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Liaison ZEP - Enseignement supérieur et "lycée d’élite" : de nouvelles analyses

3 décembre 2005

03/12/05 - L’Ouverture de l’enseignement supérieur aux élèves de ZEP

Extrait de «  Libération » du 02.01.05 : Ecole : la sauvegarde d’un moule

Ouvrir davantage les filières d’excellence conforte un peu plus le système et ne s’attaque pas à la diversification des voies de réussite.

En dépit de la bascule de la notion de « discrimination positive » vers celle d’« égalité des chances », le gouvernement persiste dans la même logique et applique à l’éducation une forme d’état d’urgence qui ne fait que repousser à demain les réponses aux questions qui se posaient hier. L’histoire des ZEP l’a pourtant montré : quelle que soit la bonne volonté des personnels d’éducation, il ne suffit pas de créer des espaces d’exception pour enrayer les mécanismes d’exclusion, a fortiori quand « donner plus à ceux qui ont moins » se traduit, sur le terrain, par « donner à peine plus à ceux qui ont beaucoup moins ».

La question la plus névralgique, et aussi la plus hérétique, n’est probablement pas « comment donner plus » mais « comment donner autrement » sans brader pour autant l’intégrité des savoirs à transmettre. Le hic, c’est que poser la question induit que le système éducatif, s’il ne crée pas les inégalités, contribue au moins à les maintenir ; voire qu’il en remet une couche, dans sa propension compulsive à hiérarchiser « bonnes » et « mauvaises » filières, à classer « bons » et « mauvais » élèves, phénomène qui n’exprime aucune échelle de valeur cohérente (il y a aussi des « mauvais » élèves dans les classes d’Henri-IV).

De ce point de vue, le réflexe du gouvernement ¬ comme du PS ¬ consistant à tenter de produire de l’égalité en ciblant les classes préparatoires aux grandes écoles en dit long. Message sous-jacent : le seul modèle d’excellence qui vaille est celui des prépas ; la République fraternelle est prête à y accueillir tous ses enfants, à condition qu’ils passent sous les fourches caudines de cet unique instrument de « réussite ».
Le recours à l’apprentissage précoce ressortit à la même logique : plutôt que d’interroger l’incapacité du collège à diversifier ses approches pédagogiques, le gouvernement externalise le problème en direction des entreprises, après l’avoir fait en direction des associations via les « ateliers relais » pour collégiens en instance de décrochage. Il ne s’agit là ni de « donner plus » ni de « donner autrement » mais de « donner ailleurs », quitte à exhumer des approches pédagogiques alternatives finalement bien pratiques pour prendre en charge les élèves qui ne rentrent pas dans le moule (les pédagogues ont l’habitude : quasiment tous leurs théoriciens ont forgé leurs outils au contact d’enfants en rupture, de Makarenko à Korczak, de Montessori à Pestalozzi, etc.).

Seule Sciences-Po est allée plus loin, ne se contentant pas d’aider des élèves de ZEP à passer son concours d’entrée, mais créant une voie d’accès parallèle (lire page 6). Pour les concepteurs de cette formule, il va de soi que c’est la nature même du concours qui définit le profil des élèves qui réussiront et, en creux, celui de ceux qui échoueront à tout coup.

Etendre à l’ensemble du système éducatif cette philosophie ¬ celle d’une authentique diversification des voies de réussite et non d’une hiérarchisation permanente entre « bonnes » et « mauvaises » filières, génératrice de frustrations et d’exclusion ¬ exigerait une réforme d’une ambition que ni la droite ni la gauche ne semblent prêtes à assumer, d’autant qu’elle n’interroge pas seulement l’école (les grandes écoles tirent aussi leur prestige de la pérennité du sauf-conduit social et professionnel qu’elles délivrent dans les entreprises et la haute fonction publique). Elle seule, pourtant, permettrait de passer de la « discrimination positive » à l’« égalité des chances ». Et ferait peut-être oublier que la situation actuelle est en partie le produit de trois ans et demi de choix budgétaires, pédagogiques et politiques qui ont privé l’Education nationale du peu de marge de manoeuvre dont elle disposait pour permettre à ses personnels d’aider plus et mieux les élèves en difficulté.

