des acteurs à la méthodologie de projet
Le Projet départemental, fruit d’une volonté politique et fondé sur un diagnostic partagé, a été élaboré en commençant par l’interne du conseil général, puis avec l’Education nationale et, enfin, avec l’ensemble des acteurs. La volonté a été et est de le "territorialiser" afin qu’il devienne également largement partagé. Mais, dans cette démarche, et à l’approche de la fin de la première phase du Projet (novembre 2015 ), il convient de veiller à ce que, d’une part, l’équité territoriale progresse et que, d’autre part, le département ne se coupe pas de son Projet, ce qui est un risque quand, dans sa stratégie de " territorialisation", la collectivité se positionne plutôt comme ressource pour les collèges de par sa connaissance de leur environnement.

C’est à ce propos qu’un des participants à la Rencontre affirme que "l’établissement, c’est le plus territorial et c’est le plus démuni pour connaître son environnement". D’où la nécessité de former l’ensemble des acteurs à la méthodologie de projet.

Finalement, l’exemple de la Seine-Saint-Denis, exemplaire à bien des égards, ne démontre-t-il pas qu’un projet a besoin de temps et qu’il ne peut vivre que si ses pilotes et acteurs considèrent que les difficultés à surmonter sont autant d’opportunités pour le faire avancer ?

Arnold Bac

Extrait de touteduc.fr du 15.01.15 : Projet éducatif territorialisé : "l’établissement, c’est le plus territorial et c’est le plus démuni pour connaître son environnement".

 

 

Voir le mot-clé, qui couvre aussi les dispositifs précédents : CUCS, PEL
Pedt, Contrat Ville, Pel, Cucs (gr 5)/

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