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Une école ZEP intégrée dans son environnement à Gennevilliers

5 février 2006

Extrait de « Fenêtres sur cours » n°280 : Gennevilliers : à l’aise dans son quartier !

Comme à Gennevillers, une école qui est socialement intégrée dans son environnement grâce à un pilotage conjoint entre toute l’école, la ville, la culture, le social... produit forcément de la réussite.

Voici 25 ans que le quartier des Grésillons à Gennevilliers est une zone d’éducation prioritaire, la création des ZEP datant de 1981. En fait l’histoire a commencé dans la vieille école construite au XIXème siècle qui a grandi avec le développement de la banlieue. Puis elle s’est poursuivie dans des bâtiments provisoires qui ont duré au-delà de la limite jusqu’à aujourd’hui où les écoles ont été complètement reconstruites au coeur du quartier. En effet les deux écoles primaires Aet B regroupent chacune 15 classes, soit environ 600 élèves, et sont en lien avec d’un côté le bâtiment de restauration et de l’autre l’Espace municipal, un lieu regroupant aussi bien des services sociaux et communaux que la bibliothèque, la ludothèque, la garderie, un espace d’exposition, une salle de spectacle, la salle d’atelier informatique... A disposition des élèves et des enseignants durant la classe, ces lieux s’ouvrent aux habitants du quartier le reste du temps.

Peut-être est-ce ce qui passionne Louis Aloisio, directeur de l’école Les grésillons B, cette possibilité de joindre travail pédagogique et réelle collaboration avec les équipes de la ville de Gennevilliers. En effet les difficultés rencontrées par les populations (chômage, logements insalubres...) ne sont pas restées aux portes de l’école : elle en reçoit inévitablement l’écho à travers les élèves et souvent leurs difficultés scolaires. « Heureusement nous avons toujours eu plutôt des équipes stables », souligne Louis tout en précisant qu’il y a 15 ans « l’écart avec la moyenne des évaluations nationales pour le CE2 et la 6ème était de 14 à 15 points, actuellement il se situe autour des 5 points ». Une telle réussite interroge dans une période où l’on pointe les résultats insatisfaisants de la politique d’éducation prioritaire.

En fait l’école rassemble les différents éléments de réussite qui avaient d’ailleurs été montrés dans le fameux rapport Moisan et Simon (le quartier des Grésillons fut un des terrains d’observation), à savoir l’efficacité des pratiques pédagogiques, la stabilité de l’équipe, le rôle moteur de la direction d’école, d’une part et une politique de la ville active, d’autre part.

Comme la plupart des banlieues industrielles, Gennevilliers a construit énormément de logements sociaux dans l’après-guerre. Il y a une quinzaine d’années, le constat de difficultés de vie croissantes, d’une dégradation des logements et du tissu social, avec une fuite des classes moyennes hors de ces quartiers, a conduit vers une nouvelle politique urbaine en matière de logement. Ainsi des programmes d’accession à la propriété et de construction de pavillons ont permis de conserver une certaine mixité sociale. Même si des familles des classes moyennes sont parties, d’autres sont arrivées attirées par cette possibilité de propriété. Dans ces familles, beaucoup de parents ont aussi fait le choix de l’école du quartier comme un pari. « Avec le directeur de l’autre groupe, nous allions rencontrer les parents à la fin de la maternelle pour les encourager à inscrire leur enfant à l’école primaire, même pour un essai ! » explique Louis tout en constatant que « du coup les écoles ont bénéficié d’une bonne hétérogéneité, même si ce n’est pas tout à fait une mixité ». Depuis quelques années, il a le sentiment d’un certain apaisement même si par ailleurs il observe le renouvellement de populations encore plus en difficulté : « il faut tenir les deux bouts, il y a des différences énormes, les écarts se creusent ».

Quand Louis parle de l’école, les évolutions de son fonctionnement, des pratiques pédagogiques sont indissociables de celles de son architecture, de son environnement et du travail avec la ville. Ainsi l’école, les enseignants, les élèves ont été consultés lors de la reconstruction et la restructuration des écoles. D’anciens bâtiments ont été inclus dans les nouveaux avec le souci de garder visibles les marques de l’histoire comme ces vieilles poutres laissées en évidence. Des ateliers entre les classes, une superbe BCD (les deux groupes bénéficient depuis le début de la Zep d’un poste de BCD), et bien d’autres suggestions ont nourri le travail de l’architecte. Aujourd’hui cette école claire et entretenue offre un cadre de vie valorisant aux élèves : « c’est plus facile d’expliquer de faire attention et de les motiver pour réussir ». L’impression de calme est étonnante. Chut, ici, on apprend.

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