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Réforme du collège : un arrêté réduit sensiblement les EPI et les AP et renforce les classes bilangues et européennes et les langues et cultures de l’Antiquité (JO du 18 juin 2017). Et l’autonomie ? : les analyses du Café et des syndicats

19 juin 2017

Additif du 22.06.17
Publication au BO du 22 juin 2017 de l’arrêté du 16 juin sur l’organisation des enseignements au collège

 
Officiel : L’arrêté qui dit adieu à la réforme du collège...

Premier détricotage officiel. L’arrêté collège est paru au Journal officiel du 18 juin. Sans interdire les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) il les vide de tout contenu et ne les rend plus obligatoires que sur année des 4 que compte le collège. L’accompagnement personnalisé connaît le même sort. Moins d’un mois après sa prise de fonctions, Jean-Michel Blanquer a déjà rayé d’un trait la réforme du collège de N. Vallaud-Belkacem.

L’arrêté, daté du 16 juin, annulant les dispositions de la réforme du collège est publié au Journal officiel du 18 juin. Et cela bien qu’il ait été rejeté le 8 juin par 26 voix contre (FO, Sgen Cfdt, Fcpe, Solidaires), 8 pour (Snalc et Snpden Unsa) et 24 abstentions (Se Unsa et Fsu). Pour mémoire, l’avis du CSE n’est que consultatif.

Sans surprise, l’arrêté reprend le texte mis en débat devant le Conseil supérieur de l’éducation du 8 juin, que le Café pédagogique avait publié le 9 juin. Il s’agit d’une version modifiée par rapport à une première version proposée le 6 juin qui annulait totalement la réforme Vallaud Belkacem.

Les EPI et l’AP réduits à portion congrue
Le 8 juin, le ministère a fait une concession en acceptant une proposition du Se-Unsa. Un amendement modifie l’article 3 pour prescrire un minimum d’un EPI et d’une séquence d’accompagnement personnalisé sur le cycle 4. Il ajoute en fin d’article un nouveau paragraphe. " A l’issue du cycle 4, tout élève doit avoir bénéficié de chacune des formes d’enseignements complémentaires".

Chaque élève devra donc avoir croisé au moins un EPI et un temps d’accompagnement personnalisé (AP) sur son temps au collège. A charge pour chaque collège de choisir le niveau où ces dispositifs seront mis en place. Ce devra obligatoirement être le même niveau pour tous les élèves. L’article 4 précise maintenant que le niveau retenu pour faire un EPI ou l’AP sera le même pour tous les élèves. " La répartition entre les enseignements complémentaires est déterminée par l’établissement, en fonction des besoins des élèves accueillis et du projet pédagogique de l’établissement. Elle est identique pour tous les élèves d’un même niveau".

Mais qu’est ce qu’un EPI ? L’arrêté a supprimé la liste des thèmes obligatoires. Un EPI reste interdisciplinaire mais les enseignants pourront considérer comme EPI ce qu’ils voudront. L’accompagnement personnalisé est lui aussi dans un certain flou. Tout cela contribue, avec la nouveauté de dispositifs parachutés et qui n’ont pas été bien accueillis, à en vider la substance.

Une modification à venir du brevet ?
Il faut s’attendre maintenant à une probable modification du règlement du brevet. Celui ci prévoir une épreuve orale sur l’EPI. Elle ne pourrait être maintenue que si les collèges choisissaient impérativement le niveau de 3ème pour faire l’unique EPI obligatoire.

Les autres modifications
L’article 5 met les langues régionales au même niveau que les langues étrangères. " un enseignement commun ou un enseignement complémentaire peut à chaque niveau être dispensé dans une langue vivante étrangère, ou régionale".

L’article 7 est modifié pour renforcer l’horaire des bilangues. " Les enseignements facultatifs peuvent porter sur : a) les langues et cultures de l’Antiquité au cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de trois heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième ; b) l’introduction d’une deuxième langue vivante étrangère, ou régionale, en classe de sixième. Le cas échéant, l’enseignement des deux langues vivantes se fait dans la limite de six heures hebdomadaires (au lieu de : dans la limite de deux heures hebdomadaires) ; c) un enseignement de langues et cultures européennes, s’appuyant sur l’une des langues vivantes étudiées, dans la limite de deux heures hebdomadaires au cycle 4".

Le ministre a aussi atténué dans la forme l’esprit très ségrégatif de la 3ème prépa pro. Les élèves y suivent toujours un enseignement de découverte professionnelle , mais ce n’est plus officiellement le seul objectif de cette filière. Ce qui ne change pas grand chose.

Un retour en arrière
Finalement cet arrêté donne-t-il plus de pouvoir et d’autonomie aux équipes éducatives ? Oui dans la mesure où il n’y a plus de liste imposée d’EPI. Mais globalement le ministre n’a pas accordé davantage de moyens aux dispositifs particuliers que les collèges pourraient développer. Les éventuels bilangues ou enseignements de langues et cultures de l’Antiquité vont être pris sur les heures complémentaires attribuées par la réforme.

