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Travailler à l’extérieur de la classe et avec le quartier, témoignage d’un prof d’Histoire-Géo du collège ECLAIR Edouard Manet à Marseille (lettre régionale de la réussite éducative en Provence-Alpes-Côte d’Azur)

1er avril 2015

Nous avons le plaisir de vous adresser, ci-joint (voir le PDF ci-dessous) , le sixième numéro de la lettre régionale de la réussite éducative en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cette lettre, réunissant informations institutionnelles, témoignage et ressources, se veut un outil commun aux acteurs de l’éducation prioritaire et de la réussite éducative dans les quartiers populaires.
Approches Cultures & Territoires (ACT) et le Centre de Ressources pour la Politique de la Ville (CRPV-PACA)

 

TEMOIGNAGE

Aurélie MOULIN, professeur d’histoire-géographie au Collège Édouard Manet, Marseille

Cet établissement fait partie du réseau d’enseignement ECLAIR. Nos conditions d’enseignement sont très difficiles. Le lieu est ancien, dégradé et surtout inadapté aux missions qui lui incombent. Nos élèves évoluent sur un site dangereux et les manquements sont nombreux. Nous ne sommes pas équipés pour recevoir des élèves handicapés, il n’y a ni rampe, ni ascenseur, l’accès est impossible pour les persnnes à mobilité réduite. Nous ne disposons pas, ou peu, d’équipements sportifs et les cours d’EPS ont lieu dans la cours de récréation, ce qui multiplie les conflits d’usage... la liste est loin d’être exhaustive, nous l’avons d’ailleurs transmise, il y a plus d’un an, aux autorités référentes mais nous n’avons toujours pas de retour.

Nos élèves résident et évoluent déjà dans un territoire difficile, à l’image du collège, tout autant dégradé et laissé à l’abandon. Les solutions qu’on nous propose sont toujours temporaires ou ridicules. On repeint des murs qui s’effritent.

Je suis professeur à l’éducation nationale et j’ai choisi d’enseigner ici d’abord par logique géographique. Je me suis installée dans le 14°, j’habite à moins d’un kilomètre du collège, je suis usagère du territoire, j’ai demandé le poste le plus proche de chez moi.
Le milieu social et les problèmes liés à un territoire ne devraient pas rentrer en compte dans nos choix de carrière mais la réalité est tout autre et cela est compréhensible car enseigner aujourd’hui dans un établissement comme le Collège Édouard Manet est en réalité bien plus difficile que dans d’autres types d’établissements.

Quel sens pour les apprentissages au regard de cet environnement ?
Personnellement, j’enseigne l’histoire, la géographie et l’éducation civique, les approches sont donc multiples et nous sommes amenés à traiter de nombreux faits liés à l’histoire proche voire actuelle. Je travaille beaucoup sur la notion de mémoire, notamment avec l’éducation civique. L’art et la culture sont une composante également importante dans mon enseignement.
En dehors de la classe, nous avons mis en place différents clubs (théâtre, radio, japonais, presse, danse) qui permettent aux élèves de découvrir de nouvelles choses. Ces activités sont sources de nombreux apprentissages. Les élèves rencontrent des professionnels qui leurs présentent leurs métiers et apportent aux élèves d’autres exemples d’orientation. Parmi les projets réalisés, nous avons travaillé avec un groupe d’élève sur les 30 ans de la marche pour l’égalité et nous avons édité un journal développant différentes thématiques autour de l’égalité des droits Nous insistons sur la valorisation de nos élèves et de leurs productions de façon à faire évoluer l’image trop souvent galvaudée qu’a la société de ces jeunes en favorisant des parcours de réussite individuelle.

Qu’est il possible de faire à l’extérieur de la classe ?
Nous travaillons en lien avec les différents acteurs du territoire qu’il s’agisse de structures ou d’habitants. Cette cohésion renforce l’impact de nos missions d’enseignement. Le suivi des élèves est plus efficace : aide aux devoirs, gestion des élèves exclus, communication avec les familles, suivi médical... D’autre part, nos projets gagnent en visibilité car ils sont relayés par nos partenaires.
Ce travail en réseau me semble nécessaire. Il y a de plus en plus d’actions et de projets.
Le café des parents nous permet d’échanger avec des parents d’élèves, des cours d’alphabétisation sont suivis par certains parents et un atelier théâtre, en lien avec les élèves du club, a été mis en place cette année. Nous participons aux projets des centres sociaux et de la maison des familles, notamment autour de l’orientation.
Nous essayons également d’établir des partenariats avec des structures extérieures au quartier pour diversifier nos actions tout en impliquant les éducateurs et travailleurs sociaux du territoire.

Qu’est ce que l’école doit faire dans nos quartiers pour garantir la réussite de tous ?
Malheureusement, l’école manque de moyens et même si l’on écoute nos revendications, je ne suis pas sûre qu’on nous entende. Cela s’applique à tous les établissements scolaires. Cependant, il est évident que le territoire dans lequel s’inscrit un établissement joue sur les difficultés que rencontrent élèves et professeurs. Je voudrais qu’il y ait plus d’égalité et ce dès la maternelle, nos collèges sont dégradés et nos écoles sont en ruines.

Il faut plus de moyens mais il faut surtout repenser la conception même de l’école républicaine. Il faudrait que l’État s’engage a assurer plus de mixité sociale et d’hétérogénéité dans nos classes de façon à rendre la réussite de nos élèves concrètement possible.

Documents joints



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