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- La mobilisation continue à Bobigny où parents et enseignants réclament plus de moyens pour les écoles et collèges - "Je sors du bord du monde", témoignage d’une directrice d’école à Bobigny

18 mai 2015

La mobilisation ne faiblit pas à Bobigny où parents et enseignants réclament plus de moyens pour les écoles et collèges. Entretien avec Jules Siran, professeur d’Histoire-Géographie au collège République, syndiqué à SUD éducation.

[...] A Bobigny, tous les établissements sont classés REP. Avec la réforme de l’éducation prioritaire, on pouvait donc s’attendre à des moyens supplémentaires.

[...] Au collège République par exemple, pourtant classé REP+, on nous supprime une cinquantaine d’heures d’enseignement à la rentrée prochaine et une centaine d’heures sur les quatre prochaines années. On nous répond qu’on a obtenu des heures de concertation, avec la fameuse pondération (1h de cours est décomptée 1,1h) et que, de ce fait, notre DHG augmente. Les heures d’enseignement vont pourtant baisser l’année prochaine ! Il s’agira d’enlever des heures de cours en demi-groupe, dans différentes disciplines, ce qui donnait de l’air aux élèves en difficultés…

Extrait de vousnousils.fr du 15.05.15 : Education prioritaire : un ras-le-bol à Bobigny

 
"Je sors du bord du monde"

Ce soir, à la sortie de l’école, un élève m’attendait. Il habite au 115 et tous les deux ou trois jours, on le change d’hôtel.
Comme il n’est qu’en CE2, souvent il attend pour que je lui explique comment faire pour y aller. Et souvent, je ne parviens pas à expliquer, alors je fais monter tout le monde dans ma voiture et je les emmène.
Massy, Cergy, Champs sur Marne, Sarcelles, Gonesse, ... Cette fois, il fallait aller à Mery sur Oise.
Et pour aller de Bobigny à Mery sur Oise, la voiture c’est tout de même plus simple.
L’hôtel se trouve très loin de la gare, dans une zone industrielle plantée au milieu des champs.
Lorsque nous arrivons, il est 17 h. Sur le parking, il y a des
enfants. Des enfants noirs, des enfants blancs, qui tous parlent le français. Toutes les chambres de l’hôtel sont "115". Les enfants demandent "T’es 115 ? ".
Mon élève répond : "Oui". C’est une nouvelle nationalité...
Les autres enfants ne vont plus à l’école. Trop loin. Trop de
changements.
Entre la zone industrielle, les champs, la décharge, c’est le bord de notre monde. Là où il n’y a plus d’enfance, plus d’école.
juste une "mise à l’abri".
je me demande si c’est eux qui sont abrités, ou si c’est nous qui nous abritons de cette misère.

Véronique DECKER

Source : un courrier de Véronique Decker, directrice d’école à Bobigny

Voir aussi
Une lettre ouverte à la ministre d’enseignants et parents d’élèves en REP à Bobigny et 2 témoignages d’enseignants

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