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Les débats en cours sur les ZEP au PS

21 mai 2006

Extrait du site du Parti socialiste, le 21.05.06 : « Il faut faire bouger les ZEP »

Un responsable du PS estime qu’il faut « faire bouger les ZEP »

"Le ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien, vient de mettre en place un nouveau système de classement des zones d’éducations prioritaires (ZEP). Bien que l’ensemble des syndicats et des élus soient pour une modification du système, le plan Robien ne plait pas, il exaspère.

Quatre mois après la crise des banlieues, le volet éducation de la loi sur l’égalité des chances a été présenté...mais presque passé sous silence. Il faut dire que Gilles de Robien n’a pas changé grand chose à une situation de plus en plus catastrophique. Son plan s’organise autour de la division des ZEP en trois catégories, enseignement prioritaire (E.P.) 1, 2 et 3. Comme si, pour le gouvernement, une classification différente aurait pour effet de tout régler. Robien maintient une politique de territoire, sans augmentation des budgets et invente un nouveau sigle : RAR. Comprenez par là « réseau ambition réussite ».

Philippe Zittoun, délégué national du PS à la mixité sociale, ne nie pas le problème de fond avec les ZEP. Il y a en effet une véritable ambiguïté de ce système puisque cette classification permet certes de débloquer des moyens mais elle a pour second effet de rendre ces établissements repoussant pour les parents d’élèves. Mais le véritable problème de l’éducation prioritaire de notre pays est pour Zittoun d’avoir « les moyens de motiver ou de faire émerger des moyens pédagogiques supplémentaires ».

Le Parti Socialiste proposait déjà de reprendre le modèle nordique, où, dans les zones d’échecs scolaires, on divise les effectifs des classes par deux. La procédure des ZEP donne la possibilité aujourd’hui en France de baisser les effectifs par classe de 26 à 23 élèves. Ce qui est largement insuffisant. Le délégué national à la mixité sociale prône une division plus radicale des effectifs mais aussi une valorisation des projets pédagogiques. « Décloisonner, faire confiance aux équipes pédagogiques en leur donnant les moyens de la faire. ». Il ajoute qu’il « faut toujours penser que l’école représente environ 20 % de l’éducation. Il faut travailler sur un projet pédagogique d’ensemble ». Ainsi, l’éducation doit rejoindre l’urbanisme et les agents sociaux pour conjuguer au pluriel un projet qui n’abandonne pas l’enfant à la sortie de l’école. Pour que les ZEP redeviennent un jour des lieux d’enseignements communs, les maîtres mots seront donc « équipe, moyen et environnement ».

Ariane Vincent

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Sur le même site, un entretien avec un directeur d’école en ZEP :

« Une société sans éducation est une société sans avenir »

Enseignant depuis 25 ans dans des Zones d’Education Prioritaire, Yannick Trigance constate une dégradation à la fois des conditions d’enseignement et des conditions de vie dans ces quartiers. Face aux difficultés accrues des familles, l’école se retrouve aujourd’hui privée de ses moyens lui permettant de mener à bien ses missions. Enfants sans classe, classes sans professeur, suppression des remplaçants, suppression des formations, la liste est longue des coupes franches faites dans l’éducation en particulier dans ces ZEP pourtant nommée « prioritaires »...

Interview de Yannick Trigance, directeur de l’école élémentaire d’Epinay-sur-Seine (93) classée en Zones d’Education Prioritaire (ZEP).

Vous enseignez depuis 25 ans en Zones d’Education Prioritaire, quelle évolution avez-vous pu observer ?

On assiste incontestablement à une aggravation de la situation dans nos quartiers. Aujourd’hui, dans les ZEP, on retrouve toute la palette des difficultés qui sont avant tout d’ordre socio-économique et rien d’autre. A cette concentration des difficultés s’ajoute également une quasi-absence de brassage et de mixité sociale dans nos quartiers. Or, face à cette paupérisation des familles, l’école publique est complètement privée de ses moyens. Il y a à la fois une dégradation des conditions de vie et une dégradation des conditions d’enseignement. Depuis quatre ans que nous sommes sous ce gouvernement, la situation s’est considérablement dégradée dans les écoles et surtout dans les ZEP.

Par exemple, pour la première année dans mon école à la rentrée 2005, j’avais des classes qui n’avaient pas d’enseignants affectés. De plus, aujourd’hui, lorsqu’un enseignant est absent, il n’est pas remplacé et les enfants n’ont donc pas classe. Sur ma ville, Epinay-sur-Seine, chaque jour environ 15 classes n’ont pas de remplaçant.

Plus globalement, il y a encore 4 ans sur le département de la Seine-Saint-Denis, environ 30% des enfants de moins de 3 ans étaient scolarisés, aujourd’hui on est tombé à 5%, et à Epinay-sur-Seine 0%. Dans certaines écoles de la ville, on est confronté à l’heure actuelle à des enfants de 3 ans révolus qui n’ont pas de places à l’école maternelle. Or on sait qu’en ZEP la scolarisation des enfants de moins de 3 ans devrait être une priorité. Aujourd’hui la maternelle est sacrifiée.

Et concernant plus particulièrement la situation des enseignants ?

