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Une circulaire de J.-M. Blanquer sur les "règles de féminisation" proscrit "le recours à l’écriture dite « inclusive », qui utilise notamment le point médian," dans l’administration et l’enseignement

7 mai 2021

Additif du 10.05.21

Écriture inclusive : Jean-Michel Blanquer prend la tangente du point médian

[...] Ce que le ministre interdit est seulement l’usage du point médian, une solution parmi d’autres pour féminiser la langue, mais qui semble cristalliser le débat et être le pire cauchemar de toute une classe politique. Michel Sardou (qui publie ces jours-ci Je ne suis pas mort… je dors !) déclare même dans Sept à Huit, que pour lui le pire du pire de notre époque, « la cerise sur le gâteau, c’est l’écriture inclusive ». Le bel épouvantail que voilà.

Extrait de telerama.fr du 07.05.21
(source : La revue de presse des Cahiers pédagogiques du 09.05.21)

 

Une injonction à proscrire l’écriture inclusive en guise d’écran de fumée
En pleine crise sanitaire, le Ministre a du temps pour publier une circulaire proscrivant l’enseignement de l’écriture inclusive.

Pour la FSU, il s’agit à la fois d’une injonction inacceptable mais aussi d’une tentative de diversion des vrais problèmes que rencontre l’école.

Le langage structure la pensée. Et, pour la FSU, l’invisibilisation des femmes, y compris dans la langue est une réalité incontestable. L’écriture inclusive est une des réponses pour lutter contre cette invisibilisation. Une parmi d’autres, à améliorer mais qui a le mérite de poser des questions légitimes et participe de l’évolution vers plus d’égalité entre les femmes et les hommes. Elle ne peut être réduite au seul usage du point médian, une caricature qui traduit bien la méconnaissance du ministre de ce qu’est le langage inclusif. Pourtant le ministère avait signé en mars 2017 une convention d’engagement pour une communication publique sans stéréotype de sexe préconisée par le Haut conseil à l’égalité*.

Par ailleurs, la FSU dénonce l’instrumentalisation indigne de supposés problèmes d’apprentissage induits par l’utilisation du point médian pour des élèves porteurs de handicaps. Si son apprentissage peut faire l’objet de débat, il n’en reste pas moins que les enseignant-es sont des professionnel-les qui connaissent leurs élèves, leurs difficultés et notamment au quotidien dans l’apprentissage de la langue comme dans celui de l’égalité. Cette énième injonction est une atteinte intolérable envers leur liberté pédagogique alors que ce sont elles et eux qui tiennent depuis des mois l’école à bout de bras. Elle s’inscrit dans la droite ligne du projet d’école autoritaire conduit par le ministre depuis son arrivée rue de Grenelle.

Personne n’est dupe de cet écran de fumée alors que le ministère est bien en mal d’apporter toutes les réponses nécessaires à une école sous covid garante de la sécurité des personnels et des élèves. Par ailleurs, si le plan d’action à l’égalité professionnelle vient tout juste d’être signé, grâce à la pugnacité notamment de la FSU, sa mise en œuvre et sa déclinaison dans les académies peinent à voir le jour.

Pour la FSU, il est grand temps que le Ministre abandonne cette posture provocante et fasse son travail en assurant une école sécure pour toutes et tous.

De leurs côtés les enseignant-es savent ce qu’ils et elles ont à faire avec leurs élèves pour les amener sur le chemin des savoirs et de l’émancipation.

Extrait de fsu.fr du 07.05.21

 

Règles de féminisation dans les actes administratifs du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et les pratiques d’enseignement
NOR : MENB2114203C
Circulaire du 5-5-2021
BO du 6 mai 2021

« Au moment où la lutte contre les discriminations sexistes implique des combats portant notamment sur les violences conjugales, les disparités salariales et les phénomènes de harcèlement, l’écriture inclusive, si elle semble participer de ce mouvement, est non seulement contre-productive pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française.

