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Réflexions sur l’application de la réforme des ZEP, par une coordonnatrice ZEP

31 mai 2006

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Les défauts de notre système me semblent avoir pris, encore une fois, le pas sur les avancées qu’aurait pu permettre le texte de relance, car un texte n’est pas grand chose, c’est bien sa mise en oeuvre qui est essentielle et c’est là que je commence à être pessimiste !

 La carte des réseaux ambition réussite ne me semble pas pertinente et elle présente de nombreux défauts qui entachent gravement le principe pourtant indispensable de réduction de la carte de l’éducation prioritaire. Certes les « réseaux » ont remplacé les « collèges » ambition réussite mais, concernant la définition de la carte, le premier degré est assez absent du diagnostic (cf les critères des réseaux ambition réussite critères essentiellement collèges ). On sait pourtant que l’absence de mixité sociale est gravissime dans certaines écoles maternelles et élémentaires ; l’approche territoriale perdure de fait, mais, faute d’analyse fine, elle risque d’être mal ficelée...

 La mise en œuvre de contrat d’objectifs dans un délai très court où les recrutements d’enseignants précèdent les projets à écrire autour de propositions intéressantes (travail autour de livret de compétences, travail en cycles sans redoublement etc...) mais sans outil, qui eux aussi viendront après ... Eviterons-nous ainsi des projets insatisfaisants bouclés à la va vite qui entraîneront frustration et déception ? Eviterons-nous l’impression des équipes de tout devoir inventer, seules et vite...

 Certes il y a un accompagnement prévu dans lequel les IPR sont impliqués ; les quasi-seuls à être impliqués d’ailleurs puisque les IEN ont été « un peu » oubliés, ce qui donne une ambiance de coopération sur le terrain qui n’est pas au beau fixe (l’a-t-elle jamais été ? mais là ça risque d’être pire !). Des IPR donc, mais complètement débordés (par d’autres tâches) qui ne peuvent assurer un accompagnement de proximité.

 Le risque de tout cela est encore une fois le travail vite fait, mal fait, superficiel sans réflexion aboutie ; on rendra des projets, on obéira aux injonctions... Pour le supplément d’âme et l’efficacitén, on verra après, comme d’habitude ! Je pense que le rôle des corps d’encadrement, pour des raisons diverses et à analyser, risque une nouvelle fois de ne pas être à la hauteur des enjeux.

 Ajoutons à cela la mise en place des équipes de réussite éducative, énorme gaspillage annoncé, pour une approche individuelle qui pose des problèmes éthiques énormes que l’on feint d’ignorer ou que l’on minimise (quelle vision de la réussite, de l’échec scolaire ? Quelle analyse de la difficulté scolaire ? Quid du risque de la médicalisation à outrance (les psy les orthophonistes et autres pédopsychiatres ont de beaux jours devant eux !) ? Quid du risque de culpabilisation des individus, du risque de l’extériorisation des problèmes scolaires sous prétexte de partenariat et « que l’école ne peut travailler seule » (ce qui d’ailleurs est très vrai mais peut aussi cacher la politique de Ponce Pilate).

 Que dire enfin des EP2 (ou 3, les oubliés de l’instant, qui attendent un peu dépités et vaguement inquiets, se demandant si après la lutte contre le CPE et la révolte des banlieues et avant 2007, la relance des ZEP osera aller jusqu’au bout ? Mais jusqu’au bout de quoi au juste, quand les progrès attendus se perdent dans les méandres pyramidaux ?

Une coordonnatrice ZEP

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1 Message

  • Merci chère coordo de tes remarques auxquelles j’adhère et que je complèterais volontiers par les lignes suivantes, un peu en vrac, mais correspondant bien à l’état d’esprit professionnel du moment :

    Localement, nous avons eu une réunion académique de tous les membres des comités exécutifs des RAR avec M Polivka le lundi 22/05. Cette réunion (couteuse) ne va rien permettre d’autre que de faire remonter un sentiment de plain accord puisque présence massive des collègues mais réunion suffisamment bien formatée pour que ne s’expriment le moindre doute, la moindre question de fond.
    Ce 30, il y a eu la même au niveau national, notre Principale y était convoquée, même remarque : les temps planifiés d’échanges avec le ministre ou ses représentants ont gentillement été oubliés.