Les stages de formation continue des enseignants sont supprimés alors qu’on en a particulièrement besoin dans ces quartiers justement. On a beaucoup de jeunes enseignants qui arrivent chez nous, qui font ce qu’ils peuvent, souvent même d’ailleurs très bien, mais qui sont privés de ce droit. De plus, le gouvernement a supprimé 10% des postes pour les concours de premier degré, 30% en collège, 40% en lycée. C’est une véritable catastrophe.
Pour autant, les familles ne démissionnent pas, il faut vraiment que l’on se batte contre ces clichés-là. Les parents essaient encore d’avoir confiance dans l’école publique car ils savent qu’elle reste un élément déterminant pour la réussite ultérieure de leurs enfants. Les familles s’accrochent à ce service public et veulent y croire, mais franchement la politique actuelle du gouvernement tant à décourager les familles le corps enseignant.

Quelles sont vos principales revendications ?

J’ai peu d’espoir à l’égard du gouvernement actuel. On voit la manière dont il traite les jeunes, actuellement avec le CPE, et plus généralement l’éducation. Il faut décréter une véritable priorité sur l’éducation et sur l’éducation prioritaire. Une société sans éducation est une société sans avenir. On ne peut plus se satisfaire d’un saupoudrage : il faut mettre massivement les moyens dans l’école mais aussi autour de l’école.

En même temps, il n’est pas bon de trop individualiser les mesures comme avec le plan de Borloo. Il faut bien sûr des mesures individuelles, mais il faut aussi conserver la notion de territoires : ceux-ci doivent rester prioritaires et il est nécessaire de concentrer les moyens là où il y a de réelles difficultés.

Au-delà de la question des moyens, il faut également préciser quelles doivent être les missions de l’école, ce que l’on attend d’elle. Cependant l’école ne peut pas tout. Il faut savoir ce que l’on est prêt à faire, à partir de ces missions, en termes de contenu d’enseignement, de formation des enseignants... Il faut absolument entendre les enseignants et travailler avec eux sur la question.

Propos recueillis par Nolwenn Macouin

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Sur le même site, la « note de cadrage du projet 2007 »

Mettre l’éducation au cœur de notre projet et du message que nous voulons adresser à la jeunesse, c’est d’abord lui redonner son sens. La droite en a une vision purement instrumentale.

Loin de vouloir s’attaquer aux inégalités fortes qui rendent notre éducation fragile, elle les accentue et, à l’image de ce qu’elle fait dans toute la société, elle segmente les niveaux d’éducation et accroît la division de la jeunesse. Les socialistes considèrent au contraire que l’éducation au sens large, l’école, l’enseignement supérieur, la recherche sont la priorité. Car, elles sont à la base de l’évolution sociale. Une éducation plus juste c’est, à la fois, le moyen et le signe d’une société plus juste et, par là, plus confiante en elle-même. La réussite de notre pays n’est pas séparable de la réussite de ses habitants. Cela passe par une volonté forte de donner aux jeunes les chances les plus égales possibles de réussite et de promotion sociale. A l’égalité des chances contreviennent, on le sait, d’une part l’inégalité des conditions sociales, d’autre part la diversité des jeunes et leurs intérêts différents. A la première, les socialistes ont répondu et répondront demain par une offre de moyens supplémentaires pour les élèves, les étudiants, les familles qui connaissent des difficultés. A la seconde, nous répondrons par des pédagogies plus diversifiées et de meilleures conditions d’accueil.

Deux projets entre la droite et la gauche se font d’ores et déjà face et s’affronteront en 2007. C’est pour cela que le projet des socialistes s’adresse à tous les Français, enseignants, parents, élèves et étudiants, car jamais l’éducation n’a été autant au cœur des préoccupations des attentes, parfois des révoltes des Français. Nous avons conscience de défendre avec l’éducation pour tous un modèle de société qui doit préparer à l’exercice d’une citoyenneté pleine et entière, à l’âge adulte, qui doit donner une qualification durable permettant de trouver un emploi, qui doit permettre l’exercice libre de la raison.

De cela, découle plusieurs principes qui guident nos propositions :

• Notre vision d’une réussite pour tous exclut l’idée d’une orientation précoce dès l’âge de 14 ans comme le fait la droite qui durcit encore plus les destins sociaux et les inégalités.

• Pour instruire et éduquer convenablement tous les enfants, il faut privilégier la lutte contre les inégalités et l’échec scolaire dès la petite enfance, à l‘école bien sûr et hors de l’école ; il faut varier les rythmes d’apprentissage et, où et quand cela est nécessaire, trouver les moyens d’un enseignement en petits groupes de niveaux ; il faut rénover la politique des Zones d’Education Prioritaire, en concentrant les moyens pour les territoires qui cumulent toutes les difficultés mais, également, en développant les aides scolaires et sociales à l’échelle des individus ; il faut permettre la poursuite de la scolarité, après un brevet rénové sanctionnant l’acquisition d’une culture commune, en organisant mieux les filières des lycées, davantage liées à des projets d’orientation professionnelle. C’est en luttant pour la justice sociale, avec une diversification des moyens, la présence d’adultes plus nombreux dans les établissements que seront mieux réunies les conditions d’une éducation dans la sérénité, la première des exigences pour les enseignants et les élèves.

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Sur le même site :

Propositions en débat

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2 - Rénover le fonctionnement des ZEP

• augmenter fortement les aides pour établissements les plus difficiles en permettant aux établissements de transformer leurs moyens supplémentaires, selon les cas, en diminution d’effectifs par classe, en dédoublement dans certaines disciplines, en professeur et personnel supplémentaires à certains niveaux d’enseignement, etc...

• améliorer le suivi social, médical, sportif des élèves.

• création d’une classe préparatoire aux grandes écoles avec les moyens adaptés dans chaque lycée de ZEP.

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