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Les anciens recteurs Boissinot et Nembrini critiquent la méthode actuelle, "autoritaire et verticale", d’impulsion des réformes éducatives (tribune dans Le Monde)

7 décembre 2021

Réformes éducatives : « Il faut rechercher des consensus »
TRIBUNE
Alain Boissinot
ancien directeur de l’enseignement scolaire et ancien recteur, auteur de "Regards sur l’école" (Canopé éditions, 18,90 euros)

Jean-Louis Nembrini
ancien directeur général de l’enseignement scolaire et ancien recteur, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine

Les anciens recteurs Alain Boissinot et Jean-Louis Nembrini portent un regard critique sur les méthodes utilisées pour impulser le changement en milieu scolaire. Dans le contexte sanitaire actuel, les deux experts plaident pour « responsabiliser les acteurs en développant des espaces de liberté et d’initiative ».P

Tribune. C’est peu de dire que l’éducation nationale, telle qu’elle s’est progressivement construite au fil des deux derniers siècles, est aujourd’hui déstabilisée. Elle porte le poids, sinon la responsabilité, des tensions sociales et culturelles. Elle est confrontée à la pression des comparaisons internationales. Elle est mise au défi d’une massification qui, après les collèges puis les lycées, concerne désormais l’enseignement supérieur. Simultanément, les enseignants, concurrencés par de nouveaux modes d’accès à la connaissance, ont non sans raison le sentiment d’une dégradation à la fois symbolique et matérielle de leurs conditions. Malgré l’engagement de beaucoup, le doute et la déception règnent.

Pour autant, la solution n’est pas dans la nostalgie ou dans l’illusion qu’il serait possible de maintenir les usages traditionnels quitte à leur consacrer plus de moyens. Les réformes sont bien indispensables : réorganiser les lycées et les voies d’accès à l’enseignement supérieur, renforcer l’efficacité des enseignements du socle commun, redéfinir le rôle de l’école au temps du numérique… Mais aussi : refonder la formation des enseignants et revaloriser réellement leur condition, repenser sérieusement les programmes, les rythmes scolaires, l’articulation entre travail personnel et travail en classe, renouveler les relations avec le monde économique, etc.

Lire aussi l’éditorial : Réformes de l’éducation, le revers de la médaille
Ce qui est en cause, ce n’est pas la nécessité des évolutions, ni certaines des pistes proposées, mais la méthode utilisée pour conduire les changements. Dans une période de crise, on ne peut agir de façon autoritaire et verticale : il faut au contraire associer le plus d’acteurs possibles. On ne peut réussir en clivant : il faut rechercher des consensus.

Tenir compte des spécificités des territoires
Le ministère de l’éducation nationale doit cesser d’agir comme s’il était seul légitime à penser le bien public, dans une logique centralisée. Cette façon de faire a montré ses limites. Pensé de façon trop uniforme, le rétablissement de la semaine de cinq jours [sous le quinquennat Hollande] a échoué, faute d’avoir associé dès le départ les collectivités locales. La nécessaire réforme des lycées a été conçue pour un lycée type, sans tenir compte des spécificités de territoires dont les établissements diffèrent considérablement par la taille et l’environnement. La gestion de la pandémie a conduit à multiplier des protocoles nationaux imposés aux acteurs locaux et territoriaux, dont pourtant les initiatives sont essentielles. [...]

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Extrait de lemonde.fr/societe du 07.12.21

 

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