> Enseignement supérieur et Ouverture sociale > Ouverture sociale > Ouverture sociale. Sciences Po > Sciences Po Paris > La « classe ZEP » de Henri IV sera une « classe milieu modeste ».

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

La « classe ZEP » de Henri IV sera une « classe milieu modeste ».

16 mai 2006

Extrait du « Monde » du 16.05.06 : Le lycée Henri-IV a finalisé son projet d’accueil d’élèves de milieux modestes

Annoncé le 1er décembre 2005 par le premier ministre, Dominique de Villepin, le projet d’une classe pilote pour trente élèves d’origine sociale modeste au sein du prestigieux lycée parisien Henri-IV est finalisé : le proviseur du lycée, Patrice Corre, et le recteur de l’académie de Paris, Maurice Quénet, devaient en dévoiler les détails, lundi 15 mai.

Décidé à l’issue de la crise des banlieues, ce projet s’inscrit dans les décisions du gouvernement destinées à favoriser l’égalité des chances. Il résulte du constat d’une diminution forte, au cours des dernières années, des candidatures d’élèves de milieu social défavorisé aux classes préparatoires aux grandes écoles. L’objectif de cette classe, qui démarrera en septembre 2006, est de préparer en un an des élèves boursiers méritants à entrer dans les classes préparatoires les plus sélectives. "Il s’agit de donner une impulsion forte en direction des familles et des élèves qui ne vont pas naturellement vers les classes préparatoires et de faire réussir des élèves qui ont le potentiel mais qui n’osent pas, afin de leur permettre d’accéder socialement à des postes à haute responsabilité", explique M. Corre.

La classe dénommée "classe préparatoire aux études supérieures" s’adresse aux candidats de terminale des filières de l’enseignement général (L, S, ES) des lycées de la France entière, DOM-TOM inclus, et pas seulement à ceux classés en zone d’éducation prioritaire, contrairement à ce qui avait été envisagé initialement. "Il ne s’agit pas de discrimination positive, estime M. Corre, mais d’une opération d’ouverture sociale sur la base du mérite." Les jeunes doivent être boursiers ou futurs boursiers de l’enseignement supérieur et présenter un cursus scolaire "prometteur".

Accompagnement personnalisé

Les trente élèves sélectionnés bénéficieront d’une formation intensive à raison de 27 à 30 heures de cours hebdomadaires pour leur permettre de renforcer leurs acquis et connaissances en culture générale, apprentissages fondamentaux et méthode de travail. Les cours se répartiront entre des enseignements communs (philosophie, lettres, langues vivantes, sport, histoire et géographie) et des enseignements optionnels en fonction des classes préparatoires visées (à orientation littéraire, économique et sociale ou scientifique). Les élèves seront logés dans un pavillon de la Cité internationale universitaire, à Paris.

Un programme culturel est prévu en renfort des enseignements : conférences, spectacles, expositions, musées... Les élèves devraient bénéficier d’un accompagnement personnalisé par les professeurs et des tuteurs. Il sera fait appel à des anciens élèves du lycée Henri-IV, aujourd’hui en grande école. Au bout de deux mois de classe, les élèves qui seront jugés capables d’intégrer directement une classe préparatoire d’Henri-IV pourront le faire sans perdre le bénéfice de l’accompagnement.

"Je n’aurais jamais présenté un tel projet s’il n’y avait eu une équipe avec moi, précise le proviseur du lycée. Un quart des professeurs des classes préparatoires s’y sont investis." Mécénat de la part de fondations d’entreprise et partenariats pédagogiques avec des institutions comme la Comédie-Française ou l’Opéra ont également permis de boucler l’opération.

Le projet n’est pas nouveau et il aura fallu la crise des banlieues pour le remettre en selle. Patrice Corre avait déjà présenté, en 2001, un projet proche. "Environ 29 % des élèves de nos quatre plus grandes écoles étaient d’origine populaire au début des années 1950 ; ils ne sont plus que 9 % au début des années 1990, c’est insupportable", notait-il alors.

