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Jamel Debbouze : En ZEP, on est obligé de travailler plus !

2 mai 2006

Extrait de « Métro » du 07.04.06 : Le travail, c’est ça qui te permet d’improviser

"Le travail, c’est ça qui te permet d’improviser"

Jamel emmène sa troupe (une vingtaine de comédiens dont Amel Chahbi, Fabrice Eboué, Patson, Tomer Sysley, Mustapha, Grand Corps Malade, Blanche..., à Aulnay sous Bois pour neuf représentations où le stand-up sera roi. Mode d’emploi avec le maître de cérémonie.(07/04/2006)

Quel est le principe de Jamel et sa troupe ?

On a eu un coup de cœur énorme pour des jeunes artistes qui sont pour nous la future génération d’artistes urbains. Leur dénominateur commun est qu’ils traitent de la rue et du peuple, ce qui n’était pas il y a trois ans. Ça fait quinze ans que je fais les scènes ouvertes et avec Kader, on n’était jamais tombé sur autant de gens qui avaient un propos et qui étaient drôles en même temps. On a voulu leur donner l’opportunité de s’exprimer dans de très bonnes conditions, parce qu’ils ont de vraiment des choses intéressantes à raconter, que ce soit Eboué, Grand corps malade ou Amel, qui est un petite rebeu avec une vraie patate, une vraie énergie.

Vous allez être le chauffeur de salle et faire le lien entre les différents artistes. Mais ça n’est pas facile de passer après Jamel...

Ils se démerdent. Je ne vais pas commencer à me mettre à leur niveau, c’est à eux de suivre le livre et le lièvre dans l’histoire, c’est moi. Je vais cavaler. Sils sont à la traîne, ils sont à la traîne. Il y a aussi un esprit de compétition. Ils sont vingt et il faut qu’ils se bagarrent les mecs ;

Mais c’est la Star-Ac ce truc !

Non, il ne faut pas comparer. On n’est pas là pour faire de l’oseille, on est là pour donner un moyen d’expression. Moi si je peux servir de projecteur, je suis l’homme le plus heureux du monde. Je suis le juste le prétexte dans cette histoire, après, ce sera à eux de se démerder. Je ne peux pas prendre le micro à leur place. Mais on a tous besoin d’un lièvre et je vais cavaler très vite ces soirs-là, ça c’est sûr.

C’est quoi ce propos dont vous parliez ?

Aujourd’hui, on n’a plus besoin d’aller dans le sens du poil, on est beaucoup plus en confiance, aspiré à raconter des choses et à expliquer combien on est légitime dans ce pays. On n’est plus dans la justification, dans le rebeuh de service, celui qui se fait courser par les keufs. Non, non, on a aussi notre point de vue sur la société parce qu’on est Français à part entière et que le nouveau visage de la France, il ressemble bizarrement à ça. Que tu sois rebeuh ou renoua, portugais, feuje ou moldave, si t’es né ici, si t’as grandi ici, t’es un icissien ! Arrête de me parler d’intégration. Intégration, c’est un mot qui a été inventé par Koffi Yamgane à l’époque pour justifier son salaire. Nous on est çaifran, fiers de l’être, avec un propos. C’est mon pays, donc je sais ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans ce pays, puisque j’y vis. Et ces mecs ont un point de vue qui m’intéresse. C’est vraiment une génération de comiques urbains qui vaut le coup d’être vue et reconnue. Ils ont comme point en commun une passion pour ce métier et c’est déjà énorme. Mais en fait, c’est des jeunes qui parlent de la rue.

Qu’est-ce qui va en sortir de ce spectacle à Aulnay ?

Il faut bien se dire que ça va être une sorte de répétition, parce qu’on prépare une émission qu’on va présenter au mois de juin sur Canal plus et on espère en sortir un spectacle en janvier sur un grande scène parisienne. Ça s’appellera Jam and the band. Le principe, c’est que j’arrive avec ma partie à moi, ils ont leur partie à eux et c’est un déroulé de comiques new generation. Le dénominateur commun, c’est la drôlerie et la rue. Mais attention, ce n’est pas un passage de relais. T’es fou, j’ai encore trente ans de carrière devant moi ! Les mecs ils ont mon âge mais j’ai simplement plus de bouteille qu’eux et je trouve qu’ils valent vraiment le coup. J’aurais adoré qu’on se penche sur moi comme je me penche sur eux.

C’est difficile pour eux ?

Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’on est français mais que trop peu de gens l’acceptent. Quand tu es renoua et que tu as un accent camerounais, c’est pas de ta faute, qu’est que tu veux faire ? Tu es né en France, tu es français avec tout ce que ça implique mais pas reconnu en tant que tel, ça casse les couilles, c’est chiant. Quand en ZEP, t’es obligé d’avoir 14,5 de moyenne générale pour aller en seconde normale, alors qu’un Lucien ou un Jacques a besoin d’un 9,5 pour passer, c’est terrible. Pourquoi on est obligé d’en faire plus que les autres ?

(...)

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