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Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression, par François Héran, la Découverte, mars 2021 (présentation ToutEduc)

19 mars 2021

Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression
François HÉRAN

La Découverte, mars 2021

Deux semaines après l’assassinat de Samuel Paty, François Héran publiait dans La Vie des idées une « lettre aux professeurs ». Ce texte ayant beaucoup circulé, et suscité quelques vives réactions, l’auteur en développe ici les arguments. Les caricatures qui désacralisent le religieux sont-elles sacrées ? La diffusion des caricatures est-elle indépendante de l’État ? Comment la liberté de conscience et la liberté d’expression, ces « tours jumelles », ont-elles évolué depuis 1789 ? Peut-on outrager les croyances sans outrager les croyants ? Qu’en est-il au sein des établissements scolaires ?
Dans son hommage à Samuel Paty, Emmanuel Macron défendait les caricatures, tout en appelant à revoir l’enseignement de l’Histoire, à combattre les discriminations, à pratiquer le respect mutuel. François Héran le prend au mot et s’attaque, avec des arguments percutants, à ceux qui nient l’existence de l’islamophobie, du racisme structurel et des discriminations systémiques. C’est dans ce déni que se loge la véritable cancel culture, note-t-il avec malice.
Implacable et vif, pédagogique et précis, cet essai récuse les tentations extrêmes. Sa méthode : mettre en balance les grands principes avec discernement. Sa philosophie : recréer le lien social autour de la règle d’or du respect réciproque.

Version papier : 14 €Version numérique : 4,99 €

Collection : Petits cahiers libres
Parution : 11/03/2021
ISBN : 9782348069277
Nb de pages : 252
Dimensions : 125 * 190 mm
ISBN numérique : 9782348069284

FRANÇOIS HÉRAN
Sociologue et démographe, professeur au collège de France, François Héran a dirigé pendant cinq ans (1993-1998) la division des enquêtes et études démographiques de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), puis pendant dix ans, de 1999 à 2009, l’Ined (Institut national d’études démographiques).

Extrait de editionsladecouverte.fr du 11.03.21

 

F. Héran : quelles limites à la liberté d’expression, notamment à l’école ? (ouvrage)

“Libérer la réflexion sur la liberté d’expression“ : tel est le sens du dernier ouvrage de François Héran. Cet essai se fonde sur la lettre qu’il adressait le 30 octobre 2020 aux professeurs d’histoire-géographie (voir ici), actualisée et enrichie. Cette dernière faisait suite à l’assassinat du professeur Samuel Paty, par un djihadiste tchétchène, le 16 octobre 2020, pour avoir commenté en classe des caricatures de Mahomet.

L’auteur se demande comment lui rendre hommage, et quel sens donner à la liberté d’expression. Tout d’abord en reprenant les textes, écrits fondamentaux pour bien comprendre l’origine et le sens des termes invoqués : “liberté d’opinion“, “liberté d’expression“ … en mettant l’accent sur les cadres législatifs successifs pour préciser que “la liberté d’expression peut inclure l’expression d’idées choquantes ou blessantes, mais toujours dans les conditions admises par la loi“.

Il en détaille alors deux interprétations : offensive ou tolérante, paternaliste ou pluraliste. Et d’ajouter : “A la question de savoir si j’ai encore le droit, au pays de la libre expression, de m’indigner du caractère offensant de certaines caricatures sans être accusé de haïr la République, la pesante atmosphère qui règne aujourd’hui me dit que non. Poussée à l’absolu, la libre expression ne tolère plus la libre critique.“

Il rappelle en outre “qu’aucune liberté ne peut être absolue“, et que “tel est bien le produit paradoxal des attentats islamistes qui se sont succédé en France : ils nous ont conduits à sacraliser la désacralisation, à ériger en absolu les caricatures antireligieuses de Charlie Hebdo, quelles qu’elles soient.“

De plus, il rappelle que “la liberté de conscience et la liberté d’expression sont à la fois solidaires et distinctes, imposantes et fragiles“. Et de rappeler également la Charte de la laïcité à l’école, affichée depuis 2013 dans toutes les écoles et établissements du 2nd degré, et le programme d’enseignement moral et civique : “Respecter autrui, c’est respecter sa liberté, le considérer comme égal à soi en dignité, développer avec lui des relations de fraternité. C’est aussi respecter ses convictions philosophiques et religieuses, ce que permet la laïcité."

Pour l’auteur, “la République ne peut cautionner en milieu scolaire une action de diffusion qui ne saurait, par définition, recueillir l’assentiment général des élèves et des familles. Elle doit s’en tenir au vieux principe de neutralité défini par l’école républicaine.“

Et d’évoquer la recherche d’un respect mutuel, en regardant en face la réalité de l’histoire coloniale, l’islamophobie, les discriminations ethno-raciales. Il cite Paul Ricoeur : “préparer les jeunes à entrer dans un monde pluriel et pluraliste ne peut plus se faire en imposant d’autorité des contenus. La liberté d’expression, si poussée soit-elle, ne peut faire fi de la liberté de croyance : aucune ne peut supplanter l’autre.“

Lettre aux professeurs sur la liberté d’expression, François Héran, La Découverte, 252 p., 14 €

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