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Une analyse sociologique des différentes formes de démocratisation scolaire et de ségrégation (Pierre Merle, in La Vie des idées)

9 septembre 2015

Alors que la plupart des pays européens ont entrepris des réformes en profondeur de leurs systèmes éducatifs en vue de les démocratiser, l’école française reste une des plus élitistes. Pierre Merle revient sur la mesure des inégalités scolaires et les réformes nécessaires.

La rentrée scolaire 2015 a fait l’objet de polémiques centrées sur l’inégalité de l’école française. Le débat est aussi présent parmi les chercheurs : l’école française se démocratise-t-elle ou les logiques de reproduction sont-elles dominantes ? L’une et l’autre se combinent-elles ? Un bilan est-il possible ? Pour répondre à ces interrogations, les sociologues ont décliné le concept de démocratisation de l’enseignement de différentes façons : démocratisation quantitative, qualitative, uniforme, ségrégative…
Autant de notions essentielles à la compréhension des transformations actuelles de l’école française. Les données empiriques les plus récentes relatives à l’évolution de la scolarisation en France remettent cependant en cause le mouvement de démocratisation. Ne faut-il pas désormais donner un nom à ces nouvelles dynamiques ? N’assiste-t-on pas à une élitisation de l’enseignement ?

[...] Conclusion

L’actuel développement de la préscolarisation des enfants des catégories populaires, la réforme de la carte scolaire, dont l’objet est de favoriser la mixité sociale, ainsi que la récente réforme du collège, qui prévoit la suppression des classes européennes et des sections bilangues en collège, constituent des politiques nouvelles, dans leur principe favorables à l’équité et à l’efficacité. Elles ont suscité des réticences résolues et des réactions stéréotypées – « nivellement par le bas », « égalitarisme », « renoncement à la culture » – alors même que ces réformes sont conformes aux préconisations de l’OCDE mises en œuvre avec succès dans des pays tels que l’Allemagne ou la Pologne. Pourquoi les changements réalisés avec succès dans des pays voisins sont mis en œuvre de façon si limitée en France ou, pire encore, résolument rejetés ?

L’année 2015 correspond au 40e anniversaire de la création du collège unique dont l’objectif, en 1975, était de contribuer à la démocratisation de l’enseignement : « La mise en place d’un système unique de collèges pour tous les jeunes Français constituera un moyen puissant d’égaliser leurs acquis culturels. Elle devra s’accompagner sur le plan des programmes de la définition d’un savoir commun » (Giscard d’Estaing, 1979).

Alors même que le collège unique a été réalisé par un parti politique qui se classait au centre de l’échiquier politique, l’idée d’un « savoir commun » à tous est aujourd’hui contestée, et le verbe égaliser, dont la connotation est désormais négative, est devenu désuet, politiquement obsolète. Sur la décennie 2002-2012, une des origines centrales de l’élitisation de l’école française tient au rejet du principe même d’égalité.

Extrait de laviedesidees.fr du 08.09.15 : L’école française démocratique ou élitiste ?

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