Le SNES, principal syndicat des enseignants du second degré, affiche "une appréciation mitigée" sur ce programme et défend le principe de classes de proximité dans les quartiers défavorisés. Implantées à partir de la fin des années 1980 dans certaines villes de banlieue, ces classes préparatoires sont destinées aux élèves de milieux modestes. "Nous craignons qu’un projet comme celui d’Henri-IV ne vide ces classes de leurs meilleurs élèves", déclare Jean-Hervé Cohen, responsable du dossier au sein du SNES.

Martine Laronche

---------

Extrait du site " VousNousIls ", le 16.05.06 : Les initiatives des grandes écoles pour démocratiser l’accès au supérieur

L’initiative prise par le lycée Henri-IV, qui va ouvrir dès la prochaine rentrée une classe spéciale pour préparer des bacheliers de milieux défavorisés à intégrer les grandes écoles, s’inscrit dans une série d’expériences de démocratisation de l’accès au supérieur.

L’entreprise du prestigieux établissement parisien est originale : non seulement parce qu’il est le premier lycée à la mener, mais parce qu’elle intègre cursus spécifique, encadrement renforcé, accent sur la culture générale et logement des étudiants.

Depuis plusieurs années, nombre de grandes écoles ont pris des mesures pour favoriser l’entrée dans des filières d’excellence à des populations qui n’y ont pas accès ou estiment ne pouvoir y être admises.

Jusqu’alors, selon la Conférence des grandes écoles (CGE), 72% de leurs étudiants sont de familles de cadres ou de professions libérales contre 5,2% d’ouvriers et 5,7% d’employés, alors que les cadres ne constituent que 13,6% des familles ayant des enfants en âge de les fréquenter.
L’Institut d’études politiques de Paris (Sciences-Po) a lancé le mouvement il y a cinq ans en instituant un concours spécial d’entrée réservé à des bacheliers venant de ZEP : 23 lycées concernés dans cinq académies et 300 jeunes. Une préparation préalable est assurée en terminale, mais une fois le concours réussi, ces élèves entrent dans le droit commun de Sciences-Po.

L’an prochain, Sciences-Po Lille va lui aussi intégrer une vingtaine d’élèves de ZEP, avec concours spécial.
En 2001 également, l’Essec, grande école de commerce, a mis en place un programme accompagnant des jeunes de la seconde à la terminale, pour les préparer à intégrer une prépa. 48 élèves de la région de Cergy, où est implantée l’Essec, en bénéficient, encadrés par 16 tuteurs.

Depuis 2004, 56 autres grandes écoles (sur les 220 établissements de la CGE) ont signé une charte s’engageant à instaurer dans des processus similaires : information, accompagnement psychologique et pédagogique de lycéens et parfois concours spéciaux. Des associations de bénévoles, pour la plupart constituées d’étudiants de grandes écoles, assurent un soutien de même type auprès de lycéens de quartiers défavorisés.

Les initiatives ne concernent encore que très peu de jeunes, dans un milieu lui-même sélectif (30.000 diplômes seulement par an). Toutefois, elles sont dans l’air du temps, comme l’ont montré deux rapports récents.

Le Conseil d’analyse économique et sociale (CAS), présidé par l’ancien ministre Luc Ferry, a ainsi préconisé en 2005 de généraliser les expériences en cours et "faire évoluer les concours". L’Institut Montaigne, présidé par Claude Bébéar, a proposé un concours spécial d’entrée en grandes écoles réservé aux élèves de ZEP, et une obligation d’admettre en prépas un quota de ces élèves.

---------

Extrait du site " VousNousIls ", le 16.05.06 : Henry IV ouvre une classe prépa spéciale pour jeunes de milieux défavorisés

Un bon élève "méritant", voire brillant, mais issu d’un quartier difficile ou défavorisé pourra désormais intégrer une classe préparatoire du prestigieux lycée parisien Henri-IV, afin de briguer une place dans une grande école.

A la rentrée prochaine, l’établissement ouvre une classe préparatoire aux études supérieures (CPES), classe expérimentale de trente bacheliers pour milieux défavorisés, destinée à préparer en un an à une prépa traditionnelle.