La logique qui sous-tend la réforme Blanquer n’est pas celle de davantage d’autonomie pour les collèges. C’est la même marge d’autonomie avec une forte incitation à revenir en arrière.

Non seulement les enseignants vont se faire concurrence pour "pousser" leur discipline. Et on peut parier que les collèges, comme c’était le cas avant, tiendront compte en priorité des contraintes de postes pour faire des choix qui devraient être pédagogiques.

Mais aussi les collèges sont invités à développer des stratégies de concurrence entre eux en proposant des voies spécifiques qui encouragent la ségrégation à l’intérieur des établissements ou entre établissements, comme c’était le cas avant 2015. En ce sens l’arrêté Blanquer est bien une contre-réforme, hostile à la philosophie qui sous-tendait la réforme Vallaud-Belkacem, présentée comme un outil pour réduire les inégalités dans le système éducatif.

Quelle application ?
Publié le 18 juin, l’arrêté parait alors que la rentrée 2017 est déjà organisée dans les établissements.

Dans un communiqué ID Fo, le second syndicat de chefs d’établissement, écrit :" Aujourd’hui dans tous les établissements, dans l’intérêt des élèves, les personnels de direction sont mobilisés, dans le temps de l’orientation et des examens. Au même moment, différentes sources annoncent des modifications profondes à mettre en oeuvre concernant la réforme du collège… dès la rentrée 2017...qui nécessiteraient du temps... Mais quand trouverons-nous ce temps, alors même que la préparation de rentrée est déjà actée dans les établissements ? "

Des réunions vont probablement avoir lieu dans une partie des collèges pour modifier en catastrophe ce qui était prévu pour septembre 2017. Ailleurs c’est trop tard.

Là où les équipes tiennent beaucoup aux EPI et à l’AP elles pourront les maintenir. Mais il faudra que ces nouveaux dispositifs aient convaincu la majorité des enseignants. Ca va être rare. Ailleurs EPI et AP vont s’effilocher jusqu’à l’oubli.

De cet épisode, les enseignants tireront la conclusion qu’une fois de plus le ministère a exercé de fortes pressions pour mettre en place une réforme pour revenir ensuite dessus sans plus tenir compte de leurs attentes. A l’Education nationale, il suffit de savoir attendre le contre-ordre.
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 19.06.17 : Officiel : L’arrêté qui dit adieu à la réforme du collège...

 

Réforme assouplie, mais vers l’autonomie...
modification de l’arrêté du 19 mai 2015

L’arrivée du nouveau ministre s’est accompagnée d’une révision d’urgence du texte de l’arrêté du 19 mai 2015, signé au lendemain d’une grève majoritaire, qui fonde la réforme du collège. Il faut voir dans l’ouverture rapide du dossier le fruit de l’action résolue et constante du SNES-FSU et des personnels depuis la présentation de la réforme en février 2015. Le contenu des assouplissements est celui des annonces de campagne du Président Macron : le rétablissement des classes bilangues, européennes et des Langues et cultures de l’antiquité. En contrepartie, l’autonomie des établissements est accentuée, promettant de nouveaux déchirements pour se partager les marges horaires dans les établissements.

Le texte de l’assouplissement est paru au JORF du 17 juin 2017.
1. L’article 3 impose au moins un EPI par élève.
2. L’article 4 assouplit la répartition horaire entre AP et EPI.
3. L’article 5 desserre l’étau avec la suppression des thématiques des EPI.
4. L’article 6 explicite le financement des enseignements.
5. L’article 7 rétablit les classes bilangues, européennes…
6. L’article 8 définit le fonctionnement des Troisièmes prépa pro
7. L’article 10 conserve la dérégulation potentielle des grilles horaires disciplinaires.
[Voir sur le site du SNES l’analyse complète article par article]

Extrait de snes.edu.fr du 18.06.17 : Réforme assouplie, mais vers l’autonomie...
modification de l’arrêté du 19 mai 2015

 

[...] Reste à savoir si les collèges vont s’emparer du nouvel arrêté. Rien n’est moins sûr, car « la rentrée est quasiment préparée, rapporte Alexis Torchet, du SGEN-CFDT. Le tableau des créations et suppressions de postes est arrêté en mars ; les dotations horaires sont en train d’être réparties... Par exemple, on ne va pas pouvoir ajouter des heures de latin si on n’a pas de professeurs de latin en plus. »

« Sans doute que là où on traînait un peu des pieds, les enseignants vont pouvoir détricoter le peu de choses qu’ils avaient mis en place », renchérit Claire Krepper, du SE-UNSA. A l’inverse, « ceux qui se sont engagés fortement cette année dans la réforme ne vont certainement pas se précipiter pour la remettre à plat. L’application de l’arrêté sera variable, comme l’a été, cette année, la mise en œuvre de la réforme. »

Extrait de lemonde.fr du 19.06.17 : Classes bilangues, latin et grec : ce que prévoit l’arrêté modifiant la réforme du collège

 

Voir aussi

Extrait de vousnousils ;fr du 19.06.17 : L’Arrêté sur l’organisation des enseignements au collège au JO

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