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"Aider les élèves les plus faibles est essentiel pour la société et pour l’économie", souligne l’OCDE. Le Café relève les particularités de la France et notamment le manque de mixité sociale

10 février 2016

Dans un nouveau rapport, l’OCDE indique que les pays n’ont, pour la plupart, guère progressé ces dix dernières années en ce qui concerne l’aide apportée aux élèves les plus faibles afin qu’ils améliorent leurs résultats en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences. Cela signifie que trop de jeunes continuent de quitter l’école sans avoir acquis les compétences de base qui sont aujourd’hui nécessaires pour évoluer dans la société et sur le marché du travail, assombrissant ainsi leurs perspectives d’avenir et compromettant la croissance économique à long terme.

D’après le rapport intitulé « Low Performing Students : Why they fall behind and how to help them succeed » (« Les élèves en difficulté : Pourquoi décrochent-ils et comment les aider à réussir ? »), environ 4.5 millions de jeunes âgés de 15 ans des pays de l’OCDE, soit plus d’un quart d’entre eux, n’atteignent pas le niveau le plus élémentaire de compétences en compréhension de l’écrit, en mathématiques et/ou en sciences. Dans d’autres pays, cette part est souvent beaucoup plus importante.

[...] « Les gains sociaux et économiques de la lutte contre les mauvais résultats scolaires sont de loin supérieurs aux coûts de l’amélioration », indique Andreas Schleicher, Directeur de l’éducation et des compétences à l’OCDE. « Les politiques et les pratiques éducatives peuvent contribuer à relever ce défi. La lutte contre la faible performance doit devenir une priorité et obtenir les ressources nécessaires pour faire en sorte que chaque enfant puisse réussir sa scolarité ».
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Les élèves peu performants ont également tendance à faire preuve d’un niveau moindre de persévérance, de motivation et de confiance en soi en mathématiques, et à sécher des cours ou des journées de classe plus souvent que les élèves plus performants. Les élèves dont les enseignants sont plus encourageants et ont un état d’esprit plus positif sont moins susceptibles d’avoir des résultats médiocres, tandis que les élèves dont les enseignants ont un niveau faible d’attentes à leur égard et sont absents plus souvent sont davantage susceptibles d’être en difficulté scolaire.

Dans les pays où les ressources éducatives sont réparties plus équitablement entre les établissements, on observe une moindre part de mauvais élèves en mathématiques, et une part accrue de très bons élèves, même si l’on compare des systèmes scolaires ayant des ressources éducatives de qualité similaire.

L’analyse montre en outre que la mesure dans laquelle les élèves favorisés et défavorisés fréquentent le même établissement est davantage liée à une moindre proportion d’élèves en difficulté qu’à une proportion accrue de très bons élèves. Ce constat semble indiquer que les systèmes qui répartissent plus équitablement dans les établissements d’enseignement à la fois les ressources scolaires et les élèves sont avantageux pour les élèves peu performants, sans pour autant porter préjudice aux élèves ayant un meilleur niveau.

Pour briser le cycle de désengagement et de faible performance, le rapport énonce une série de recommandations, parmi lesquelles :
- Identifier les élèves peu performants et concevoir une stratégie d’intervention adaptée à leurs besoins ;
- Réduire les inégalités d’accès à l’éducation de la petite enfance ;
- Proposer un soutien scolaire le plus tôt possible ;
- Encourager la participation des parents et des collectivités locales ;
- Fournir une aide ciblée aux établissements ou aux familles défavorisé(e)s ; et
- Proposer des programmes spécialisés aux élèves issus de l’immigration, parlant une langue minoritaire ou scolarisés en zone rurale.

Note aux éditeurs :
Les élèves peu performants sont définis comme les élèves qui n’atteignent pas le niveau 2 de compétences dans l’enquête PISA. Cela signifie qu’ils sont en mesure de répondre à des questions qui comportent des indications claires ainsi que des liens et des sources d’information uniques. En revanche, ils sont généralement incapables d’exploiter des informations plus complexes ou de mener un raisonnement plus élaboré. Par exemple, il leur est difficile d’estimer quelle quantité de carburant contient un réservoir en regardant la jauge, ou de comprendre les instructions figurant sur une boîte d’aspirine. Le niveau 2 est considéré comme le niveau seuil de compétences dont les jeunes ont besoin pour évoluer dans la société et sur le marché du travail d’aujourd’hui.