Emmanuel Davidenkoff

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03/12/05 - Hypokhâgne et math’sup pour des élèves de ZEP

Extrait de « La Tribune » du 02.01.05 : Villepin annonce une série de mesures pour répondre au malaise des banlieues

Suite aux violences qui ont sévi pendant plusieurs semaines dans les banlieues, le Premier ministre place l’année 2006 sous le signe de l’égalité des chances. Les mesures annoncées concernent la lutte contre la discrimination, l’emploi et l’éducation, avec notamment l’apprentissage dès 14 ans.

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Autre mesure destinée à développer l’intégration des jeunes issus de milieux défavorisés, le lycée parisien Henri IV accueillera, dès la rentrée scolaire 2006, une trentaine de bacheliers venant de zones d’éducation prioritaires (ZEP) afin de les préparer aux classes préparatoires (hypokhâgne, math’sup...). Enfin, pour lutter contre la discrimination, le Premier ministre a annoncé la légalisation du testing. Cette méthode consiste à vérifier à l’improviste que les entreprises, les boîtes de nuit ou les agences immobilières n’ont pas de pratiques discriminatoires.

latribune.fr

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03/12/05 - Henri IV va accueillir des élèves de ZEP
Extrait du « Monde » du 02.01.05 : Prépas : des classes d’accueil à Henri-IV

Le prestigieux lycée parisien Henri-IV devrait accueillir à la rentrée prochaine trente élèves issus de zones d’éducation prioritaires (ZEP). C’est une des dispositions annoncées, jeudi 1er décembre, par le premier ministre, Dominique de Villepin. Il s’agit "de permettre aux élèves issus des ZEP d’entrer dans de bonnes conditions dans les meilleures classes préparatoires" aux grandes écoles au travers d’"accompagnements personnalisés dans des classes d’accueil", a-t-il précisé.

Le choix du lycée Henri-IV, temple de l’élitisme républicain, n’est pas le fruit du hasard. Le proviseur de l’établissement, Patrice Corre, avait déjà proposé, en 2001, un projet visant à mieux préparer aux classes préparatoires, en termes de culture générale et de méthode de travail, des lycéens issus de zones d’éducation prioritaires. Un projet qui n’avait pas vu le jour.

La crise des banlieues l’a remis en selle. Le 15 novembre, Patrice Corre l’a en effet de nouveau transmis au recteur de Paris. En voyage en Chine, le proviseur du lycée Henri-IV a finalement appris, jeudi 1er décembre, que son idée allait être expérimentée à la rentrée 2006. "Nous allons nous retrousser les manches dès mon retour la semaine prochaine et faire vivre ce projet de promouvoir l’excellence pour tous", a-t-il réagi.

Actuellement, la mixité sociale est quasiment absente des classes préparatoires. Dans celles d’Henri-IV, par exemple, on compte 4,4 % d’élèves issus de catégories socioprofessionnelles défavorisées, contre 83,2 % issus de classes favorisées.

"Environ 29 % des élèves de nos quatre plus grandes écoles étaient d’origine populaire au début des années 1950 ; ils ne sont plus que 9 % au début des années 1990 : ce constat est insupportable", notait Patrice Corre dans ses propositions transmises au rectorat de Paris.

Martine Laronche

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03/12/05 - Henri IV enthousiaste pour les ZEP

Extrait du site « VousNousIls », le 02.01.05 : Le lycée Henri IV "enthousiaste" pour accueillir des bacheliers issus de ZEP

Le lycée parisien Henri IV s’est déclaré jeudi tout à fait prêt à accueillir dès la rentrée 2006 des bacheliers issus de ZEP et même "enthousiaste devant cette très belle tâche".

Evoquant l’annonce du Premier ministre, Dominique de Villepin, de la création d’une classe d’accueil pour une trentaine de bacheliers issus de Zones d’éducation prioritaires (ZEP) afin de les préparer à suivre des cours de classes préparatoires, le proviseur adjoint chargé des classes préparatoires, Michel Bonnot a exprimé son "enthousiasme".

"Nous avons appris la décision formelle ce matin seulement, mais il y a déjà longtemps que nous nous y préparions", a-t-il expliqué à l’AFP. "Il faut maintenant travailler à la mise en place concrète, cela va être du travail mais c’est une très belle tâche. C’est extrêmement important de faciliter l’accès de ces jeunes aux plus hauts niveaux", a-t-il ajouté.