Une langue procède d’une combinaison séculaire de l’histoire et de la pratique, ce que Lévi-Strauss et Dumézil définissaient comme "un équilibre subtil né de l’usage". En prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l’écriture inclusive violentent les rythmes d’évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l’écologie du verbe. »

Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française et Marc Lambron, directeur en exercice de l’Académie française, le 5 mai 2021.

 

L’égalité entre les filles et les garçons, prélude de l’égalité entre les femmes et les hommes, doit être construite, promue et garantie par l’École de la République. Constitutive d’une réelle égalité des chances, elle est en effet indissociable de la promesse républicaine d’émancipation de chaque individu. L’action de l’École dans ce domaine s’inscrit dans un vaste plan d’action qui comprend notamment la formation de l’ensemble des personnels, la transmission d’une culture de l’égalité, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et une politique d’orientation en faveur d’une plus grande mixité des filières et métiers. Elle passe aussi par la promotion et l’usage de la féminisation de certains termes, notamment les fonctions, dans le respect des règles grammaticales. L’apprentissage et la maîtrise de la langue française, au cœur des missions de l’École, contribuent en effet à lutter contre les stéréotypes et garantissent l’égalité des chances de tous les élèves.

Ces objectifs ne doivent pas être pénalisés par le recours à l’écriture dite « inclusive » dont la complexité et l’instabilité constituent autant d’obstacles à l’acquisition de la langue comme de la lecture. Ces écueils artificiels sont d’autant plus inopportuns lorsqu’ils viennent entraver les efforts des élèves présentant des troubles d’apprentissage accueillis dans le cadre du service public de l’École inclusive.

Notre langue est un trésor précieux que nous avons vocation à faire partager à tous nos élèves, dans sa beauté et sa fluidité, sans querelle et sans instrumentalisation.

Dans les actes et les usages administratifs, en vue de participer à la lutte contre les stéréotypes de genre, les dispositions de la circulaire du Premier ministre du 21 novembre 2017 relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel de la République française s’appliquent. Ainsi, l’intitulé des fonctions tenues par une femme doit être systématiquement féminisé suivant les règles énoncées par le guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions élaboré par le Centre national de la recherche scientifique et l’Institut national de la langue française, intitulé Femme, j’écris ton nom... Il est également demandé de recourir à des formulations telles que « le candidat ou la candidate » afin de ne pas marquer de préférence de genre, ou à des formules telles que « les inspecteurs et les inspectrices de l’éducation nationale » pour rappeler la place des femmes dans toutes les fonctions.

Dans le cadre de l’enseignement, la conformité aux règles grammaticales et syntaxiques est de rigueur. Deux conséquences en découlent.

En premier lieu, il convient de proscrire le recours à l’écriture dite « inclusive », qui utilise notamment le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot employé au masculin lorsque celui-ci est utilisé dans un sens générique. L’adoption de certaines règles relevant de l’écriture inclusive modifie en effet le respect des règles d’accords usuels attendues dans le cadre des programmes d’enseignement. En outre, cette écriture, qui se traduit par la fragmentation des mots et des accords, constitue un obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit. L’impossibilité de transcrire à l’oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes. Enfin, contrairement à ce que pourrait suggérer l’adjectif « inclusive », une telle écriture constitue un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages.

En second lieu, l’usage de la féminisation des métiers et des fonctions doit être recherché. De même, le choix des exemples ou des énoncés en situation d’enseignement doit respecter l’égalité entre les filles et les garçons, tant par la féminisation des termes que par la lutte contre les représentations stéréotypées.

Je vous remercie de veiller au respect de ces règles communes, qui participent de la promotion et de la garantie de l’égalité entre les filles et les garçons dans comme en dehors de l’espace scolaire, mais aussi des enjeux fondamentaux de transmission de notre langue.

Extrait de education.gouv.fr du 06.05.21

 

Voir :
la sous-rubrique Inégalités de genre (Presse, Audiovisuel, Guides)
le mot-clé Inégalités de genre (gr 5)/

Voir aussi "Débat : Faut-il enseigner l’écriture inclusive ?". Les difficultés en lecture et en rédaction en contexte scolaire (The Conversation)

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