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"Enfance, l’état d’urgence", par le Collectif CEP-Enfance, éditions érès : le constat de 61 organisations sur la politique de l’enfance, la pauvreté, la mixité sociale... (ToutEduc)

19 octobre 2021

Face à l’état d’urgence, 61 organisations détaillent leurs exigences communes pour la cause des enfants (ouvrage)
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“Force est de constater l’indifférence de l’Etat et notamment des orientations portées par l’actuel ministre de l’Education nationale aux questions de mixité sociale et scolaire.“ C’est par cette phrase que la Ligue des droits de l’Homme entame sa tribune dans l’ouvrage “Enfance, l’état d’urgence“. Porté par le Collectif CEP-Enfance, ce livre permet à 61 organisations de s’exprimer, dans leur secteur propre, sur leur perception de la politique de l’enfance menée par les autorités publiques.

La Ligue des droits de l’homme poursuit : “La méritocratie n’a jamais favorisé la mixité sociale, au contraire : elle légitime la ségrégation scolaire. L’intérêt de la mixité sociale et scolaire n’est plus à démontrer. Une répartition équilibrée des élèves contribue à l’amélioration du niveau scolaire des élèves peu performants, sans pour autant porter préjudice aux élèves ayant un meilleur niveau. Cela a été largement démontré par tous les pédagogues qui ont été chargés de classes et d’apprentissages scolaires.“

Premier poste budgétaire de l’Etat, pour l’ancienne défenseure des enfants Claire Brisset “l’Education nationale n’en est pas moins un domaine paupérisé en bien des villes, des villages et des quartiers où, pourtant, les parents l’investissent de leurs espoirs.“ Elle évoque une exigence qualitative portant sur “la formation des enseignants du haut en bas de l’échelle, auxquels le droit des enfants n’est nullement enseigné“.

Pour le collectif CEP-ENFANCE, à travers toutes ces contributions un tableau se dessine, celui d’une enfance “en état d’urgence“. On y trouve notamment la fondation ATD Quart-Monde, expliquant que “c’est dès leur arrivée au monde que les enfants pauvres sont victimes de discriminations du fait de la situation de leurs parents", discriminations qui ne cesseront de se déployer lorsqu’ils entreront à l’école puis chercheront un travail.

Le mouvement d’éducation populaire des Francas recueille lui les propos d’enfants et adolescents sur un site internet (ici). “Ces propos, explique la fédération, invitent à questionner notre représentation de l’enfance et de l’adolescence et in fine notre posture adultocentrée. Il s’agit de cheminer afin de ne pas percevoir uniquement les enfants comme des êtres vulnérables à protéger, mais aussi comme des personnes capables de prendre part à la vie sociale, de les reconnaître comme porteurs d’une expertise d’usage, indispensable à la prise de décision.“

Concernant la petite enfance, la FNEJE (fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants) plaide pour plus de liberté, des professionnels bien traités, et du temps : “la réponse aux besoins fondamentaux des tout-petits, le respect de leur rythme, le tissage d’un lien privilégié basé sur l’écoute, la parole, le portage et le maternage de proximité, avec de nombreux temps d’observation pour comprendre, analyser et ensuite adapter sa pratique professionnelle, ne sont pas possibles lorsque le groupe d’enfants est surchargé au quotidien, et que les professionnelles doivent déjà ‘courir‘ partout pour répondre dans un premier temps aux besoins primaires de l’enfant (manger, dormir, être propre).“

Claire Brisset évoque d’ailleurs dans son préambule les deux secteurs en souffrance que sont la pédiatrie dont le nombre de professionnels ne cesse de s’amenuiser (elle parle de “pénurie“) et la pédopsychiatrie dans une situation “catastrophique“. L’insatisfaction et l’impatience sont pour l’ancienne défenseure des enfants le lot quotidien des professionnels des droits de l’enfant, “témoins directs de l’inadéquation des réponses apportées par la société à la situation des enfants“. Il faut, ajoute-t-elle, doter la France d’un “code de l’enfance“ qui réunisse en un seul et même document l’ensemble hétéroclite des textes dispersés (code de l’action sociale et des familles, code de l’éducation, code de la santé publique, code pénal,..).

Cet ouvrage évoque les défaillances de la politique menée en France à l’égard des enfants, et lance l’alerte : “Constat est dressé de l’excès de vitesse, de l’accélération du temps de l’enfant, du déni des rythmes propres à chacun dans son développement et son apprentissage.“ De plus, une vision “court-termiste, utilitariste, étroitement économiste voire comptable, imprègne bien des politiques publiques destinées aux enfants et aux adolescents“, pour lesquelles, selon le collectif, manque "un pilotage stratégique“. Des exigences communes pour 2022 et au-delà, afin de voir émerger une convergence éthique et politique pour la cause de l’enfance, car les enfants ne sont “pas seulement des êtres au futur mais bien des êtres au présent“.

Enfance, l’état d’urgence, éditions érès, 394p., 19,5€

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Extrait de touteduc.fr du 18.10.21

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