"Nous accueillons déjà, et depuis longtemps, des étudiants issus de ZEP, de façon complètement intégrée et ordinaire dans nos prépas mais cette expérience va permettre d’augmenter leur nombre. Nous allons dire à ceux qui hésiteraient qu’ils doivent se lancer, qu’ils le peuvent, qu’ils auront beaucoup de travail mais aussi beaucoup de satisfaction personnelle à le faire", a-t-il affirmé.
M. Bonnot a également rappelé que "la classe d’accueil pourrait être comparée aux anciennes +propédeutiques+, constituer une sorte de sas".

Il a toutefois estimé que, "si certains des anciens élèves de ZEP pourraient effectuer leur scolarité en trois ans, d’autres pourront très bien intégrer directement une seconde et dernière année préparatoire au bout d’un an seulement".

"Il faut savoir que déjà nombre de nos étudiants redoublent et même triplent leur Khâgne", deuxième année de classe préparatoire littéraire, a-t-il rappelé. "Les nouveaux ne seront pas traités différemment, le soutien que nous assurons déjà à tous sera simplement plus appuyé, plus systématisé", a-t-il conclu.

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03/12/05 - Un lycée expérimental pour les banlieues

Extrait de « 20 minutes » du 02.01.05 : Le directeur de Sciences-Po lance un lycée expérimental

« Un vrai lycée, public, avec des élèves issus des collèges du département, qu’on mènerait jusqu’au bac : voilà mon projet », a précisé hier Richard Descoings, directeur de Sciences-Po Paris. Dans un entretien paru hier dans Le Parisien, il annonçait vouloir ouvrir dès septembre 2006 un « lycée d’élite » en banlieue. Il s’agirait de mobiliser une équipe de professeurs expérimentés, volontaires, rémunérés en fonction du nombre réel d’heures travaillées, afin de conduire les élèves d’une banlieue difficile jusqu’au bac.

L’établissement en question devrait accueillir entre 250 et 300 élèves de seconde la première année, puis de première et enfin de terminale en 2007, certainement en région parisienne.

Dominique de Villepin s’est dit séduit par cette idée lors de sa conférence de presse mensuelle. Il a en outre annoncé que le lycée Henri-IV allait prendre la tête d’un projet pilote d’accompagnement personnalisé, qui permettrait à 30 élèves issus des zones d’éducation prioritaires (ZEP) d’intégrer les meilleures classes préparatoires. L. C.

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03/12/05 - Patrick Braouazec intéressé par le lycée d’élite

Extrait du site « VousNousIls », le 02.01.05 : Braouezec (PCF) intéressé par le projet de lycée d’élite en banlieue

Plaine Commune (huit communes de Seine-Saint-Denis), s’est montré jeudi "intéressé" par le projet de lycée d’élite proposé par le directeur de Sciences-Po Paris.

Le député de Seine-Saint-Denis avait été consulté début septembre par Richard Descoings et l’autre initiateur de ce projet, Gilbert Béréziat, président de l’université Pierre-et-Marie-Curie (Jussieu, Paris VI), sur leur idée d’un lycée expérimental dans la banlieue parisienne pour lutter contre l’échec scolaire.

"Je leur ai montré l’intérêt que je portais à ce dossier", a dit jeudi M Braouezec. "Il faut que ce lycée soit une sorte de locomotive pour les autres établissements, qu’il tire vers le haut le maximum d’élèves".

L’élu communiste a ajouté que "ce projet devait être mené en articulation avec les lycées existants et non contre eux", évoquant l’écueil que les lycées voisins perdent leurs meilleurs élèves.

Partisan d’une "union nationale pour les banlieues", M. Descoings a évoqué jeudi dans Aujourd’hui/Le Parisien la possibilité que cet établissement doté de moyens exceptionnels ouvre ses portes en Seine-Saint-Denis à la rentrée.

Le lieu n’était pas précisé par M. Descoings. "C’est beaucoup trop précoce", selon M. Braouezec qui ne sait pas quelle commune pourrait accueillir les premières classes de ce lycée. "Les élus locaux n’ont pas encore été associés à cette réflexion. Il faut attendre que tout le travail nécessaire en amont soit effectué".