En annonçant lundi à la presse cette expérience, imaginée par Henri-IV et validée officiellement en décembre 2005 par le gouvernement, le proviseur du lycée Patrice Corre a parlé de "pari enthousiasmant et nécessaire".

Première initiative de ce type en France, elle s’intègre toutefois à une série de tentatives de démocratisation de l’accès au supérieur, comme la "discrimination positive" menée depuis cinq ans à Sciences-Po avec un concours d’entrée spécifique pour lycéens issus de ZEP.

"Nous allons les choisir parmi les jeunes qui ont toutes les capacités pour réussir, mais qui n’imaginaient pas, pour des raisons socioculturelles, qu’ils pourraient intégrer une grande école", a précisé M. Corre.

"Le recrutement pour les filières d’excellence de certains jeunes de milieu modeste a baissé, il était beaucoup plus ouvert il y a trente ou quarante ans. Alors, nous allons combattre l’autocensure et aller les chercher nous même", a souligné le recteur de l’académie, Maurice Quenet.

Diplômés du bac général, tous boursiers (critère incontournable) et de bon niveau scolaire, ils seront choisis par Henri-IV (en deux vagues, avant et après le bac) après avoir été sélectionnés par leurs lycées. 240 lycées en France sont concernés.

Les trente jeunes suivront des cours intensifs avec 11h de tronc commun et 16 à 18h de disciplines différentes, selon qu’ils s’orienteront vers une prépa littéraire, scientifique ou économique. Ils bénéficieront d’un encadrement renforcé et d’un tutorat assuré par des étudiants volontaires, issus de grandes écoles.
L’accent sera mis sur l’acquisition d’une culture générale, celle souvent acquise hors scolarité dans des milieux familiaux plus favorisés. Grâce à des partenariats et des mécenats, ils auront droit à des sorties culturelles : conférences, spectacles, visites de musées et expositions.

Par ailleurs, ils bénéficieront de compléments de bourses, de dons et de prêts de matériel et seront logés à la Cité universitaire internationale, qui dérogera pour eux à l’accueil exclusif d’étudiants de deuxième cycle et plus. "C’est un moyen essentiel de remédier aux obstacles financiers et à la difficulté sinon l’impossibilité pour certains de se loger à Paris", a souligné M. Corre.

"Notre objectif est 100% de réussite", a-t-il ajouté, signalant que certains élèves, particulièrement brillants, pourraient intégrer une prépa traditionnelle au bout de quelques semaines seulement de CPES mais qu’ils continueraient à bénéficier de l’accompagnement spécial prévu car "le mérite ne doit pas être parasité par des contingences sociofinancières", a-t-il lancé

----------

Extrait du site « Voilà.fr », le 16.05.06 : Henry-IV ouvre une classe prépa spéciale pour jeunes de milieux défavorisés

Un bon élève "méritant", voire brillant, mais issu d’un quartier difficile ou d’un milieu défavorisé va désormais pouvoir intégrer une classe préparatoire du prestigieux lycée parisien Henri-IV afin de briguer une place en grande école.

L’établissement ouvre en effet, à la rentrée prochaine, une classe préparatoire aux études supérieures (CPES), classe expérimentale devant accueillir trente bacheliers de milieux défavorisés et les préparer en un an à intégrer une prépa traditionnelle.

En annonçant lundi à la presse cette initiative, une première en France, imaginée par Henri IV et validée officiellement en décembre dernier par le gouvernement, le proviseur du lycée Patrice Corre a parlé de "pari enthousiasmant et nécessaire".

"Nous allons les choisir parmi les jeunes qui ont toutes les capacités pour réussir mais qui n’imaginaient pas pour des raisons socio-culturelles qu’ils pourraient intégrer une grande école", a-t-il ajouté. "Le recrutement pour les filières d’excellence de certains jeunes de milieux modestes a baissé, il était beaucoup plus ouvert il y a trente ou quarante ans. Alors, nous allons combattre l’autocensure et aller les chercher nous-mêmes", a souligné de son côté le recteur de l’académie, Maurice Quenet.

