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Occupations dans 12 ZEP de Seine-Saint-Denis

26 février 2006

Extrait de « Libération » du 25.02.06 : Les profs occupent 12 collèges ZEP de Seine-Saint-Denis

Pour eux, la réforme Robien « déshabille Paul pour habiller Jacques ».

Douze collèges ZEP de Seine-Saint-Denis, département « sentinelle » des mouvements sociaux dans l’Education nationale, ont été occupés par des enseignants dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est la deuxième fois que des profs du 93 occupent leurs collèges depuis que Gilles de Robien a lancé sa réforme des ZEP. Pour défendre cette réforme, le ministre explique qu’il veut « donner plus à ceux qui en ont le plus besoin », et cela en redistribuant les moyens.

Ce qui conduit Robien à ranger tous les établissements aujourd’hui classés en ZEP en trois grandes catégories : les EP1, considérés comme archi-prioritaires, composent une liste de 249 collèges labéllisés « ambition-réussite ». Tous les autres sont pour l’instant en EP2. La troisième catégorie, EP3, reste opaque : elle concerne les établissements appelés à quitter le dispositif des ZEP, et le ministre se garde bien d’en dresser la liste.

C’est prudent. Car sa réforme provoque un tel tollé chez les enseignants des ZEP que même ceux qui sont classés en EP1 ne s’en satisfont pas. Ainsi, sur les douze collèges occupés jeudi soir, quatre sont classés « ambition-réussite » : Jean-Moulin à Aubervilliers, Jean-Vilar à La Courneuve, Claude-Debussy à Aulnay-sous-Bois et République à Bobigny. « Notre établissement est classé EP1, mais l’inspection académique est incapable de nous expliquer ce que cela va changer et comment les équipes vont devoir s’organiser », explique Guillaume Delmas, prof à La Courneuve. Les enseignants du 93 rappellent que la réforme des ZEP a été décidée dans la foulée des événements de novembre : « C’est une mesure d’urgence, et comme à chaque fois, la précipitation nuit à la réflexion. »

Pour informer les parents d’élèves de leur action, ces enseignants ont organisé jeudi soir un apéro-discussion dans chacun des collèges occupés. Puis, ils ont installé leurs sacs de couchage pour la nuit, passée en salle des profs. « Dans mon collège, nous étions une dizaine à dormir là », raconte une enseignante d’Epinay. Au matin, les profs n’avaient pas vraiment les yeux en face des trous. Les élèves en ont ri. « C’est un bon moyen d’entamer la discussion avec eux aussi », dit un enseignant.

Pour ces « militants de l’éducation prioritaire », la réforme des ZEP se résume « à déshabiller Paul pour habiller Jacques, sans augmenter l’enveloppe globale ». Lors de la manifestation nationale des enseignants, le 2 février, ceux de Seine-Saint-Denis avaient pris la tête du cortège, scandant : « ZEP en colère, ministère au Kärcher ! » Ils croient voir une « cohérence » dans la politique de l’Education : le socle commun, né de la loi Fillon, comme unique programme scolaire pour les collégiens, suivi de l’apprentissage à 14 ans « pour parvenir à un tri social ». De nouvelles occupations sont prévues la semaine prochaine

Marie-Joëlle Gros

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