    Pourtant, autant j’avais trouvé quelques bonnes idées dans la forme de cette loi à sa parution, autant maintenant, le fond me parait très préoccupant : "s

    Néanmoins, aucun moyen pour améliorer l’école élémentaire (fermetures de poste suivant règles traditionnelles de carte scolaire par ex) et, pire encore, détérioration de l’accueil en maternelle puisque malgré une natalité en hausse, pas de création, donc impossibilité d’inscrire les deux ans sur 2 écoles sur 4 à la rentrée (ou à en pendre plus de 26 par classe) ! Dans un département aussi rural que le notre, avec plus d’un tiers d’école à une ou deux classes et où il a fallu rendre 3 postes au ministère, difficile de trouver des solutions locale !

    Les enseignants sup., tous du collège*, vont avoir beaucoup trop à faire intra muros pour pouvoir intervenir pédagogiquement de manière sensible sur les écoles, malgré la volonté affirmée et écrite dans leur lettre de mission de travailler avec les cycles 3. Mais comment être sur tant de tâches si nouvelles et si gourmandes de temps (ex : accompagnement des PPRE) en seulement 2/3 du temps PLC ?

    De même pour les 4 ass péda ( à 20h/semaine, pris sur les ASSEDUS des lycées qui doivent rendre ces postes créés l’an passé !) qui ne pourront pas accompagner les études des 400 bénéficiaires potentiels (Cycle 3/collège) en se démultipliant chaque soir de 16h30 à 18h00. Les animateurs du centre social prendront le relais, sans vertitable formation ni accompagnement, comme jusqu’à maintenant. Les enfants qui bénéficieront de cet encadrement plutôt que de l’autre seront "triés" comment ? A moins qu’un enseignant participe avec les animateurs, payé en heure sup. Politique ville soit 26.80 alors qu’eux même le sont 8.60 !!!

    Et puis, que penser de l’école après l’école, sans l’école, comme principal recours à la difficulté scolaire ???

    Je m’inquiète aussi de l’impact de l’individualisation à outrance : quelle société prépare t’on ? Le chacun pour soi ne me convient pas. Encourager comme punir les individus en ne les regardant que dans leur unité propre (santé, famille, résultats, papiers ...) me donne l’impression de trier des pommes : une petite tache de pourriture ? On lui injecte un peu d’engrais, on la frotte et refrotte, on la retourne dans le cageot : si elle garde un minimum d’éclat, on la vend, sinon, on la jette. Par contre, on ne fait rien pour que la terre, l’arbre et le récoltant puisse améliorer leur production. En Education, je suis convaincue que la personnalisation est essentielle mais que l’individualisation est dangereuse.

    Que la volonté louable et à laquelle j’adhère totalement de l’OZP de faire évoluer la situation de l’Education prioritaire dans ce pays ,et surtout le droit à l’Education des plus fragilisés, ne fasse pas oublier de regarder ces nouvelles directives ministérielles au delà de la forme et en lien avec l’ensemble des autres mesures concernant l’enfance, la jeunesse, la famille (pour ne citer qu’elles).

    Les pédagogues volontaristes sont les plus sensibles aux questions de société, ils ne s’engageront pas dans de nouvelles innovations si ils ne sentent pas l’éttayage. Et comme le dit la coordo du message précédent, le PRE patauge déjà au bout de six mois, parce que l’argent ne résoud vraiment pas tout ! ( et encore faudrait- il pouvoir le dépenser car, ici, il y a toujours un des partenaires pour exprimer sa réticence au moment d’engager une dépense. Résultat, en six mois et une quarantaine de situations étudiées par l’équipe pluri disciplinaire, à peine 400 euros ont été réellement dépensés pour un service à l’enfance !!!)

    J’ai (avec ma Principale) engagé fortement notre ZEP dans le processus EP1 comme dans le PRE (combien d’heures sup ?) mais voyez que ce n’est pas sans réflexion.

    Nous ne sommes pas pour autant totalement péssimistes : Nous avons juste pris l’habitude d’affirmer que nous avions ici un projet de développement durable : le développement durable de l’Ecole Publique.

    Une autre coordo, de "province"

    (* on voit ici une limite de la politique "volontariste" de notre académie : ces profs ont été à choisir dans le second degré uniquement, non pas par choix pédagogique, ni sur critères d’évaluation des situations locales, mais parce que le services des moyens a trouvé l’aubaine de réduire des sureffectifs second degré)

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