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Le ministre dans la ZEP de Nîmes stigmatisée par « le Point »

5 septembre 2006

Extrait du « Figaro » du 04.09.06 : Violence à l’école : Robien en mission d’apaisement

Le ministre est venu rassurer les enseignants du collège Condorcet, à Nîmes, après le classement publié par « Le Point ».

Quelque 884 000 enseignants ont repris le chemin de l’école hier pour leur prérentrée. Ils seront suivis, lundi, par plus de 12,1 millions d’élèves. « La rentrée devrait se dérouler dans des conditions tout à fait satisfaisantes », a déclaré Gilles de Robien. Le ministre de l’Éducation n’a cependant pas apaisé les syndicats qui annoncent une rentrée « morose », une journée d’action mercredi et une grève le 28. Ils entendent protester contre les 8 500 suppressions de postes d’enseignants prévues dans le budget 2007. Mais hier, dans les « salles des profs », on a surtout parlé du classement du Point sur les « établissements violents ». L’hebdomadaire a publié une carte de France à partir d’une base de données alimentée par les chefs d’établissement. Cette carte a aussitôt suscité l’indignation des professionnels et des parents d’élèves qui jugent ces données « caricaturales ».

Avec des éclats de joie, les enseignants du collège Condorcet de Nîmes ont pique-niqué hier pour cette prérentrée scolaire. Sans angoisse perceptible. La veille pourtant, comme dans une mauvaise farce, ces enseignants avaient appris avec colère qu’ils exerçaient dans le collège « le plus dangereux de France », avec 285 faits de violences scolaires recensés, selon le classement publié par Le Point.

Une enquête conçue à partir des signalements répertoriés par le système informatique en vigueur dans l’Éducation nationale, Signa. Hier, le ministre Gilles de Robien est venu les réconforter. « L’analyse de ces statistiques est erronée. Il faut arrêter de stigmatiser les établissements. A deux jours de la rentrée, c’est un coup bas porté aux enseignants », a-t-il déploré après une heure d’échanges à huis clos avec 50 enseignants remontés contre ce qu’ils décrivent comme « une profonde injustice ».

« Ici, ce n’est pas le Bronx »

Lundi, ils seront confrontés aux 560 élèves, supposés terribles, du collège du quartier Pissevin, au coeur de la ZUP de Nîmes. Un quartier classé parmi les plus sensibles de France. « Ici, ce n’est pas le Bronx, affirme Didier Batlle, le principal, notre seul tort, c’est d’avoir rempli très scrupuleusement la base Signa qui est un outil de repérage. Ce classement est ressenti comme une injustice : nous sommes un établissement qui remonte la pente. »

Mohammed, élève de troisième jusqu’en juin 2006, confirme : « Le climat est plus calme qu’avant », explique-t-il alors que sa soeur cadette entre en sixième lundi. « Ce collège n’est pas un coupe-gorge, renchérit Dominique Roblès, professeur de français depuis huit ans à Condorcet. Je ne viens pas travailler ici la peur au ventre. Je fais tous les jours mes courses dans le quartier et ma voiture est intacte. » Même son de cloche du côté des parents d’élèves. « Ce classement ne va certainement pas aider ce collège en difficulté », ajoute Vincent Poutier de l’organisation de parents d’élèves FCPE. Ici, le collège est plutôt considéré comme une sorte d’oasis autour de laquelle s’élèvent les barres de béton du quartier Pissevin (15 000 habitants), une ZUP comme tant d’autres avec son collège classé en Zone d’éducation prioritaire. Dans ce quartier, on relève 25% de la délinquance nîmoise et un taux de chômage de plus de 50% chez les moins de 25 ans. « Pourtant, nous n’avons relevé que 16 plaintes mettant en cause des élèves du collège », jure Richard Tibérino, adjoint au maire.

