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Le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités (juin 2017) relativise les évaluations de Pisa et estime que l’école française n’amplifie pas les inégalités

1er juin 2017

Inégalités : une hypocrisie française
Les inégalités de revenus progressent parce que les plus favorisés en veulent toujours plus. Soit on assume le phénomène, soit on se donne les moyens d’une plus grande solidarité. Par Anne Brunner et Louis Maurin de l’Observatoire des inégalités. Extrait du « Rapport sur les inégalités en France, édition 2017 ».

[...] Le débat sur l’état des inégalités est loin d’être à la hauteur. Un grand nombre de commentateurs refusent de voir les conséquences de cette montée des écarts entre milieux sociaux. À l’opposé, la dramatisation n’aide pas davantage. Ainsi par exemple, l’école française n’amplifie pas les inégalités comme l’a pourtant indiqué récemment un rapport officiel [2]. Le modèle d’un État social à la française, s’il n’a rien de « providence », n’est pas à l’agonie : notre pays demeure l’un des pays où il fait le meilleur vivre sur la planète. Les autres pays sont loin de faire mieux que la France, y compris dans le domaine de l’emploi. Le chômage mine notre société mais les meilleures « performances » de nos voisins ont le plus souvent été obtenues au prix d’une montée de la pauvreté laborieuse ou en sortant une partie des actifs du marché du travail.

[...] Les inégalités scolaires ont été décrites de longue date [8]. Mais la violence des inégalités subies par une partie de la jeunesse est mal mesurée par les autorités en charge des politiques éducatives. L’injustice scolaire nourrit une défiance vis-à-vis de l’institution, et cette défiance structure les rapports sociaux. Les enfants des milieux populaires savent que la compétition est faussée face aux initiés du système [9]. Pas tant en raison de l’aide directe des parents favorisés à leurs enfants, mais du contexte dans lequel ils baignent (confort matériel, loisirs, langage, etc.) et de leur connaissance des rouages du système (exigences, orientation, etc.).

L’ampleur de l’enjeu peut se lire dans l’omniprésence du débat scolaire dans la presse, dans la façon dont les dominants, bien organisés, bloquent toutes les évolutions du système éducatif, même les plus mineures, de la modernisation de l’orthographe à l’assouplissement de la notation, en passant par les langues anciennes. Il leur faut conserver leurs avantages à tout prix. Leur argumentaire est rôdé : chaque tentative pour remettre en cause leur position constitue une atteinte au niveau scolaire qui se ferait au détriment des masses. La défense des intérêts des élites au nom du peuple constitue un classique du rapport de force politique. Il s’illustre ici à la perfection.

Extrait de inegalites.fr du 30.05.17 : Inégalités : une hypocrisie française

 

Si les inégalités sociales restent marquées, l’école joue toujours un rôle d’émancipation pour les classes populaires, explique Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

Et si l’école française n’était pas cette machine à amplifier les inégalités que, d’une enquête à l’autre, la société tout entière en vient à pointer du doigt ? Dans la partie de son rapport consacrée au système éducatif, divulgué mardi 30 mai, l’Observatoire des inégalités prend le contre-pied du refrain dominant ; le contre-pied, aussi, des « leçons » du Programme international de suivi des acquis des élèves (PISA). Dans le PISA concernant les élèves de 15 ans, développé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France fait figure de mauvaise élève en matière de justice sociale et scolaire. Et même de « championne » des inégalités.

Les pourfendeurs des palmarès internationaux en auront pour leur compte. « Les indicateurs de l’OCDE sont discutables, peut-on lire dès l’introduction du chapitre sur l’école, et le niveau dans trois domaines à 15 ans [PISA évalue les compétences en sciences, en mathématiques et en maîtrise de l’écrit] ne permet pas de juger globalement d’un système éducatif. »

Extrait de lemonde.fr du 30.05.17 : L’école française est-elle vraiment la championne des inégalités ?

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