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Les facteurs de réussite dans une école ZEP de Nantes (Fenêtres sur cours)

5 février 2006

Extrait de « Fenêtres sur cours » n°280 : Nantes en réussites

Existe t-il une fatalité au contexte socio-culturel défavorisé ? Dans une ZEP, au Nord de Nantes, les élèves de l’école Françoise Dolto obtiennent de bons résultats aux évaluations. Zoom sur les conditions d’une réussite.

Située dans une ZEP au nord de Nantes, l’école primaire Françoise Dolto se caractérise par des résultats atypiques à l’évaluation à l’entrée en sixième. En effet, avec un contexte socio-culturel très fortement marqué (69 % de PCS défavorisé, 33 % de chômage, 21% de non francophones), il apparaît que les élèves issus de cet établissement font preuve, à l’entrée au collège, d’une meilleure maîtrise des compétences en mathématiques et en français par rapport à la moyenne nationale.

Quels sont les déterminants d’une telle réussite ? « Cohérence éducative et pédagogique avec le soutien des moyens ZEP » répond Jean Marie Grégoire directeur depuis 7 ans de l’école. « Co-éducation, savoir-être, vivre ensemble sont tout d’abord essentiels » poursuit-il. Il s’agit de constituer une vraie communauté scolaire.
Tout commence dès la maternelle par des actions passerelles menées avec la PMI, la crèche, le centre social afin de faciliter le « chemin vers l’école ». Dès lors, le métier d’élève s’apprend lentement mais sûrement. Les enfants et leurs parents découvrent les lieux, rencontrent le personnel éducatif, participent aux activités jeux et à l’apprentissage des règles de vie qui s’inscrivent dans une « continuité qu’il leur servira de repère » jusqu’au CM2. L’école vise à élaborer des rapports école -famille afin d’obtenir l’adhésion des parents au projet transmis par l’école.

« C’est primordial que les parents aient une vision positive de l’école. L’enfant progresse dans les apprentissages quand il sent que les parents adhèrent au projet de l’école, de l’enseignant » insiste Jean Marie Grégoire. Plusieurs actions sont menées dans ce sens. Par exemple, la restitution des livrets scolaires se fait en main propre lors d’un entretien avec chaque parent. En CP, chaque foyer reçoit un album de littérature de jeunesse par mois. Cet abonnement à l’école des loisirs est pris en charge par la municipalité qui double les crédits pour les écoles de ZEP, preuve que les moyens permettent de diversifier les actions pédagogiques. Objet transitionnel entre l’école et la maison, ces supports de lecture participent à construire une culture partagée d’autant que chaque samedi matin, un temps est consacré avec les familles dans les classes à la lecture d’albums.

La réflexion pédagogique veille aussi à offrir une unité et une cohérence de formation et ce dès la maternelle : place importante donnée à l’oral, à la verbalisation, mises en scène pédagogiques lors des résolutions de problèmes pour susciter une impression de réel. Pour cela, le travail d’équipe reste la pierre angulaire de l’action pédagogique. « Le fonctionnement collectif est bien réel, efficace et permet à chacun de bien s’organiser dans son travail sur le cycle » témoigne Laurence Rieunier, enseignante de CM1-CM2.

D’autres facteurs concourent à la réussite de ces actions induisant des fonctionnements particuliers. D’une part, des groupes de besoin sont constitués pour remédier à la difficulté scolaire et mieux gérer l’hétérogénéité. Avec un taux d’encadrement d’un adulte pour douze élèves, ces ateliers hebdomadaires permettent un brassage des élèves en fonction de leurs besoins sans stigmatiser leurs difficultés.

D’autre part, le partenariat avec les institutionnels reste déterminant. Le CEL, généralement réservé au périscolaire, met à disposition trois intervenants sur le temps de classe pour travailler lors d’ateliers art, culture, sciences ce qui permet de mettre en place des décloisonnements. Après la classe, un pôle informatique permet aux élèves de renforcer leurs compétences B2I alors qu’aucun d’entre eux ne possède d’ordinateur à la maison. Au milieu de ce fourmillement, le directeur grâce à une dotation supplémentaire ZEP d’une journée est déchargé à plein temps. Il joue le chef d’orchestre. « C’est une personne ressource supplémentaire, insiste Laurence, il pilote les projets, prend les élèves en petit groupe, gère tous les petits soucis du quotidien ». De fait « on peut se centrer uniquement sur notre travail d’enseignant » poursuit Thomas Bonnaud maître de CE2. Anthony Lemaout, maître du CP complète, « le travail est moins pénible, on a plaisir à enseigner » avec la volonté de continuer à s’impliquer « même si c’est parfois difficile ». Car c’est aussi difficile de vivre au quotidien dans ce quartier. A l’horizon 2010, des habitations vont être rasées pour laisser place à de nouveaux logements individuels d’accession à la propriété dans le cadre d’un plan d’aménagement urbain.

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