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Deux groupes de travail du PS font des propositions pour les ZEP

17 février 2006

« Le CPE contraire aux conventions ZEP », pour François Lamy

Extrait de « Réformer » du 15.02.06 : François LAMY : "Quelle égalité des chances pour une jeunesse précarisée ?"

Le 1er février 2005, alors que le projet de "Contrat Première Embauche" est débattu à l’Assemblée, François LAMY, Président du Club Réformer, Député-Maire de Palaiseau, a publié le communiqué suivant.
Le Ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances m’a convié à la signature d’une charte établissant un dispositif baptisé « Une grande école, pourquoi pas moi ? », ce jour en fin d’après-midi.

Liant l’Etat, le Conseil général de l’Essonne et l’Ecole Polytechnique, ce programme permettra à des élèves de lycées situés en zone d’éducation prioritaire de bénéficier de modules pédagogiques au sein de l’X.
Je soutiens pleinement cette initiative qui vise à inciter les lycéens de ZEP à envisager une orientation vers les grandes écoles et qui souligne une nouvelle fois le mouvement d’ouverture entamé depuis plusieurs années par l’Ecole Polytechnique. Par ailleurs, ce dispositif s’inscrit pleinement dans l’engagement de la majorité de gauche du Conseil général pour la mise en œuvre concrète d’une politique qui favorise, dans la réalité, l’égalité des chances.

Pour autant, le lancement de ce programme met en lumière le double langage du Gouvernement et de sa majorité parlementaire. En effet, pendant que sera signée la charte à Palaiseau, les Ministres défendront devant les Députés la mise à bas des droits sociaux des jeunes par l’intermédiaire du Contrat première embauche (CPE).

Comment un Gouvernement peut-il assumer une telle duplicité ? Aujourd’hui même, il signe d’une main un document qui l’engage dans une politique locale de promotion sociale des jeunes, de l’autre, il met la touche finale à une entreprise de précarisation généralisée de la jeunesse de notre pays. Aussi, bien que soutenant le programme qui sera lancé ce soir depuis ma ville, j’ai choisi de rester à l’Assemblée nationale pour combattre et dénoncer, avec les autres Députés de gauche, les faux-semblants de cette droite qui nous gouverne.

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« Renforcer les ZEP », pour Olivier Ferrand

Extrait de « A gauche en Europe » du 15.02.06 : Les propositions d’AG2E pour les ZEP

Les travaux sur les nouvelles inégalités l’ont montré (Les nouvelles inégalités, Daniel Cohen, Eric Maurin, Olivier Mongin, Jean Bensaid , document AG2E) les inégalités des chances n’ont jamais été aussi fortes en France. La probabilité pour un fils d’ouvrier de devenir cadre est plus faible aujourd’hui qu’en 1960. L’ascenseur social est en panne.

Pourquoi ? La raison principale, c’est que les inégalités de départ dans la vie n’ont jamais été aussi fortes. Elles se concentrent de manière territoriale : statistiquement, selon que l’on naît à Neuilly ou à Vaux-en-Velin, le destin est joué d’avance. La ségrégation territoriale produit l’immobilité sociale.
L’école doit être au cœur de la lutte pour l’égalité des chances (voir notamment deux documents de référence : Pour une école plus juste, Eric Maurin et Marc Gurgand (document AG2E) ; L’école des chances, François Dubet (La République des Idées)

1. LA PHILOSOPHIE D’AG2E : PROMOUVOIR L’EGALITE REELLE DES CHANCES

• Aujourd’hui, l’école renforce les inégalités de départ : elle donne moins à ceux qui ont moins.

L’école repose sur l’égalité en droit : tous les enfants ont aujourd’hui, théoriquement, un égal accès aux biens scolaires - les mêmes heures de cours dispensés par les mêmes professeurs dans le cadre d’un même cursus scolaire. Cette démocratisation scolaire, réalisée en deux temps par le plan Langevin-Wallon de 1945 puis le collège unique (réforme Haby, 1975), est une avancée considérable par rapport à l’école ségrégative qui existait jusqu’alors
Mais cette égalité théorique ne se retrouve pas entièrement dans la pratique. L’offre scolaire est inégalitaire dans les faits. Les exemples les plus significatifs sont les suivants :

  La carte scolaire. Elle renforce la ségrégation territoriale. Les écoles des banlieues défavorisées sont des écoles moins bonnes que les écoles des quartiers aisés : des infrastructures scolaires limitées, car les collectivités locales sont pauvres ; des enseignants moins expérimentés et à la rotation plus rapide ; un environnement social défavorable.

  Les classes de niveau. Elles accentuent les écarts entre les élèves, ainsi que l’ont montré les études de la sociologue Marie Duru-Bellat.

  Les filières scolaires. Elles réintroduisent les barrières sociales. L’exemple le plus flagrant concerne la filière professionnelle. La création en 1985 du bac professionnel a été un formidable outil de démocratisation en faisant accéder au niveau du baccalauréat des catégories sociales qui en étaient exclues. De fait, plus de 80% de ses effectifs dans la plupart des académies sont issus de l’immigration. Mais les titulaires du « bac pro » sont exclus de l’enseignement supérieur professionnel (BTS, IUT, licences professionnelles, écoles d’ingénieurs) : les étudiants issus des filières généralistes leur sont systématiquement préférés.

