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Paroles désabusées d’un prof de ZEP devant le départ des élèves vers le privé

1er septembre 2006

Extrait de « 20 minutes » du 30.08.06 : « Pour un bon élève, la ZEP, c’est du suicide scolaire »

Subissez-vous le départ de certains de vos élèves vers le privé ?

Oui. Depuis deux ans, nous perdons à chaque rentrée entre vingt et trente élèves, presque l’équivalent d’une classe. Il y a clairement une fuite des ZEP de la part de certains parents d’élèves.

Pour quelles raisons ?

Ils veulent donner toutes leurs chances de réussite scolaire à leurs enfants et ils ont peur de l’insécurité qui règne parfois dans les collèges en ZEP.

Votre collège ne peut-il pas permettre cette réussite scolaire ?

Il faut reconnaître que non. Avant la réforme du collège unique, les classes étaient réparties par niveaux, ce qui permettait de lisser les différences entre élèves.
Aujourd’hui, le niveau général ne cesse d’être tiré vers le bas. Pour un bon élève, c’est pratiquement du suicide scolaire.

Vous comprenez donc la décision de ces parents ?

Pour des professeurs ou des chefs d’établissements publics, c’est difficile de voir des élèves partir dans le privé. Mais je ne peux pas en vouloir à ces parents. Je n’ai pas moi-même d’enfants, mais si j’en avais, je ne voudrais pas qu’ils aillent dans le collège où j’enseigne.

Interview de Philippe (l’enseignant a requis l’anonymat), professeur de collège en ZEP à Vaulx-en-Velin (Rhône)

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5 Messages de forum

  • Je suis moi-même enseignante en ZEP, ravie de l’être et persuadée que nous pouvons faire beaucoup dans ces milieux difficiles. La difficulté est d’ailleurs quelque chose de très stimulant et gratifiant lorqu’on arrive à la vaincre.
    Cependant pour la scolarité de mes enfants , je me suis sentie bien placée pour connaître la réalité de la ZEP avec sa dose d’incivisme voire de violence et les difficultés à tirer les élèves vers le haut. J’ai raisonné en tant que mère de famille et je fais un lourd sacrifice financier pour que mes deux jeunes suivent leur scolarité dans un établissement privé où le climat de travail est garanti . Par ailleurs , je pense que pour un jeune élève qui rentre en sixième et qui réussit brillament, il faut une personnalité très forte pour assumer cette réussite face à un groupe de camarades pour lesquels les valeurs sont la rue et le rejet de l’école.
    Bien sûr , je rencontre tous les jours des personnes qui me citent des contre-exemples par rapport au choix que j’ai fait mais j’ai également des témoignages de famille qui ont du développer des protections importantes pour épargner la violence à leurs enfants.
    Il n’y a pas besoin d’être "déprimé" comme disent certains pour vouloir donner à mes enfants des conditions de scolarité aussi sereines que celles que j’ai eu la chance d’avoir , il y a 30 ans dans un collège et lycée public. Nadia C.

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    • Voilà un message intéressant parce qu’il n’est pas le résultat d’une idéologie.

      J’interviens pour ajouter un élément dont on ne parle jamais dans les arguments pour ou contre l’évitemment des ZEP pour des élèves culturellement favorisés qui y habitent :

      Quand on analyse le fonctionnement des classes en maternelle, en élémentaire et en collège de ZEP, on constate vite que ces élèves culturellement favorisés, ceux qui ont un langage plus développé, des expériences variées et enrichissantes, sont promus automatiquement : ils sont les premiers appuis des professeurs, car ils entraînent la classe.

      Il est amusant de voir que les options politiques des maîtres et professeurs n’ont rien à voir avec cet appui : il s’agit de nécessité pédagogique.

      Les élèves culturellement favorisés bénéficient donc d’une promotion indéniable.

      Cela dit, je m’appuie sur trois exemples, vécus en une vingtaine d’années dans une ZEP difficile et sur divers témoignanges recueillis dans différentes ZEP auprès d’enseignants qui y ont laissé leurs enfants, mais cela ne vaut pas une observation scientifique, ce n’est qu’un témoignange.

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  • Il est juste que la revue de presse cite ce qui se passe, mais publier sans commentaire les propos d’un prof qui réclame le retour des classes de niveau en ZEP...

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  • > 01.09.06 - Paroles désabusées d’un prof de ZEP

    1er septembre 2006 09:25, par François C

    Bonjour
    Je comprends que le quotidien des ZEP rapporte cet article puisqu’il concerne l’éducation prioritaire mais l’OZP donne ainsi de l’ampleur à l’opinion d’un collègue qui n’a rien à faire en ZEP. Peut-être est-il déprimé ? Un jour de rentrée c’est très ennuyeux, surtout en ZEP
    François C

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