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Formation : “Le mode actuel de recrutement des enseignants est catastrophique", interview d’un responsable de formation de formateurs par VousNousIls.fr

23 octobre 2017

Pour Raymond-Philippe Garry, vice-président du RIFEFF, ex-président de la CDIUFM, il est temps de mettre en place un système de formation "réellement" opérationnel. En revoyant d’abord la place des concours.

[...] Pour vous, enseigner est un métier qui s’apprend… Mais comment ? Avec des stages, à travers un enseignement disciplinaire, ou lors d’une formation à la pédagogie ?

Je ne crois pas du tout à la querelle entretenue entre les “pédagos” et les “disciplinaires”, qui a fait tant de mal à notre système de formation, et qui est du niveau de la cour de récréation et des règlements de compte politiques. Comparons la formation des profs avec celle des ingénieurs ou des médecins. Qui conteste que, dans ces deux métiers, à côté d’une formation théorique de haut niveau s’ajoutent des stages de pratique, et que c’est l’ensemble de cette formation qui permet à la France d’avoir des ingénieurs et des médecins de grande qualité ?

Quand on vous dit que si vous êtes bon en maths, vous serez un bon prof de maths, c’est vrai dans 70% des cas. Dans les 30% restants, c’est une catastrophe. Il s’agit souvent de bons chercheurs, mais incapables d’organiser un cours et de faire passer un message. Il faut du terrain, certes. Mais le “compagnonnage” ne fait pas tout : seuls des aller-retour entre la pratique et le théorique, entre l’ESPE et l’école, permettront de former de bons enseignants.

Selon une récente étude, beaucoup d’enseignants débutants se découragent vite… Leur formation y est-elle pour quelque chose ?
Il faut tenir compte de la peur souvent déclarée des stagiaires pour prendre la responsabilité de la classe, gérer des difficultés scolaires et l’hétérogénéité des situations… Sont-ils plus fragiles que les enseignants d’autrefois, ou juste plus conscients des difficultés ? La formation doit prendre en charge cette inquiétude.

[...] Ce mode de recrutement est catastrophique et a pour conséquence une entrée dans le métier d’enseignant dans des conditions difficiles, qui se concrétise par des démissions dans des pourcentages non négligeables durant les premières années d’exercice (15 à 20 %).

Avec notre système actuel, qui ne prépare pas assez les futurs profs, nous sommes en train de décourager des étudiants de se lancer dans une carrière d’enseignant. De plus en plus de postes restent vacants dans le primaire (500 en 2017) et le secondaire, et pour régler la situation, on embauche des contractuels, sans formation… [...]

[...] Que pensez-vous de l’idée d’un pré-recrutement ?
Notre pays est l’un des seuls en Europe à professionnaliser ses enseignants aussi tardivement. Le Ministère en a pris conscience, même modestement, en mettant en place des pré-recrutements dès l’année de L2 ou L3, avec la création des “étudiants Apprentis Professeurs”, les AEP, qui suivent un cursus en alternance en contrepartie d’une rémunération sous contrat d’apprenti. C’est une bonne initiative, mais leur nombre de poste est faible (environ 1000), et l’on ne connaît pas encore la plus-value sur la réussite au concours. Il faut donc intensifier et continuer à développer cette piste.

Extrait de [vousnousils.fr du 18.10.17 : Formation : “le mode actuel de recrutement des enseignants est catastrophique ”

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