Extrait de oecd.org du 10.02.16 : Aider les élèves les plus faibles est essentiel pour la société et pour l’économie

 

Les élèves les plus faibles ne sont pas les moins travailleurs, nous révèle la dernière livraison de PISA. L’OCDE publie le 10 février le dernier volume de PISA 2012 consacré aux élèves les plus faibles. La publication conforte les mauvaises performances et l’inégalité sociale de réussite dans l’école française. Elle donne aussi des indications sur les blocages purement scolaires du système éducatif français. Peuvent-ils être dépassés ? Pour Eric Charbonnier cela passe par une évolution de l’institution.

Ce sera sans doute la dernière livraison de PISA 2012. PISA 2016 est en cours de dépouillement et les premiers volumes sont attendus à la fin de l’année 2016. Cette dernière livraison est consacrée à une étude exhaustive des élèves les plus faibles. Ce sont ceux qui sont au niveau 1 ou en dessous de ce niveau. Concrètement, ces élèves sont tout juste capables de lire sommairement un graphique, de prolonger une évolution.

Des élèves faibles plus nombreux
En apparence, les résultats en maths, sciences et lecture des jeunes français sont moyens. La France compte 22.4% d’élèves très faibles en maths ce qui correspond à la moyenne de l’OCDE (24%). Cela représente quand même 165 000 jeunes de 15 ans qui ont un niveau tellement faible que leur avenir scolaire et social semble compromis. Les résultats sont de même niveau en lecture et sciences.

Mais la France a deux particularités. D’abord le nombre de ces élèves faibles est important pour un pays développé. Des pays infiniment moins riches font beaucoup mieux comme l’Estonie, la Pologne ou le Viet-Nam.

D’autre part le taux d’élèves faibles a fortement augmenté de 2003 à 2012. Alors que l’évolution entre ces deux dates est de 0.7% pour l’OCDE, elle est de 5.7% pour la France pour les maths. En lecture le taux d’élèves faibles a régressé dans l’OCDE de -1.7 alors qu’il augmente en France de 1.4%. En sciences par contre l’évolution française est un peu supérieure à celle de l’OCDE.

Le prix de la ségrégation sociale
Mais que sait-on de ces jeunes particulièrement faibles ? Ils ont une signature scolaire. La première c’est le poids du redoublement. La France est le pays où le redoublement compte le plus dans le destin scolaire. 57% des redoublants français sont classés dans les élèves très faibles contre seulement 8% des élèves "à l’heure" (18% dans l’OCDE). Cette caractéristique signe le manque de souplesse du système. Eric Charbonnier espère qu’avec les cycles de 3 ans cette caractéristique diminue.

Ils ont surtout une signature sociale. Un jeune de milieu populaire a 4 fois plus de chances de devenir un élève çà niveau faible qu’un camarade de milieu favorisé. 40% des enfants de milieu populaire ont un faible niveau en maths contre seulement 5% des enfants favorisés. "Mais ce qui me heurte le plus", nous dit Eric Charbonier, "c’est qu’un enfant scolarisé dans un établissement défavorisé a 40 fois plus de chances d’avoir un niveau faible qu’un jeune scolarisé dans un établissement accueillant des jeunes favorisés. On voit les écarts colossaux entre établissements".

Comment expliquer cela ? "C’est l’absence de mixité sociale qui explique ces inégalités", nous dit Eric Charbonnier. "Quand les classes sont hétérogènes cela crée une dynamique. Mais certains établissements défavorisés ont tellement d’élèves en difficulté qu’il n’y a pas de dynamique positive. La solution c’est donner plus de moyens aux établissements défavorisés de façon à ce qu’ils recrutent des jeunes plus favorisés".

PISA en fournit aussi une preuve inversée. Selon l’organisation, à catégorie sociale égale, les élèves des établissements privés sous contrat ont deux fois plus de chances d’avoir un niveau faible que ceux du public. C’est leur recrutement social favorisé qui fait que leurs résultats sont généralement supérieurs à ceux du public.

Changer la culture de l’institution
Comment améliorer ces résultats ? Pour Eric Charbonnier, l’école doit se rapprocher des parents particulièrement dans les zones défavorisées. "Il faut créer des liens entre la mission locale, l’école et les familles".