Diplômés du bac général, tous boursiers, critère incontournable, et de bon niveau scolaire, ils seront choisis par Henri IV (en deux fournées, avant et après le bac) après avoir été sélectionnés par leurs lycées. 240 lycées à travers la France sont concernés.

Les trente jeunes suivront des cours intensifs avec 11 heures de tronc commun et 16 à 18 heures de disciplines qui différeront selon qu’ils s’orienteront vers une prépa littéraire, scientifique ou économique. Ils bénéficieront d’un encadrement renforcé et même d’un tutorat assuré par des étudiants issus de grande école et volontaires.
L’accent sera mis également sur l’acquisition d’une culture générale, celle souvent acquise hors scolarité dans des milieux familiaux plus favorisés. Grâce à des partenariats et des mécenats, ils auront droit, en outre, à des sorties culturelles : conférences, spectacles, visites dans les musées et les expositions.

Par ailleurs, ils bénéficieront de compléments de bourses, de dons et prêts de matériel et, enfin, ils seront logés tout le temps de leurs études à Henri IV (la CPES puis les deux ans de prépa) à la Cité universitaire internationale, qui déroge pour eux à sa règle d’accueil d’étudiants de deuxième cycle et plus uniquement. "C’est un moyen essentiel de remédier aux obstacles financiers et à la difficulté sinon l’impossibilité pour certains de se loger à Paris", a souligné M. Corre.

"Notre objectif est 100% de réussite", a-t-il ajouté signalant que certains élèves, particulièrement brillants, pourraient intégrer une prépa traditionnelle au bout de quelques semaines seulement de CPES mais qu’ils continueraient à bénéficier de l’accompagnement spécial prévu car "le mérite ne doit pas être parasité par des contingences socio-financières", a-t-il lancé.

© AFP

---------

Extrait de « 20 minutes » du 16.05.06 : Henri-IV s’ouvre aux « têtes » défavorisées

Parce qu’eux aussi le valent bien. Le prestigieux lycée parisien Henri-IV (5e arrondissement) va tenter une expérience novatrice, « imaginée et portée » par ses professeurs : l’ouverture, dès la rentrée prochaine, d’une classe préparatoire aux études supérieures (CPES). Une sorte de prépa à la prépa, destinée à des élèves qui devront cumuler « mérite » et « milieu social défavorisé ». En somme, le temple de l’excellence va ouvrir ses portes à de jeunes bacheliers pour qui l’ascenseur social risquait fort de rester bloqué au rez-de-chaussée. « Nous voulons impulser de nouvelles ambitions à des élèves méritants qui avaient tendance à s’autocensurer », a expliqué hier Patrice Corre, le proviseur du lycée Henri-IV. Plus habitué à accueillir des fils de bonne famille, il souhaite que le recrutement des filières d’excellence « s’ouvre socialement » et que « les emplois soient pourvus en fonction du mérite, et non plus de la condition sociale ».

Concrètement, trente élèves, « issus de la France entière et pas seulement des ZEP », vont être sélectionnés sur dossier*. Entre septembre et juin, chaque heureux élu sera coaché par un ancien élève, hébergé à la Cité universitaire et, cerise sur le gâteau, gratifié d’un ordinateur portable. Mais en échange, pas question pour la future crème des étudiants de tourner en rond. Avec 27 à 30 heures de cours par semaine, le cursus n’aura rien d’allégé. A la clé, une place en hypokhâgne, en prépa HEC ou en maths sup, soit à Henri-IV, soit dans une autre prépa ultrasélective.

« A la fin de l’année scolaire, l’expérience sera expertisée », a indiqué le recteur de l’académie de Paris, Maurice Quenet. Pour l’heure, il assure que « les établissements de province n’ont eu aucune réaction négative ». Reste qu’ils pourraient perdre certains de leurs meilleurs élèves.

Laure de Charrette

Le site du lycée Henri IV

Deux autres CPES doivent ouvrir à la rentrée prochaine, au lycée Jacques-Feyder à Epinay (93) et au lycée Jean-Moulin à Torcy (77).

Répondre à cet article