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Un sondage aborde la formation des enseignants, notamment en ZEP

4 juin 2006

Extrait du « Figaro », du 01.06.06 : La formation dispensée dans les IUFM est jugée insuffisante et inadaptée

La formation dispensée dans les IUFM est jugée insuffisante et inadaptée, selon un sondage conduit par le ministère.

Les IUFM n’ont décidément plus la cote. Les trois quarts des enseignants aujourd’hui en poste jugent leur formation en Instituts universitaires de formation des maîtres « insuffisante » ou « très insuffisante ». Tel est le constat sans appel dressé par une récente étude de la Direction de l’évaluation et de la prospective (DEP) du ministère de l’Education nationale. Cette enquête, menée en 2005, démontre une fois de plus le décalage entre la pratique des enseignants une fois sur le terrain et la formation globalement trop théorique qui leur est dispensée dans les IUFM. 

Près de 60% des 1 200 enseignants du premier degré interrogés dans cette enquête regrettent, notamment, un manque de « conseils pour gérer les situations difficiles » comme la violence, les situations de handicap des élèves ou le port du voile. Ils sont 55% à demander davantage d’échanges avec des enseignants déjà en poste. Une critique implicite du système des IUFM, où des enseignants pour la plupart agrégés et qui n’ont parfois jamais enseigné dans le primaire peuvent paradoxalement devenir spécialistes de la pédagogie ou de la lecture en CP ! Plus d’un tiers des enseignants considèrent par ailleurs que les stages dans les classes - la partie la plus pratique de leur formation - ne sont pas assez longs.

Des priorités différentes selon la géographie scolaire

L’enquête a également analysé le regard que les profs portaient sur les matières enseignées dans les IUFM, classées suivant leur degré d’utilité. Parmi celles-ci, ils ont considéré comme les plus utiles la conduite de la classe, l’apprentissage de la lecture et les savoirs disciplinaires. La « maîtrise de la langue française » est jugée comme la plus importante pour la pratique professionnelle par près d’un enseignant sur deux.

Mais les professeurs n’ont pas les mêmes priorités selon le public auquel ils s’adressent. Ceux qui travaillent en zones d’éducation prioritaire (ZEP) devant des enfants souvent plus en difficulté qu’ailleurs estiment ainsi que l’apprentissage de la lecture est le module le plus important, loin devant tous les autres. Et ils sont plus d’un tiers à estimer indispensable le module de « prise en compte de l’hétérogénéité des élèves ». Au cours de leur carrière, 35% d’entre eux souhaiteraient des formations spécifiques permettant de les aider à combattre l’illettrisme et à prévenir la maltraitance : cette dernière formation est jugée très utile par seulement 10% des enseignants hors ZEP mais par 20% en ZEP.

Enfin, il n’est pas très étonnant que les petits Français restent bons derniers en langues vivantes lors des évaluations internationales. Environ 36% de leurs professeurs disent en effet éprouver beaucoup de difficultés à enseigner cette matière pourtant désormais obligatoire en primaire. L’informatique pose également beaucoup de problèmes à un tiers des enseignants. Près de 70% d’entre eux mettent ces difficultés sur le compte d’une formation initiale insuffisante en informatique et en langues vivantes.

Cette étude conforte les nombreuses critiques de tous bords dont sont l’objet les IUFM. Le gouvernement a fini par engager une réforme. Le Haut Conseil de l’éducation devrait faire des propositions à ce sujet à Gilles de Robien d’ici l’été. Selon un premier document de travail, la pédagogie différenciée serait encouragée, les enseignants seraient mieux formés pour repérer les problèmes de santé ou les signes de maltraitance et des cas réels leur seraient présentés, tels que des problèmes de violence en classe. Enfin, les stages en classe devraient plus longs. Une manière de se frotter avec les réalités de leur futur métier.

Marie-Estelle Pech

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