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Le PS sera "vigilant" sur deux mesures : - la taille des classes en REP / le PDMQDC - la réforme des rythmes (lettre au nouveau ministre)

22 mai 2017

Monsieur le Ministre,

Nous apprenons votre nomination au poste de Ministre de l’éducation nationale et nous tenons à vous en féliciter.

Vous nous permettrez de regretter que votre ministère soit passé de la 3e à la 11e place dans l’ordre protocolaire alors que le candidat Emmanuel Macron avait martelé dans la campagne présidentielle que l’éducation serait l’une de ses priorités.

Nous espérons que vous obtiendrez que l’éducation demeure le premier sujet et le premier budget de Nation, comme ce fut le cas depuis 2013 avec la loi d’orientation et de programmation pour la Refondation de l’école de la République. Le temps de l’éducation n’est pas celui du politique et l’école publique a besoin d’un engagement continu de l’Etat pour se rénover. Elle a besoin de continuité et de stabilité pour ne pas revivre les années Sarkozy, quand les réductions drastiques de postes, que vous avez mis en œuvre en tant que Directeur général de l’enseignement scolaire, ont tant abîmé l’école.

Votre feuille de route pour l’école primaire, telle qu’annoncée par Emmanuel Macron, comprend pour la rentrée de septembre 2017 l’instauration de 12 élèves par classes en CP et CE1 dans les REP et REP+ et l’assouplissement de la réforme des rythmes scolaires. Nous savons la volonté du Président de la République d’aller vite, nous souhaitons pour autant qu’il ne confonde pas vitesse et précipitation.

Ce calendrier prévoit en effet plusieurs réformes qui menées à la hussarde pourrait s’éverer contre-productives. C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Ministre, de prendre le temps de la concertation et de l’évaluation avec la communauté éducative avant d’imposer ces mesures.

Vouloir instaurer à la rentrée de septembre prochain 12 élèves par classe en CP et en CE1 dans les REP et les REP+, c’est réaffirmer une logique comptable à laquelle l’éducation prioritaire voulait justement échapper. Pourquoi 12 élèves ? Pourquoi pas 10 ou 15 élèves ? Apprend-t-on durablement mieux dans une classe avec 12 élèves ? Que nous disent les travaux des chercheurs a ce sujet ?

Si la question du taux d’encadrement mérite d’être posée, la réponse nous semble moins résider dans la diminution du nombre d’élèves par classe que dans l’accroissement du nombre d’enseignants par classe. C’est pourquoi nous vous demandons de surseoir à une mesure incertaine et de prolonger le dispositif « plus de maitres que de classes » qui est à ce jour plébiscité par les enseignants. Il faut rappeler qu’il repose sur une démarche pédagogique, et non pas sur celle du nombre.

Peu importe en effet que l’on compte 10, 12 ou 15 élèves par classe si l’on poursuit avec les mêmes pédagogies qui ont échoué. C’est pourquoi nous vous demandons d’engager un vaste plan de formation pour accompagner les enseignants dans la mise en oeuvre de pédagogies actives, adaptées et susceptibles d’intéresser tous les élèves de la classe, en particulier les 3 ou 4 qui sont le plus en difficultés.

Enfin, cette mesure implique des moyens logistiques importants. Nombre de communes – petites, moyennes ou grandes, en ville comme à la campagne – ne sont pas en capacité de dédoubler leurs locaux pour accueillir des classes de 12 élèves. Sauf à surcharger toutes les autres classes et donc à faire baisser la qualité de travail des enseignants et des élèves.

Vouloir détricoter la réforme des rythmes scolaires avant même qu’une évaluation ait pu mettre en exergue ses atouts et ses faiblesses n’a aucun sens. C’est pourquoi nous vous demandons de commander une étude qui associe la communauté éducative, les élus et les acteurs des Projets éducatifs territoriaux avant toute perspective d’abrogation.

Vouloir confier aux seuls maires, en dehors de tout cadrage national, la décision de la mise en œuvre des rythmes nous parait la ravaler à un gadget et la condamner parfois là où elle est pourtant le plus utile. Les rythmes scolaires ne sont pas une option, mais une orientation politique qui doit se mettre en place à l’échelle du pays.

Combien d’élus préféreront encore une fois sacrifier le budget éducation ou ne pas parier sur la pérennisation des activités périscolaires qui ont pourtant permis à des milliers d’enfants de découvrir et pratiquer des activités artistiques, culturelles ou sportives que leurs familles ne peuvent pas leur payer ailleurs ?

Cette mesure ne résout pas la difficulté des communes qui souhaitent être davantage aidées financièrement pour mettre en œuvre les rythmes scolaires. Mais elle crée en revanche une inégalité territoriale supplémentaire entre les écoles.

Enfin, pourquoi et surtout pour qui veut-on déjà remettre en place la semaine de 4 jours ? Est-ce dans l’intérêt des enfants alors que cette organisation scolaire a déjà été condamnée par la communauté éducative quand Nicolas Sarkozy l’avait imposé ? Les enquêtes internationales ont pourtant montré qu’elle participait de l’aggravation de l’échec scolaire et fabriquait des décocheurs.

Sur ces deux mesures, comme sur celles qui suivront, les Socialistes seront vigilants et constructifs. Vous pouvez compter sur nous pour affirmer notre attachement à l’école comme lieu d’émancipation individuelle et collective, comme lieu d’acquisition pour tous les élèves du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et comme lieu de formation du futur citoyen.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.

Extrait de partisocialiste.fr du : Les 2 mesures de Macron pour l’éducation sur lesquelles il faudra être vigilant

 

Voir aussi

Le programme du PS pour les législatives reprend des mesures d’En marche : pas plus de 12 élèves par enseignant pour 12 000 classes et prime des enseignants qui y exercent portée à 3 000 € nets. L’explication du PS

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