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B* Créer une école-musée dès la maternelle à l’école REP Chappe de Saint-Etienne (entretien avec Le Café)

6 décembre 2021

Jérémy Rousset : Du street art à "l’école-musée" Chappe

Une école où les murs sont recouverts d’œuvres d’art, cela existe. Et dans le public qui plus est. « Une école-musée » comme aime à la nommer Jérémy Rousset, le directeur. L’école [REP] Chappe de Saint-Étienne a reçu plus de quarante-cinq artistes, plus de 100 œuvres sont présentes dans chaque recoin du bâtiment. Un projet initié voilà sept ans par Jérémy directeur de l’école maternelle.

Enseignant depuis 2007, après un petit détour par une école française de Sydney en Australie « dans un contexte très anglophone, pas très éloigné des enjeux d’acquisition du français que je connaissais en REP+ », c’est en éducation prioritaire que Jérémy atterrit, sur un poste de direction d’école. « J’ai été directeur de maternelle dans le quartier de Montreynaud en REP+ de 2009 à 2011 et cette expérience m’a passionné. A mon retour, je souhaitais poursuivre et approfondir l’expérience entamée en 2009. J’ai, ainsi, intégré l’école Chappe en 2013 ». L’école maternelle des Frères Chappe – inventeurs du télégraphe - compte sept classes pour 165 élèves. En plus de la direction Jérémy est chargé d’une classe de TPS/PS. L’enseignement, Jérémy n’y est pas venu par hasard. Le choix d’un métier qui fasse sens, s’articulant dans un collectif. « Enseigner en éducation prioritaire revêt par ailleurs une dimension particulière à mes yeux : je crois qu’il me serait difficile d’aller enseigner ailleurs. Notamment pour la qualité des relations école-famille qui sont bien loin des clichés qui sont régulièrement véhiculés ».

Une école-musée

Alors, dès 2013, Jérémy et ses collègues « profitent » des compétences de deux parents d’élèves de leur école, Ella et Pitr, célèbre couple de Street art stéphanois. Un travail de sensibilisation à l’art est initié et c’est le déclic. La culture pour tous, une valeur que porte l’enseignant stéphanois, y familiariser ses élèves, un véritable enjeu pour lui. Alors, si ses élèves ne vont pas à la culture, ne vont pas à des expos, ne vont pas au musée, ne vont pas à des concerts, alors ce sera la culture qui viendra à eux. L’équipe pédagogique s’engage tête baissée dans l’exploitation pédagogique de ces rencontres artistiques. Jérémy n’a pas eu à beaucoup argumenter pour les convaincre. En janvier 2016, ce sont ainsi quatre artistes qui se succèdent dans l’école : Bocse, Oak Oak, Bulbe et Big Ben pour les connaisseurs.

De là naît le concept d’école-musée. [...]

Cette ambition que porte Jérémy pour ses élèves tient aussi de sa fréquentation, dès le début de sa carrière, du groupe départemental de ICEM-Pédagogie Freinet. « J’y ai rencontré des collègues qui m’ont littéralement scotché par l’ambition qu’ils portaient à leurs élèves, leur regard sur l’école et par la cohérence de leurs propositions pédagogiques. D’une certaine façon, je pense avoir compris à ce moment que la liberté pédagogique n’était pas une parole en l’air et que nous pouvions faire jouer à plein notre rôle de passeur culturel dans le cadre des programmes scolaires ».

Des artistes dans l’école

La recette pour inviter de grands artistes à venir dans une école publique, sans budget spécifique, tient à un mot : l’audace. Et, Jérémy n’en manque pas lorsqu’il s’agit d’aider, d’accompagner ses élèves. [...]

Un projet accessible de la PS au CM2

Contrairement aux idées reçues, parler et éveiller à l’art est possible même pour des petits minots de deux ans à peine. Les élèves de Jérémy, de TPS et PS, participent aux différents projets avec les artistes. Il suffit juste d’adapter contenu et attentes à leur niveau. « Pour tous, la préparation en amont est essentielle, il faut créer de l’attente, affuter l’œil des élèves pour qu’ils sachent où regarder quand l’artiste arrivera. Parler de sa technique, des invariants de son travail. On observe ensuite l’artiste à plusieurs moments lorsqu’il créé, et les élèves peuvent l’interpeller pendant et après. Les échanges sont essentiels. Enfin, avant ou après cette intervention, les enfants créent. Sans singer l’artiste, mais en suivant une contrainte technique que l’artiste met en jeu. Bien entendu, pour les tous petits, nous sommes plutôt dans une forme de sensibilisation » explique Jérémy. Chaque année plusieurs projets sont lancés et les enseignants choisissent ceux dans lesquels ils se retrouvent. « Le tri se fait naturellement, ne restent que ceux qui font consensus. Si l’équipe ne souhaite pas le rééditer l’année d’après, c’est qu’il ne fait pas sens dans leur pratique quotidienne. Pour le projet École-musée, nous fonctionnons sur cette base. J’annonce aux 24 collègues les collaborations à venir. S’y joint qui veut. Cette liberté est essentielle, chaque classe a ses propres urgences, chaque enseignant ses propres sensibilités. Mais in fine, le parcours est identique, chaque élève de l’école se frotte au projet de la Petite Section au CM2 ».

Lilia Ben Hamouda
Extrait de cafepedagogique.net du 22.11.21

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