  Les filières universitaires. Elles concentrent les moyens sur les élèves les plus favorisés. C’est le cas des classes préparatoires : on y trouve des enseignants disponibles, des petits effectifs, des exercices supplémentaires sous forme de « khôlles » - à l’exact inverse des moyens du premier cycle universitaire. Les grandes écoles concentrent quatre fois plus de moyens par élève que les universités.

  La durée des études. La durée moyenne de scolarisation en France est de 19 années, mais elle recouvre des réalités très différentes. Un jeune issu d’un milieu aisé qui termine médecin, ingénieur ou lauréat d’une grande école, bénéficie de 23 à 25 années de formation gratuite. Le jeune de banlieue sorti sans qualification à seize ans n’aura bénéficié que de 13 années. L’enseignement supérieur est une incroyable machine à redistribuer à l’envers.

En d’autres termes, l’école, dans les faits, traite moins bien les élèves les moins favorisés.

• L’école doit se donner pour objectif de corriger les inégalités de départ. Avec un principe : « donner plus à ceux qui ont moins ».

Même si l’école parvenait dans les faits à respecter son principe d’égalité en droit, ce serait insuffisant. Donner la même chose à chacun ne permet pas de corriger les inégalités de départ. Au contraire, cela risque de les légitimer en les couvrant de l’onction du diplôme et du mérite : « l’école est la même pour tous, donc si vous échouez c’est de votre faute ».

L’école a vocation à corriger ces inégalités de départ. Nous proposons de changer de paradigme scolaire, en affirmant le principe de l’égalité réelle des chances : donner plus à ceux qui ont moins, plus de capital pédagogique à ceux qui ont moins de capital privé.

Il s’agit donc de concentrer les moyens scolaires. Sur quelle base ? Pas sur une base ethnique ou religieuse : ces discriminations positives « à l’américaine » sont contraires à notre tradition républicaine. L’approche territoriale est acceptable, car les inégalités se concentrent de manière territoriale. Mais c’est d’abord la concentration sur une base individuelle qui doit être recherchée. Idéalement, si un enfant a besoin de 30 heures pour assimiler son cours de mathématiques, au lieu des 20 théoriquement prévues au programme, l’école doit être capable de les lui fournir - quelles que soient ses origines sociales ou territoriales. Bien sûr, statistiquement, les enfants en difficulté viendront surtout des familles défavorisées et plus rarement des familles aisées, essentiellement des banlieues pauvres et très peu des quartiers riches. Mais tous les enfants en difficulté méritent l’attention publique. On construit ainsi un « droit de tirage social », fondé sur une différenciation légitime, car purement individuelle, et non ethnique ou religieuse.

2. ILLUSTRATIONS PROGRAMMATIQUES

• Proposition n°1 : créer un poste d’« instituteur volant » en CP

Non affecté à une classe, il serait chargé de donner du temps pédagogique supplémentaire aux enfants en difficulté d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

• Proposition n°2 : un plan périscolaire pour tous

L’activité après l’école a un rôle important. Or ces activités ne sont pas réalisées dans de bonnes conditions dans toutes les familles. Pour compenser ces inégalités, un grand plan périscolaire pourrait combiner aides aux devoirs, activités sportives et éveil culturel, en coopération avec les collectivités territoriales, les mouvements d’éducation populaire.

Proposition n°3 : renforcer les zones d’éducation prioritaire (ZEP)¤

Les ZEP reposent sur une logique simple : donner plus aux quartiers défavorisés. C’est une bonne approche, car territoriale. Leurs résultats sont pourtant décevants, du fait de handicaps qu’il faut corriger. Quatre réformes pour les ZEP :

  [[Renforcer massivement les moyens financiers alloués aux ZEP. Un élève en ZEP ne bénéficie que de 7% de moyens supplémentaires par rapport à un élève hors ZEP. Il faut aligner la France sur les efforts de nos voisins européens, comme les Pays-Bas : 100% de moyens supplémentaires par élève. Cela nécessite d’accroître fortement les moyens alloués aux ZEP et de limiter leur saupoudrage.

  ((Adapter l’enseignement des ZEP. Rien, au-delà du dévouement d’une majorité de professeurs, ne distingue positivement l’enseignement dans ces établissements. Une réforme profonde est nécessaire : formation spécifique des enseignants (classes d’application des IUFM, stages préalables), pédagogie adaptée à la réalité de chaque situation locale dans le cadre de projets d’établissement autonomes (diminution des effectifs par classe. dédoublement dans certaines disciplines, maîtres supplémentaires à certains niveaux d’enseignement...), aménagements des locaux scolaires aux difficultés matérielles des élèves (bureaux de tutorat, salles ouvertes tard le soir pour permettre le travail personnel, équipement informatique individualisé, ouverture des équipements aux associations du quartier en dehors du temps scolaire)...

  [Créer le statut d’« élève à besoin éducatif prioritaire » (BEP). Les ZEP créent des effets de stigmatisation. les enfants des classes moyennes évitent les écoles en ZEP, soit en déménageant, soit en contournant la carte scolaire. Pour casser l’effet ghetto des ZEP, l’idée serait de créer un statut d’élève prioritaire Les moyens affectés seraient calculés pour les établissements au prorata du nombre d’élèves prioritaires accueillis.

  Donner des affectations « coupe-file » aux élèves prioritaires. Les élèves de ZEP, en effet, ne sont prioritaires sur rien. Il faut avoir le courage de leur offrir des affectations « coupe-file » pour les filières d’enseignement les plus demandées, dont ils sont sans cela exclus sous couvert de carte scolaire. La « filière ZEP » de Sciences Po constitue à cet égard une expérimentation réussie.

(...)

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