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Extrait de « Fenêtres sur cours » : Campagne de mobilisation pour l’école
Des appels à signer
Carte scolaire très insuffisante, baisse du nombre de places au concours, renoncements à l’ambition de réussite pour tous... Dans le cadre de sa campagne de mobilisation pour l’école, le SNUipp appelle à se joindre à deux appels, l’un sur la lecture, lancé par des chercheurs, organisations syndicales, mouvements pédagogiques et la FCPE, l’autre contre le renoncement à l’école initié par des chercheurs.
A près les annonces de Gilles de Robien sur les méthodes de lecture et la publication d’une circulaire visant à « écarter résolument les méthodes globales de lecture qui saturent la mémoire des élèves » et incitant à « l’apprentissage de la lecture par le décodage », les réactions ont été vives.
Sur la lecture, un appel commun de personnalités (chercheurs et formateurs tels
Jacques Bernardin, Serge Boimare, Mireillle Brigaudiot, Sylvie Cebe, Evelyne Charmeux, Gérard Chauveau, Bernard Devanne, Agnès Florin, Roland Goigoux, Philippe Meirieu, André Ouzoulias...), soutenu et relayé par plusieurs organisations syndicales, de parents d’élèves et de mouvements pédagogiques, circule sous forme d’une pétition auprès des enseignants et des parents d’élèves. Celle-ci, intitulée « apprentissage de la lecture : assez de polémiques, des réponses sérieuses ! » dénonce les « affirmations passéistes et approximatives de l’actuel ministre de l’éducation nationale ». Elle rappelle que « La méthode dite « globale », écartée par les programmes de l’école élémentaire de 2002, n’est pratiquement plus utilisée » et que « la situation de l’école ne correspond pas à la description caricaturale qui en est faite » par le ministre. A la fin du mois, les organisations syndicales et les mouvements pédagogiques, feront le point sur les signatures.
Dans la même période, un appel titré « l’école : non au renoncement », a été initié par les universitaires Samuel Joshua, Philippe Meirieu et Jean-Yves Rochex rejoints depuis par d’autres chercheurs. Ce texte rappelle la « détestable politique du renoncement » suite à l’apprentissage à 14 ans, les mesures ZEP, la lecture, la suppression des TPE en terminale... et fustige « ce gouvernement autiste, enfermé dans une logique du renoncement qui fait brader toute ambition pour l’école et qui le conduit à promettre une scolarité au rabais à ceux qui auraient au contraire besoin, non seulement de plus mais de mieux d’école ». L’appel s’achève par un inexorable « il n’est plus temps de s’inquiéter, il est urgent de chercher, par tous les moyens, à résister ». Dans le cadre de sa campagne de mobilisation pour l’école le SNUipp appelle à signer ces deux pétitions mises en ligne sur son site (voir plus haut)
Mobilisons nous pour l’école
Dans cette période d’attaques contre l’école - la logique de renoncement à la réussite des élèves en matière d’apprentissage, de relance de la politique des ZEP, de réussite scolaire ; la baisse des postes aux concours ; une carte scolaire famélique ; les polémiques autour de la lecture... le SNUipp a décidé de lancer une grande campagne de mobilisation pour l’école. Autour des appels et des pétitions à signer*, avec la participation aux actions engagées et notamment en point d’orgue la journée de manifestations du 2 février, il entend dès à présent préparer l’organisation d’une grande manifestation nationale, la plus unitaire possible, après les vacances de février.
Le ministre veut mettre les programmes au régime
Le ministre Gilles de Robien prévoit « l’allégement des programmes de 2002 » et annonce une prochaine réécriture de ces derniers pour des savoirs « simplifiés ». Après sa circulaire sur la lecture, l’apprentissage à 14 ans, les mesures sur les ZEP, le ministre continue à planter ses banderilles de réformes qui ne disent pas leurs noms. Et pourtant, une à une, ces mesures semblent à l’évidence faire système mettant en oeuvre la logique de la loi Fillon : une école qui n’assume pas la réussite de tous comme cette dernière annonce sur la simplification des programmes.
Pourtant, la préface des programmes écrite de la main du ministre indique « les programmes de l’école primaire arrêtés en 2002 ont pris en compte les exigences de la période que nous vivons, ainsi que les grands objectifs vers lesquels doit tendre le système éducatif de notre pays ». De quoi penser que ces programmes mis en oeuvre par les enseignants ont encore toute leur pertinence. Ils avaient d’ailleurs à l’époque été publiés après consultations de chercheurs, de spécialistes de l’école et une implication des enseignants.
Jean Hébrard, inspecteur général de l’Education nationale en témoigne « les programmes 2002 ont bien pour ambition de reconstruire une culture d’école, une culture partagée par tous, qui permette de rentrer dans les apprentissages ». Par exemple avec le programme de littérature de jeunesse. Les savoirs peuvent ils être réduits à des techniques fonctionnelles sans lien avec la culture ? Est ce de nature à aider les élèves en difficulté ? A l’évidence, Gilles de Robien inscrit sa démarche dans celle de son prédécesseur. Au moment où le Haut Conseil à l’Education définit le socle de connaissances à acquérir, le ministre ne semble pas enclin à donner le plus possible à chaque enfant, à créer les conditions d’une culture commune pour tous.
S. Sihr
(suite des extraits de « Fenêtres sur cours » demain)