Canif et guidon de trottinette

Maya Amer-Moussa, 33 ans, professeur d’histoire-géo, est arrivée en 2005. Elle parle de son travail avec passion mais reconnaît une violence diffuse. « C’est un établissement indéniablement difficile. Ce sont des jeux de coudes et des bousculades dans les couloirs. Mais les faits signalés ici sont sans doute banalisés ailleurs. »

Pour totaliser 285 signalements, il aura donc fallu répertorier tous les incidents, des jets de gomme aux agressions caractérisées. À Condorcet l’an dernier, des armes ont été découvertes. « Il s’agissait d’un canif que j’ai trouvé dans un cartable, un stylo à visée laser et le guidon d’une trottinette qui avait été utilisé lors d’une bagarre à la porte de l’établis sement », nuance le proviseur. Avant de repartir, Gilles de Robien a confirmé l’arrivée de sept enseignants supplémentaires et de vingt-deux assistants pédagogiques à mi-temps, pour parfaire le dispositif Ambition réussite dont Condorcet bénéficie. Histoire d’apaiser les esprits

Claude Belmont

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Extrait de « Libération » du 04.09.06 : Robien fait un crochet pour consoler le collège Condorcet

Visite dans l’établissement classé en tête des violences scolaires par « le Point »

« Je suis dans ce collège depuis huit ans et je n’ai jamais eu envie de demander ma mutation, je laisse ma voiture devant le collège sans problème, chaque année j’emmène mes élèves de latin en Italie. » Comme tous ses collègues, Dominique Robles, professeur de lettres classiques au collège Condorcet de Nîmes, est en colère après la publication, jeudi, par le Point, du palmarès de la violence scolaire. Avec 285 actes signalés l’an dernier, son établissement est présenté comme le plus violent de France. Le ministre de l’Education compatit : « Vous ne méritez vraiment pas cette stigmatisation en pleine figure. »

Gilles de Robien, qui avait prévu de se rendre vendredi, jour de la rentrée des enseignants, dans l’académie de Montpellier, a rajouté in extremis cette étape à Nîmes. La diffusion des données du logiciel Signa, destinées au ministère de l’Education, a provoqué un miniséisme au sein du monde enseignant. Les 450 collèges et lycées cités s’estiment injustement montrés du doigt. Tous les chefs d’établissement n’ont en effet pas répondu à l’enquête, notamment plusieurs du « 9-3 » (Seine-Saint-Denis), département peu présent dans le palmarès. Les faits signalés ¬ du lancer de gomme sur le prof à la sortie d’un couteau en pleine classe ¬ sont, en outre, de gravité très diverse.

Le ministre tente de réparer la casse. Créée en 2001, cette base de données avait d’abord été boudée par les responsables d’établissements avant de devenir un outil précieux pour avoir une image de la violence scolaire. « Mais ces données devaient être rapportées aux effectifs des établissements et aux différents types de violence, ce que le Point n’a pas fait », explique Gilles de Robien. Après l’appel du syndicat des chefs d’établissement à ne plus remplir ces déclarations, Signa est désormais menacé.

Le collège Condorcet ¬ trois bâtiments en brique claire ¬ ne porte aucune marque de dégradation. « Nous n’avons pas réparé les vitres pour la visite du ministre », assure la chargée de gestion. L’immense majorité des 560 élèves, d’origine maghrébine, vient de la cité voisine. « Quelques-uns venaient aussi de la banlieue résidentielle toute proche, souligne Dominique Robles, mais je crains qu’ils préfèrent désormais le privé. » « On s’évertuait à dire aux élèves qu’ils étaient dans un collège comme un autre, qu’ils pouvaient réussir, c’est fichu », déplore Alain Roussel, prof de SVT (science et vie de la terre), qui assure que, « sans être un collège de tout repos, les profs ne sont pas agressés ».

Robien, qui a rencontré les 50 enseignants à huis clos, en a profité pour vanter sa réforme instaurant les collèges « ambition réussite », les plus difficiles des ZEP qui disposeront de moyens supplémentaires. A Condorcet, qui a le label, sept nouveaux professeurs sont arrivés, et une vingtaine d’assistants pédagogiques. L’équipe paraît sceptique, ne sachant pas trop ce que ces nouveaux venus vont faire.

Véronique Soulé

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