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Écrire et évaluer à l’école primaire, article pédagogique avec productions d’élèves sur le blog d’Antoine Fetet, "instit’auteur", formateur et coordonnateur REP

11 juillet 2017

Écrire et évaluer
11 juin 2017 Bain de langue cycle 2, écriture, évaluation, questionner le monde

Faire écrire au quotidien exige de l’enseignant, je l’ai souvent exprimé ici, des trésors d’ingéniosité pour trouver le temps de le faire sans empiéter sur les autres domaines disciplinaires.

Faire écrire tout en évaluant est donc une piste intéressante. Dans le domaine « Questionner le monde » (dans l’exemple d’aujourd’hui, il s’agit d’une évaluation sur l’histoire de l’écriture), j’ai de plus en plus l’habitude de laisser les élèves produire de l’écrit avec comme seul déclencheur une ou plusieurs images. Pas de questionnaire, pas de QCM, pas de définitions à donner, rien de ce qui fait d’ordinaire une évaluation…

C’est un double pari :
Premier pari : les élèves doivent être en mesure de reformuler par écrit des éléments de la leçon apprise. Leurs compétences rédactionnelles ne doivent pas limiter leur capacité à restituer les connaissances qu’ils ont mémorisées. Sinon, on ne sait plus ce qu’on évalue. Dans le cas d’élèves en grande difficulté, ou à besoins éducatifs particuliers, il faut donc passer par un accompagnement de l’écriture, une aide à la conception et à la production de l’écrit (pouvant aller jusqu’à la dictée à l’adulte), sans que cette aide ne concerne directement les connaissances qu’il fallait apprendre.

Deuxième pari : il faut tout faire pour éviter de mettre les élèves dans une situation qui les conduira à multiplier les erreurs d’orthographe. Écrire, oui, mais écrire juste du premier coup ! Les élèves ont donc le droit, et même le devoir (!) de consulter tous leurs outils de référence, en particulier le répertoire orthographique qui est central dans ma pratique, pour vérifier l’orthographe des mots les plus courants. Si j’en ai le temps, je signale, en passant dans les rangs, les erreurs à corriger en temps réel. Pour ce qui est des termes plus spécialisés (comme Égyptiens, hiéroglyphes, Phéniciens, qui faisaient partie de la leçon à apprendre), je déroge, en situation d’évaluation, à la règle habituelle : je n’écris pas au tableau les mots absents du répertoire, comme je le fais d’ordinaire. Si je le faisais, il deviendrait très difficile de faire la part entre ce qui a été appris et ce qui a été simplement recopié. Je préviens également les élèves qu’ils ont à apprendre non seulement leur leçon, mais aussi l’orthographe du lexique spécifique qu’elle contient.

La plupart de mes élèves s’en sortent plutôt bien. Ce qui est intéressant, c’est que le degré de liberté accordé leur permet d’inclure des éléments de réponse de plusieurs ordres :

éléments directement issus de la leçon du cahier ;
éléments plus « anecdotiques » qui ont été mentionnés en classe et qu’ils ont retenus sans qu’on le leur demande 😉 ;
éléments plus personnels, par exemple apportés par les parents pendant l’apprentissage de la leçon à la maison.

Selon moi, il n’y a pas de hiérarchie formelle entre ces trois types de savoirs. L’évaluation est faite selon l’échelle du LSU : objectifs d’apprentissage non atteints / partiellement atteints / atteints /dépassés, sans tenir compte de l’orthographe. Rien n’empêche par ailleurs d’évaluer aussi l’orthographe, mais dans ce cas il s’agira d’une évaluation distincte.

Ce dont je suis persuadé, c’est qu’un.e élève progresse et mémorise davantage quand on lui demande de reformuler par écrit des connaissances, en les organisant, en les articulant, en les explicitant. Une simple « régurgitation » de la leçon ne demande pas du tout le même engagement dans la tâche, et les effets sur l’appropriation des connaissances à long terme sont certainement moindres.

Quatre extraits de travaux d’élèves pour illustrer mon propos :

Extrait 1

Cet élève mêle des connaissances générales (importance des échanges commerciaux dans l’origine de l’écriture) et plus anecdotiques (exemple de la vente de moutons, évoqué en classe). Il fait par ailleurs une erreur factuelle : il confond tablette d’argile et papyrus.

Extrait 2 Cette élève a inclus des connaissances non mentionnées en classe (la Mésopotamie correspond à l’Irak actuel) … Il m’a fallu aller vérifier !

Extrait 3 Cette élève restitue assez fidèlement les connaissances de la leçon, de manière concise et claire. [Il ne s’agit pas d’une phrase apprise par cœur et restituée telle quelle.]

Extrait 4
Enfin, voici le cas d’une élève arrivée en cours d’année dans ma classe, qui n’a pas encore acquis les bonnes habitudes orthographiques de ses camarades… Le contenu informatif de son écrit est bon, quoique imprécis et incomplet. Mais elle manifeste une indifférence presque totale à l’orthographe, et les progrès en ce domaine sont lents. D’où l’importance, j’en suis persuadé, d’acquérir de bonnes habitudes le plus tôt possible, en CP, et même dès la GS.

Écrire et évaluer

 

Voir aussi sur le site OZP (2006)
Un site pédagogique créé par un formateur dans le primaire, coordonnateur de ZEP

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