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Forte médiatisation des études CNESCO sur la mixité sociale : classes de niveau, options, EPI (dossier)

30 mai 2015

Les deux études préparatoires à la conférence du CNESCO

Dans le cadre de cette Conférence, le Cnesco publie deux rapports inédits :

 Un rapport international, produit avec le CSE du Québec, présentant les différentes expériences de mixité sociale à l’école dans les pays de l’OCDE

 Un état des lieux des mixités sociale et scolaire dans les collèges et lycées français, réalisé par Son Thierry Ly et Arnaud Riegert pour le Cnesco

 

"Ce n’est pas une bombe à retardement. C’est une bombe pour aujourd’hui". Vice-présidente du Sénat et membre du Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) Françoise Cartron résume le 28 mai l’enjeu du débat national que va lancer le Cnesco (conseil sur la ségrégation sociale et scolaire à l’Ecole), une institution indépendante crée par la loi d’orientation.

A l’appui de ces propos, deux rapports percutants produits par le Cnesco sur la ségrégation dans l’Ecole française et sur les politiques anti ségrégatives menées dans le monde. La conférence du Cnesco qui va s’ouvrir le 4 juin devrait fortement interpeller un ministère qui ne s’est toujours pas occupé avec force au problème.

Extrait de cafepedagogique.net du 29.05.15 : Le Cnesco dévoile l’ampleur de la ségrégation dans l’Ecole française

 

[...] 5. Les EPI ne fonctionneront pas comme les options

La réforme offre désormais à tous les élèves le même horaire hebdomadaire. Le fait que les moyens dégagés, et notamment les heures profs, s’adressent à tous, est une garantie. L’autre garantie est que les enseignements complémentaires (accompagnement et projet interdisciplinaire) ne sont pas du temps en plus, mais du temps inclus dans les dotations disciplinaires qui bénéficient à tous les élèves. Dans un établissement, il ne sera de plus pas possible de créer un menu à la carte, donnant plus d’heures d’accompagnement à certains élèves d’une classe ou d’un niveau, et plus d’EPI à d’autres.

Resterait la possibilité de différencier les EPI en fonction du profil des élèves, par leur contenu : par exemple en créant des EPI LV pour les bons, et des EPI « monde économique et professionnel » pour d’autres, certains collèges pouvant ainsi mettre en place des filières d’excellence réservées et attractives. Cette possibilité est là encore très limitée puisqu’il faut effectuer au minimum 2 EPI/an, et étudier au minimum 6 thématiques/8 dans le cycle 4. Ces EPI ne sont pas des programmes différents mais une autre façon de traiter les programmes (par un projet reliant des disciplines). Les élèves, quelque soit les EPI qu’ils auront menés au collège, auront bien étudié les mêmes programmes : certains points auront juste été traités par des projets interdisciplinaires. Par ailleurs, les élèves ne choisiront pas nécessairement leurs EPI car garantir un choix à tous les élèves est compliqué, nécessite des régulations pas toujours justes, impose des contraintes d’organisation. [...]

Extrait de ecolededemain.wordpress.com du 27.05.15 : Le régne de la concurrence

 

[...] Quinze ans après, rien ne semble avoir changé : l’étude présentée ce jeudi révèle qu’un collège sur deux a des classes de niveau, des classes de « bons » élèves et/ou de « mauvais ». « Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, c’est aussi vrai dans les Hauts-de-Seine qu’au fin fond de la Lozère. Cela semble universel comme pratique », commente Arnaud Riegert, l’un des auteurs de l’étude.

Autre enseignement, qui pourrait alimenter le débat sur la réforme du collège : « Les classes bilangues (deux langues dès la sixième) et le latin ne sont qu’un facteur d’explication parmi d’autres de la ségrégation entre les classes. » C’est malgré tout un facteur important : « en Ile-de-France, par exemple, 60% des collèges qui pratiquent les classes de niveau le font par le jeu des options », expose Son Thierry Ly. « Cela veut aussi dire que pour les 40% restants, la raison est autre… »

La sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco, ajoute : « Ce débat sur le rôle des options est surtout médiatique. Au sein même de la communauté éducative, on sait très bien que ce n’est pas en supprimant telle ou telle option qu’on améliorera la mixité. Les chefs d’établissement, et les parents, trouveront toujours des moyens de créer des classes de niveau. »
L’enjeu, martèle-t-elle, c’est d’arriver à faire prendre conscience à tous des bienfaits de la mixité. « Tous les parents, même de milieu favorisé, ont intérêt à ce que leur enfant soit dans des classes mixtes. Comment voulez-vous sinon qu’il s’adapte plus tard en entreprise, et dans la société, s’il n’a côtoyé que des élèves de milieu aisé ? »

Extrait de liberation.fr du 28.05.15 : Un collège sur deux a des classes de niveau