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03/12/05 - Retour sur les conventions ZEP / Sciences-Po (1)

Extrait de « Libération » du 02.01.05 : A Sciences-Po, « ça manquait de couleurs »

Accueillis depuis 2001, les élèves de ZEP confient leurs impressions, entre réussite et choc des cultures.
Pour parler d’eux, ils disent encore « on est ZEP », ou « on est CEP » (conventions éducation prioritaire). Cinq ans après la mise en place à Sciences-Po d’un dispositif de recrutement spécialement adapté aux élèves de lycées classés en ZEP, les élèves qui en ont bénéficié restent très liés. « On s’est mélangés aux autres, mais on se téléphone régulièrement, on se soutient, confient deux anciennes du lycée Jacques-Brel de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), aujourd’hui en quatrième année. On se raconte nos difficultés, nos rencontres. » Les premiers diplômés issus des conventions ZEP sortiront en juin 2006.

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« Vous visez trop haut... »

D’origine algérienne, Naouale, fille d’un chauffeur-livreur et d’une agent spécialisée en maternelle, sait qu’elle sera juge pour enfants. La justice l’a toujours attirée, son dossier d’actualité pour entrer à Sciences-Po traitait de la présomption d’innocence. Bien avant la création des conventions ZEP, elle s’était rendue dans le bureau d’un conseiller d’orientation. Elle se souvient de sa réponse, encore sidérée : « Vous visez trop haut, pensez plutôt à faire assistante sociale... » Ses profs lui ont soutenu, à l’inverse : « Accroche-toi à tes ambitions. » Ambreen, arrivée également de La Courneuve, mais d’origine pakistanaise, raconte : « Pour ceux qui voulaient pousser après le bac, on ne nous parlait que de la fac et des BTS. Lors des journées d’informations au lycée, il y avait les stands des universités et, juste à côté, l’armée et la gendarmerie. En gros, le choix c’était : "Soit tu vas à la fac, soit tu t’engages." Rien sur le reste... »

En première année, Riles « garde un oeil sur l’ENA ». Il est l’aîné d’une fratrie de cinq, vit au Bourget, est allé en classe à La Courneuve. Son père tient deux restaurants dans Paris. Sans les encouragements d’un prof d’économie, Riles n’aurait jamais pensé à faire une grande école. Sa seule certitude, au lycée, était de continuer ses études à Paris. « Tous mes copains voulaient quitter le 93. Personne ne voulait aller en fac à Saint-Denis ou Villetaneuse. » Question d’étiquettes un peu trop collantes. « Ce diplôme de Sciences-Po, c’est une assurance. »

« Prêts à travailler le double, le triple »

Rahima, 18 ans, vit à Colombes chez son père, ouvrier à la retraite, comme ses trois soeurs aînées, qui ont toutes fait des études supérieures. Elle résume : « On n’a pas reçu la même éducation, on n’a pas le même passé que d’autres. Mais notre futur sera à leur hauteur. » Confortés par le discours encourageant de la direction de l’institut, la plupart sont persuadés qu’« un déficit de culture générale n’est pas une fatalité ». Ils se disent prêts à travailler « le double, le triple s’il faut ». Les parents d’Ambreen, pakistanais, ne parlent pas français. « Le décalage est rattrapable, mais c’est quand même très dur. » Elle ajoute : « Je vis des situations que d’autres ne connaîtront jamais. L’avantage, c’est qu’aujourd’hui je suis dans mon élément partout. »

Marie-Joëlle Gros

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03/12/05 - Retour sur les conventions ZEP / Sciences-Po (2)

Extrait de « Libération » du 02.01.05 : 189 « étudiants ZEP » depuis 2001

En 2001, Sciences-Po a créé une dérogation à son concours d’entrée, organisant des oraux de sélection réservés aux élèves de ZEP, sept lycées étaient partenaires. On compte aujourd’hui 33 lycées partenaires, principalement en Ile-de-France et dans l’Est.

189 étudiants ont été intégrés par ce biais à l’Institut politique de Paris (IEP), dont 57 à cette rentrée.
Les élèves venus des ZEP réussissent aussi bien à Sciences-Po que les autres : neuf sur dix passent directement dans l’année supérieure. Ils s’investissent par ailleurs autant dans la vie associative de l’école que dans l’organisation des « conférences » (les cours).

50 à 70 % de ces élèves sont enfants de chômeurs, d’ouvriers ou d’employés. Les trois quarts sont boursiers. Les deux tiers des admis via les conventions ZEP ont au moins un parent né hors de France.

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