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L’école est une affaire de classe. Un colloque "A gauche en Europe" où on parle des ZEP

14 septembre 2004

Extrait de « L’Expresso » du 13.09.04 : l’école est une affaire de classe

Actualité : L’école est une affaire de classe (Colloque AG2E)

Comment lever le scepticisme ambiant et permettre le succès de tous à l’école ? C’est sur cette question que l’association "A gauche en Europe", fondée par D. Strauss Kahn et M. Rocard, a organisé le 11 septembre un colloque à Paris, en présence de nombreux chercheurs en sciences de l’éducation. A l’origine de cette rencontre il y a probablement trois faits : la fracture entre le PS et les enseignants telle que les élections de 2002 l’ont révélée, les mauvais résultats de l’enquête internationale PISA et l’horizon ouvert par la récente étude de Thomas Piketty qui lie à nouveau la question des moyens et celle de l’efficacité scolaire. Distribuée au colloque, une étude d’Eric Maurin et Marc Gurgand fait le point sur les inégalités à l’école. Rappelant que depuis les années 90 le système éducatif s’essouffle, ils rappellent que les politiques menées jusque là pour démocratiser l’école n’ont pas atteint leurs objectifs. Ainsi le classement d’un établissement en ZEP est sans effet sur les résultats scolaires des élèves. Pour eux c’est que les dispositifs sont mal mis en œuvre. Ils oublient par exemple que les inégalités se creusent dès le plus jeune âge, les familles défavorisées offrant des conditions matérielles et culturelles très inférieures à leurs enfants. Aussi, "c’est notre modèle de société tout entier qu’il faut interroger" pour remédier aux inégalités.

Lors des débats, Marie Duru-Bellat montre l’importance de définir un socle de culture commune, accessible à tous, ce qui implique une réforme de programmes qui sont d’ailleurs déjà largement adaptés par les professeurs. Pour Agnès Van Zanten la ghettoïsation dont sont victimes certains établissements est un important facteur d’inégalités. Pour la casser il faudrait, au-delà des moyens, une coordination des acteurs locaux (chef d’établissement, académie, élus locaux, associations etc.) qu’il est trop rare de rencontrer. T. Piketty établit qu’un effort de moyens sur les ZEP aurait un effet important sur la réussite scolaire.
Dominique Strauss-Kahn conclue avec un programme qu’il résume ainsi : "concentrer les moyens publics sur ceux qui en ont besoin, agir à tous les niveaux du système éducatif de la petite enfance à l’université, veiller à ce que les enseignants gagnent à ces réformes.... Ce que je propose, c’est non pas d’étendre le nombre de ZEP et d’enfants aidés mais de permettre au système d’évoluer par approfondissement et accroissement de l’effort sur les zones où se concentrent réellement les difficultés. L’idéal consisterait à faire en sorte que le label ZEP ne soit plus stigmatisant, mais devienne au contraire un signe de dynamisme. Pour réaliser cet objectif, il faut s’en donner les moyens, il faut « ajouter un deuxième étage à la fusée », et permettre à certaines ZEP de bénéficier d’un dispositif supplémentaire que l’on pourrait par exemple concevoir sur le modèle des EAZ britanniques. Il s’agirait d’un dispositif d’éducation compensatoire, beaucoup plus concentré géographiquement que les 800 ZEP qui totalisent aujourd’hui 20% des élèves." Il propose de réduire l’effectif des classes en ZEP à un maximum de 18 élèves ce qui diminuerait de 40% l’écart de performances avec les jeunes hors-ZEP d’après Piketty. Autre proposition : la création d’"instituteurs volants" chargés de donner du temps pédagogique supplémentaire aux enfants en difficulté d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

L’augmentation des moyens apparaît à nouveau comme une solution fiable à la crise de l’Ecole.

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