Mais pour E Charbonnier, il faut aussi que l’institution scolaire change. "Aux Etats-Unis on affecte des chefs d’établissement bien formés dans les établissements en difficulté et on voit le niveau remonter. C’est aussi ce que montre le rapport Delahaye : à composition sociale égale des établissements voisins peuvent avoir des résultats très différents. Il faut croire dans des équipes pédagogiques soudées autour d un leader . On a l’habitude de rendre les enseignants responsables de tout. Mais c’est le chef d’établissement qui peut aider à créer une culture pédagogique dans l’établissement".

"Aujourd’hui on a créé deux métiers, les enseignants et les chefs d’établissement avec peu de communication entre eux sauf hiérarchique. Regardez comment on a organisé la formation pour la réforme du collège. On tenait là une occasion unique de faire bouger les choses. Or on a formé d’abord els chefs d’établissements à part puis on leur a demandé de former les professeurs, alors qu’il aurait fallu former les équipes ensemble pour casser cette hiérarchie et créer une dynamique. D’autre part les enseignants aiment leur métier mais le système ne les encourage pas à prendre des initiatives. Il n’y a pas de dynamique dans le système. Combien des recommandations du rapport Delahaye verront le jour ?"

Peut-on changer l’Ecole en un quinquennat ?
Mais peut-on améliorer rapidement les résultats d’u système éducatif ? En France on aime dire qu’on verra les fruits de la Refondation dans 20 ans. "Dans PISA on voit qu’avec de bonnes réformes , notamment dans la réduction des inégalités, des pays obtiennent des résultats au bout de 4 à 5 ans".

Dans quelques mois on aura les chiffres de PISA 2016. On sera 3 ans après la loi d’orientation. L’effondrement par le bas des résultats du système scolaire français aura-t-il été stoppé ou les résultats auront-ils continuer à se détériorer ?

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 10.02.16 : PISA : Qui sont les élèves très faibles ?

 

Plus d’un quart des élèves de 15 ans affichent de faibles résultats scolaires en mathématiques, en compréhension de l’écrit et/ou en sciences. Lutter contre ces déficiences est coûteux, mais se révélerait rentable à long terme, selon PISA, l’enquête phare de l’OCDE, parue mercredi 10 février.

[...] En moyenne, plus d’un tiers de la différence de performance en maths entre élèves est imputable à des différences entre les établissements. En France, les élèves scolarisés dans des établissements défavorisés sont « plus de quarante fois plus susceptibles d’être peu performants en mathématiques que leurs pairs scolarisés dans des établissements favorisés ».

Extrait de lemonde.fr du 10.02.16 : Lutter contre les difficultés des élèves rapporte plus que ça ne coûte

 

Pourquoi les élèves décrochent ? C’est le thème de l’enquête PISA dévoilée ce 10 février par l’OCDE, sur la base des derniers tests réalisés en 2012. La France, avec près de 20 % d’élèves "peu performants" en maths, en sciences et en compréhension de l’écrit, se situe à peine dans la moyenne des pays de l’OCDE. Décryptage en images.

Extrait de letudiant.fr du 10.02.16 : Décrochage : les élèves français dans la moyenne de l’OCDE

 

[...] Dans les établissements REP et REP+, les élèves sont notamment « 40 fois plus susceptibles d’être peu performants en mathématiques » que leurs « pairs scolarisés dans des établissements favorisés », une fois le « contrôle du milieu socio-économique des élèves à titre individuel » effectué.

En revanche, selon le rapport Pisa 2012, en dépit de leurs mauvais résultats en maths, les élèves français réussissent mieux dans la résolution de problème. « Le lien entre le milieu socio-économique et la performance en résolution de problèmes est nettement plus ténu que ne l’est la relation entre leur milieu socio-économique et leur performance en mathématiques », indique l’OCDE. L’organisme constate ainsi que les élèves français « possèdent de bonnes facultés de raisonnement ».

Selon l’OCDE, les élèves de 15 ans en difficulté « sont exposés à un risque élevé » de décrochage, et quand une « part importante de la population » ne possède pas les compétences de base, la croissance à long terme d’un pays est « compromise ».

Extrait de vousnousils.fr du 11.02.16 : Rapport Pisa : le nombre d’élèves français peu performants est supérieur à la moyenne

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