> VI- PÉDAGOGIE (Généralités, Disciplines, Actions locales) > Pédagogie (Généralités) > Pédagogie. Généralités (Etudes) > L’exigence intellectuelle en pratiques. Réflexions d’un prof de collège en (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

L’exigence intellectuelle en pratiques. Réflexions d’un prof de collège en ZEP sur sa façon de conduire les apprentissages (site Démocratisation scolaire - GRDS)

4 octobre 2017

L’exigence intellectuelle en pratique

Réflexions d’un prof de collège en ZEP sur sa façon de conduire les apprentissages

jeudi 20 avril 2017, par Nicolas Kaczmarek

Plan de ce long article
Le désir de savoir comme moteur de l’apprentissage
Révéler les enjeux pour susciter l’envie de savoir
Lever le voile sur un monde opaque
Expliciter les attentes
Guider les élèves pour affronter le saut cognitif
Une évaluation transparente
Pour conclure

En 2006, après l’obtention du CAPES d’histoire-géographie, j’ai réalisé mon année de stage dans un collège à recrutement social mixte. L’année suivante, j’ai passé une année en lycée général et technologique et parallèlement, pour une classe, en lycée professionnel dans la même ville. En 2008, j’ai été nommé dans un collège en éducation prioritaire. Cet intermède au lycée m’a permis d’appréhender les exigences du lycée et a orienté ma façon de concevoir mon rôle d’enseignant au collège par la suite. Il m’est apparu indispensable de maintenir un fort niveau d’exigence intellectuelle, surtout face à un public d’élèves dont les habitudes sont éloignées des codes scolaires du lycée.

J’ai constaté, dans mon premier collège, que l’échec scolaire était le fait d’une petite poignée d’élèves dans chaque classe et qu’il était donc naturel pour toute la communauté éducative de les renvoyer à leur responsabilité individuelle. La pratique enseignante n’y était questionnée que si un enseignant « ne tenait pas ses classes » et non si demeurait un petit groupe d’élèves en échec. Mais en arrivant en éducation prioritaire avec les mêmes pratiques pédagogiques, je fus confronté au départ à un échec massif. Face à celui-ci, renvoyer les élèves et les familles à leur responsabilité aurait signifié renoncer à faire réellement progresser mes élèves. Rabaisser mes exigences et leur offrir des notes de consolation n’aurait pu provoquer chez moi que de l’insatisfaction professionnelle. Et la suite logique de mon parcours aurait été de serrer les dents en espérant une mutation rapide.

[...] Si l’on veut la réussite de tous, il faut accepter de questionner les pratiques pédagogiques qui, en se calquant sur les aptitudes des « élèves connivents », dont souvent les parents diplômés pratiquent une pédagogisation intense de leur temps de loisirs, ont pour conséquence de trier les élèves afin qu’une minorité accède aux grandes écoles. Pour la masse des élèves et notamment ceux issus des classes populaires les moins diplômées, l’École a le devoir de l’efficacité pédagogique. Chaque heure de cours doit être un moment intense de travail où rien n’est masqué ou rendu invisible pour que ces élèves accèdent au savoir, principale source d’émancipation humaine.

Extrait de democratisation-scolaire.fr du 20.04.17 : L’exigence intellectuelle en pratiques

Répondre à cet article