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OCDE : Parcours de vie difficiles en matière sociale et éducative

28 février 2006

Extrait du site du CERC, le 28.02.06 :

« Social disadvantage and education experiences », par S. Machin, Paris, n° 32, Février 2006.

Résumé :

Ce document présente une analyse de la relation entre désavantage social et parcours éducatifs des individus issus d’un milieu familial défavorisé à chaque étape de leur vie, et décrit certaines des conséquences de ces parcours pour la société dans son ensemble.

Une conclusion générale est que si la formation peut servir d’ascenseur social - en offrant de meilleures perspectives d’emploi aux jeunes les plus menacés de dénuement et en réduisant la prévalence de la pauvreté économique à l’âge adulte - l ’échec scolaire peut en revanche renforcer le désavantage social : dans plusieurs pays de l’OCDE, une minorité importante d’élèves n’arrive même pas au terme de l’enseignement obligatoire ; dans le premier cycle du secondaire, les résultats des élèves aux tests dépendent beaucoup des caractéristiques de la famille ; et le développement des études universitaires a le plus souvent profité aux ménages dont les parents étaient relativement mieux instruits. Loin d’ « égaliser » les chances, l’éducation peut être un puissant moteur de sélection sociale.

Dans un contexte où le rendement de la formation augmente avec le temps, cette dynamique pourrait conduire à une persistance de la pauvreté de génération en génération plus accentuée ainsi qu’une diminution de l’égalité des chances. Ce rapport analyse aussi le rôle des politiques qui sont plus particulièrement axées sur les parcours d’apprentissage des personnes issues des milieux défavorisés, dans le cadre d’une stratégie plus vaste de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Ces mesures peuvent être groupées dans deux grandes catégories :

• Les politiques d’éducation. Ces politiques peuvent être conçues dans le but de compenser certains aspects essentiels des désavantages dus au milieu familial, qui freinent la réussite scolaire, sans pour autant nécessairement entraver celle des meilleurs élèves. Dans certains pays de l’OCDE, les règles d’admission à l’école sont beaucoup plus équitables que dans d’autres et la répartition des élèves par niveau de compétence se fait à un âge ultérieur.

Les mesures destinées à renforcer les compétences à la fois cognitives et non cognitives des élèves issus des milieux défavorisés peuvent jouer un rôle important en limitant l’exclusion sociale et en atténuant le recours à des mesures sociales à un stade ultérieur de la vie des intéressés.

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La présentation de cette étude par le « Café pédagogique »

Extrait de « L’Expresso » du 01.03.06 : Pour l’OCDE l’échec scolaire des familles pauvres n’est pas une fatalité

"Si la formation peut servir d’ascenseur social — en offrant de meilleures perspectives d’emploi aux jeunes les plus menacés de dénuement et en réduisant la prévalence de la pauvreté économique à l’âge adulte — l’échec scolaire peut en revanche renforcer le désavantage social : dans plusieurs pays de l’OCDE, une minorité importante d’élèves n’arrive même pas au terme de l’enseignement obligatoire ; dans le premier cycle du secondaire, les résultats des élèves aux tests dépendent beaucoup des caractéristiques de la famille ; et le développement des études universitaires a le plus souvent profité aux ménages dont les parents étaient relativement mieux instruits. Loin d’ « égaliser » les chances, l’éducation peut être un puissant moteur de sélection sociale". Dans une étude publiée par l’OCDE sur le désavantage social et les parcours scolaires, Stephen Machin montre que l’Ecole peut augmenter les écarts sociaux. Pour lui, "cette dynamique pourrait conduire à une persistance de la pauvreté de génération en génération plus accentuée ainsi qu’une diminution de l’égalité des chances".

Pour autant ce n’est pas une fatalité et certains dispositifs peuvent lutter contre l’échec scolaire des enfants défavorisés. Sur le plan scolaire, "les mesures destinées à renforcer les compétences à la fois cognitives et non cognitives des élèves issus des milieux défavorisés peuvent jouer un rôle important en limitant l’exclusion sociale". Le rapport cite en exemple les pays qui sélectionnent tardivement les élèves.

Les politiques sociales ont aussi un rôle à jouer. "Sont en l’occurrence privilégiés : les politiques qui prévoient l’octroi de ressources financières aux familles à la condition que ces dernières envoient leurs enfants à l’école ; les programmes de formation ciblés sur les jeunes sortis prématurément du circuit scolaire ordinaire ; la formation pour adultes ciblée sur les individus ayant un faible niveau d’instruction ; les politiques de validation des acquis professionnels ; ainsi que les programmes dont l’objet est de modifier l’attitude des parents à l’égard des études ou qui proposent des activités extra-scolaires, pouvant exercer une influence sur des groupes d’enfants du même âge".

Car la variable âge semble déterminante. "Un aspect essentiel des programmes axés sur les parcours d’apprentissage est le stade de la vie auquel ils sont mis en oeuvre. Au fil des ans, on a accumulé une masse considérable de données qui témoignent de l’importance de cibler les programmes sur les enfants issus des milieux défavorisés dès la préscolarisation. Il y a moins d’accord pour ce qui est des effets des programmes ciblés sur des personnes défavorisées à un stade ultérieur de leur vie".

Ces recommandations se différencient nettement des décisions prises en France où on s’oriente vers la sélection précoce et où la politique des ZEP reste centrée sur le collège.

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