 

[...] Que reste-t-il du collège unique censé offrir un enseignement identique à tous les élèves ? C’est la question qui s’impose à la lecture du premier état des lieux de la mixité sociale et scolaire dans les établissements, rendu public le 28 mai par le Conseil national d’évaluation du système éducatif (Cnesco). Alors que la fronde contre la réforme du collège s’est un peu calmée, les deux rapports divulgués par cette instance indépendante, l’un décryptant la situation française, l’autre valorisant les comparaisons internationales, obligent à ouvrir les yeux sur un sujet qui demeure tabou : la ségrégation sociale et scolaire. Un phénomène qui, malgré quelques déclarations gouvernementales récentes – dont la dénonciation d’un " apartheid territorial " par le premier ministre, Manuel Valls –, a souffert jusqu’à présent d’une forme d’invisibilité statistique.

Cette carence est désormais en partie comblée par deux chercheurs de l’Ecole d’économie de Paris (Son-Thierry Ly et Arnaud Riegert) qui proposent une sorte de chiffrage de l’entre-soi scolaire en analysant les catégories socioprofessionelles des élèves et leurs résultats au brevet. Verdict : plus d’un élève sur dix fréquente un établissement accueillant deux tiers d’élèves de milieux socialement très défavorisés, estiment-ils. A l’inverse, un enfant de chef d’entreprise ou de parent cadre, enseignant ou profession libérale a, dans son établissement, presque deux fois plus de camarades appartenant à la même catégorie sociale que lui qu’un élève de classe moyenne ou populaire.

Extrait de lemonde.fr du 29.05.15 : Des classes de niveau dans près d’un collège sur deux

 

Selon deux chercheurs, ces classes dites élitistes s’adressent davantage aux bons élèves qu’aux élèves bien nés

[...] Les classes bilangues s’imposent ainsi comme des filières informelles d’excellence, parfois utilisées par des familles pour contourner la carte scolaire. Elles peuvent permettre d’éviter le collège de secteur et d’accéder à un établissement ayant une meilleure réputation.

[...] C’est un autre son de cloche que l’on a pourtant entendu dans les cortèges d’enseignants descendus dans la rue, le 19 mai, contre la réforme du collège. Ceux qui exercent dans des collèges difficiles retournent d’ailleurs l’argument : ces bilangues, disent-ils, permettent de " garder les bons élèves " et de maintenir un " certain degré " de mixité sociale. Les chefs d’établissement en font eux-mêmes une stratégie. " Si notre collège demeure attractif, c’est aussi grâce à une classe musique et à la classe bilangues qui évitent les départs vers le privé ", concède Laurent Housset, principal du collège Edgar-Varèse (Paris-19e). Dans cet établissement classé en éducation prioritaire, 25 élèves en 6e – et presque autant en 5e – font de l’anglais et de l’allemand. " Cela nous permet aussi de tirer certains élèves vers le haut, poursuit le principal, en leur offrant la possibilité de rejoindre, ensuite, une section européenne ou de préparer un Abibac - baccalauréat franco-allemand - au lycée. " Des sections européennes vouées, elles aussi, à disparaître – du moins au niveau du collège.

" Ecole de l’exigence "
Analyse peu différente au collège Daniel-Mayer (Paris-18e), classé lui aussi en zone d’éducation prioritaire. " Ce sont des classes très hétérogènes au niveau social, soutient la principale, Catherine Donohue-Weill, et nous montrons - à travers elle - que l’école publique, c’est aussi une école de l’exigence. [...]

Extrait de lemonde.fr du 30.05.15 : Classes bilangues : un effet limité sur la ségrégation

 

[...] L’étude du conseil s’intéresse à la ségrégation sociale (selon les catégories socio-professionnelles [CSP] des parents), et à la ségrégation scolaire (selon les résultats des élèves), entre établissements, et entre classes, au sein même des collèges et des lycées français.

[...] La mixité change selon le département (carte)

La ségrégation sociale serait, d’après l’étude, liée à la zone géographique des établissements. « La ségrégation sociale peut être 10 fois plus importante dans certains départements que dans d’autres », note le Cnesco.

Les collèges présentant la plus forte ségrégation sociale sont situés, en majorité, dans les départements urbains. Au contraire, les zones « à faible densité de population recrutent sur un rayon plus large, favorisant la mixité sociale des élèves », indique l’étude.

Extrait de vousnousils.fr du 29.05/15 : Etat des lieux de la mixité sociale au collège et au lycée

 

Voir aussi
Une étude réalisée pour la conférence internationale du CNESCO des 4 et 5 juin 2015 confirme les effets "dévastateurs" de la ségrégation scolaire externe et interne aux établissements et la force du "lobby des parents" (Touteduc)

Le dossier du Café sur la mixité sociale et la ségrégation scolaire

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